polo. — Je refuse et j’ai raison.
le juge, hochant la tète. — Hum! hum!
polo, appuyant. — Et j’ai raison... Chaque
fois que j’ervoie Louise chercher de la mon-
naie, cette oougresse,..
louise, interrompant. — Dites donc! tête
-à caler les loues de corbillard.
le juge. — Encore une fois, tenez-vous le
pour dit : je ne supporterai pas ici un pareil
langage.
polo. — Elle me rapportait des pièces
fausses. Dans ma bonté d’âme, je les lui don-
nais et cette... et madame allait les vendre
•aux garçons de café pour leurs poivrots du
samedi et du dimanche... Bien plus fort :
-de rnièrement je lui remets une pièce de dix
francs et lui dis : rapportez-moi deux sous
d’épingles. Après deux heures de vadrouille,
elle revient et compte : vingt-deux et huit
font trente et dix quarante et trois cinq et
■cinq dix. (Le juge regarde attentivement
Louise.)
le juge, à pari. — Deux font vingt-deux...
(Haut.) Mais c’est Louise!
polo. — Ce n’est assurément pas son frère.
le juge, à Polo. — Taisez-vous. (Fixant
Louise.) C’est bien Louise Torchon.
Louise. — C’est vous, monsieur Touchard.
le juge. — En plein. (Il se frotte les mains.)
Oui, c’est bien moi, Touchard... Louise,
qu’avez-vous fait depuis que ma femme vous
flanqua certain coup de pied dans votre...
nécessité?
louise. — Rien. (Montrant Polo.) J'ai servi
chez ce sale type.
le juge-, — Ali ! ah !
polo, au juge. — Et le jugement? Si vous
croyez que je m’amuse...
le juge, dignement. ■— Vous n’êtes pas ici
pour vous amuser. (A Louise.) Qu’est donc
devenue la petite brune du deuxième?
louise. — Elle vend du mouron.
le juge.—Tiens, tiens, tiens...Louise, vous
avez engraissé... Beaux nénés...
polo. — Je vous crois! Lorsque, avec dix
francs, doux sous d’épingles se soldent par
vingt-deux et huit font...
le juge, l'interrompant. — Oui, oui; je la
connais mieux que vous. Quand Louise était
à ma disposition, j’eus l’avantage de lui dire :
<1 Voici cent francs; allez prendre chez le
boucher pour trente sous de plat de côtes... »
Elle ne revint qu’au bout de six semaines...
Oui, monsieur, six semaines... et me compta :
trente sous de plat de côtes et dix font quatre
francs et un cinq et dix quinze, et eœtera,
jusqu’à cent francs... Et vous vous plaignez
pour vingt malheureux sous! Et c’est pour
cela que vous dérangez la justice! Depuis
une demi-heure midi est sonné, mon déjeu-
PETITE MYTHOLOGIE PARISIENNE. — N° yill
ner certainement brûlé!... Monsieur, on ne
plaisante pas avec les lois!
polo. — Je maintiens mon relus de payer.
le juge. — La justice d’abord. (Il prend
dans la poche de son gilet un franc qu'il
donne à Louise.) Remettez ce franc au sieur
Polo.
polo, prenant les vingt sous, à part. —
C’est toujours ça de gagné.
le juge. — Silence! Je ronds mon juge-
ment : Attendu que... pa pa pa ta ta ta pa ta
ta pa, condamne le sieur Polo, Arthur, à
payer à MUo Torchon, Louise, la somme de
quatre cent quarante francs, montant de ses
gages arriérés; le condamne, en outre, à un
franc de dommages et intérêts et aux frais.
(A Polo.) Vous pouvez vous retirer.
polo, protestant. — Mais...
le juge. -—Il n’y a pas de mais... (A l'huis-
sier.) Faites sortir monsieur.
polo. — Inutile. (Ils vont pour sortir.)
le juge. — Louise! Hé! Louise!
louise, revenant. —Monsieur Touehart?
le juge, bas à Louise. — Ma femme est aux
bains de mer, venez donc ce soir dîner, il v
aura du plat de côtes.
louise. — Oui, monsieur. (Elle sort.)
le juge, mettant son pardessus, à part. —
En voilà une fille dévouée!
Georges Brandimbourg.
