GU LES CONQUETES DE LA SCIENCE
Il aborde l’indigène; il entré courageuse- Puis, habilement il échange la précieuse
ment en conversation avec lui. plante pour quelques pièces d’or.
Sa mission est terminée. L’honneur de l’Université ... dont il fait cadeau au
est sauf. 11 rapporte, en Hollande, la « Marguerita musée royal de Groningue,
simplex »... . "où elle fait l’admiration du
monde savant.
Dessin de G. Delanv
ŒUVRE PHILANTHROPIQUE
Bien des gens ont entendu parler de M. de Rothschild. On le dit
très riche. Sa ■fortune lui doit venir sans doute de ses parents, car il
exerce une profession peu lucrative : il est banquier. C’est un mé-
tier qui consiste, paraît-il, à gagner de l’argent en en achetant. 11
faut donc, sans doute, échanger patiemment des pièces usées contre
des pièces plus neuves qu’on retire ainsi petit à petit de la circula-
tion. Finalement, le banquier se trouve posséder toute sa fortune
ôn pièces neuves, ce qui, en réalité, n’en change pas le chiffre.
C’est une pure satisfaction que peuvent seuls se payer les gens très
riches, d’où leur nom de banquiers qui signifie hommes riches.
Comme on lui sait beaucoup d’argent, M. de Rothschild ne peut
refuser son concours à toutes les œuvres, de bienfaisance qui
chaque jour sollicitent son appui. Il donne machinalement sans
compter, par devoir. Il n’ose faire autrement et donne sans même
attendre un remerciement. On sait qu’il est très riche et que ses
offrandes ne lui coûtent aucun sacrifice.
Dernièrement encore, M. de Rothschild reçut une lettre portant
pour en-tête Société philanthropique des gens riches. On lui an-
nonçait très brièvement qu’une terrible inondation avait ravagé le
joli petit village de Montmartre; l’eau avait envahi la rue Lepic,
rempli les caves: les habitants s’ôtaient sauvés sur des morceaux
de bois provenant des échafaudages du Sacré-Cœur, toute la récolte
était perdue et plusieurs familles se trouvaient dans le plus complet
dônîunent.
PHOTOGRAPHIE
— Mon vieux, en t'attendant, j'ai bu un pou de bière qui
était là, dans ce verre, et je t’avoue qu’elle a un drôle de goût!
— Malheureux! Tu as bu mon développeur, tu vas devenir
négatif; ! !...
Mélancoliquement, M. de Rothschild monta dans son coupé et se
fit conduire à la Société philanthropique. On l’introduisit dans les
bureau du secrétariat. Là, un employé, les pieds sur la table, ren-
versé dans un fauteuil, lisait son journal. Quand on annonça
M. do Rothschild, il ne se dérangea pas et continua sa lecture.
— Je vous apporte, fit timidement le banquier, deux mille francs
pour les inondés.
L’employé ne répondit rien.
Décontenancé, M. de Rothschild reprit :
— Ce n’est peut-être pas assez, tenez, voici dix mille.
L’employé poussa un grognement, no tourna pas la tète et, dési-
gnant du doigt la table :
— C’est bien, mon ami, fit-il, mettez ça là et laissez-moi tranquille.
Tristement, M. de Rothschild sortit et dehors il so prit à songer.
— Que n’était-il pauvre! Il apporterait deux francs et on le bé-
nirait !
L’envie le prit de ces joies inconnues. Il entra chez lui, emprunta
de vieux vêtements, composa son visage et, sûr de n’ôtre pas re-
connu, revint à la Société sous un nom d’emprunt.
— Je ne suis, dit-il, qu’un pauvre employé, mais voici deux francs
que je vous apporte do grand cœur pour les inondés.
L’employé bondit sur son fauteuil, le regarda ahuri et dit sim-
plement :
-— Mais, mon pauvre vieux, vous ôtes fou, reprenez cela bien vite.
11 n’y a jamais eu d’inondés, c’est de la blague. Ignorez-vous donc
que le but de notre Société est, tout bonnement de distraire les
riches qui ne savent où dépenser leur argent? Nous leur inventons
des accidents et, pour
quelques milliers de
francs, ils peuvent sou-
lager leur conscience.
C’est ainsi que notre
Société est véritable-
ment philanthropique à
l’égard des riches, car,
je vous le demande,
que pèsent leurs pièces
d’or en échange du bien
que nous leur fai-
sons?
Quanta l’argent qu’ils
nous donnent, ajouta-
t-il doucement, nous
croyons qu’il est préfé-
rable de le garder pour
nous. Ce n’est que la
faible rétribution de
nos services et, au sur-
plus, nous sommes trop
pénétrés des admira-
bles principes de notre
maître Tolstoï pour al-
ler le distribuer folle-
ment aux pauv.res.
Voyez-vous, fit-il, ce
n’est pas avec de l'ar-
gent que l’on peut faire
du bien aux hommes,
mais en leur donnant
des raisons de vivre et
d’être heureux.
W. de Pawlowski.
uc! Positivement!