CENTAURES
Dessin de Roubille
le juge, hochant la tète. — Hum! hum!
polo, appuyant. — Et j’ai raison... Chaque
fois que j’ervoie Louise chercher de la mon-
naie, cette oougresse,..
louise, interrompant. — Dites donc! tête
-à caler les loues de corbillard.
le juge. — Encore une fois, tenez-vous le
pour dit : je ne supporterai pas ici un pareil
langage.
polo. — Elle me rapportait des pièces
fausses. Dans ma bonté d’âme, je les lui don-
nais et cette... et madame allait les vendre
•aux garçons de café pour leurs poivrots du
samedi et du dimanche... Bien plus fort :
-de rnièrement je lui remets une pièce de dix
francs et lui dis : rapportez-moi deux sous
d’épingles. Après deux heures de vadrouille,
elle revient et compte : vingt-deux et huit
font trente et dix quarante et trois cinq et
■cinq dix. (Le juge regarde attentivement
Louise.)
le juge, à pari. — Deux font vingt-deux...
(Haut.) Mais c’est Louise!
polo. — Ce n’est assurément pas son frère.
le juge, à Polo. — Taisez-vous. (Fixant
Louise.) C’est bien Louise Torchon.
Louise. — C’est vous, monsieur Touchard.
le juge. — En plein. (Il se frotte les mains.)
Oui, c’est bien moi, Touchard... Louise,
qu’avez-vous fait depuis que ma femme vous
flanqua certain coup de pied dans votre...
nécessité?
louise. — Rien. (Montrant Polo.) J'ai servi
chez ce sale type.
le juge-, — Ali ! ah !
polo, au juge. — Et le jugement? Si vous
croyez que je m’amuse...
le juge, dignement. ■— Vous n’êtes pas ici
pour vous amuser. (A Louise.) Qu’est donc
devenue la petite brune du deuxième?
louise. — Elle vend du mouron.
le juge.—Tiens, tiens, tiens...Louise, vous
avez engraissé... Beaux nénés...
polo. — Je vous crois! Lorsque, avec dix
francs, doux sous d’épingles se soldent par
vingt-deux et huit font...
le juge, l'interrompant. — Oui, oui; je la
connais mieux que vous. Quand Louise était
à ma disposition, j’eus l’avantage de lui dire :
<1 Voici cent francs; allez prendre chez le
boucher pour trente sous de plat de côtes... »
Elle ne revint qu’au bout de six semaines...
Oui, monsieur, six semaines... et me compta :
trente sous de plat de côtes et dix font quatre
francs et un cinq et dix quinze, et eœtera,
jusqu’à cent francs... Et vous vous plaignez
pour vingt malheureux sous! Et c’est pour
cela que vous dérangez la justice! Depuis
une demi-heure midi est sonné, mon déjeu-
PETITE MYTHOLOGIE PARISIENNE. — N° yill
ner certainement brûlé!... Monsieur, on ne
plaisante pas avec les lois!
polo. — Je maintiens mon relus de payer.
le juge. — La justice d’abord. (Il prend
dans la poche de son gilet un franc qu'il
donne à Louise.) Remettez ce franc au sieur
Polo.
polo, prenant les vingt sous, à part. —
C’est toujours ça de gagné.
le juge. — Silence! Je ronds mon juge-
ment : Attendu que... pa pa pa ta ta ta pa ta
ta pa, condamne le sieur Polo, Arthur, à
payer à MUo Torchon, Louise, la somme de
quatre cent quarante francs, montant de ses
gages arriérés; le condamne, en outre, à un
franc de dommages et intérêts et aux frais.
(A Polo.) Vous pouvez vous retirer.
polo, protestant. — Mais...
le juge. -—Il n’y a pas de mais... (A l'huis-
sier.) Faites sortir monsieur.
polo. — Inutile. (Ils vont pour sortir.)
le juge. — Louise! Hé! Louise!
louise, revenant. —Monsieur Touehart?
le juge, bas à Louise. — Ma femme est aux
bains de mer, venez donc ce soir dîner, il v
aura du plat de côtes.
louise. — Oui, monsieur. (Elle sort.)
le juge, mettant son pardessus, à part. —
En voilà une fille dévouée!
Georges Brandimbourg.
CENTAURES
Dessin de Roubille
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Petite mythologie parisienne, No VIII, Centaures
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1899 - 1899
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 229 (25 Mars 1899), S. 3
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg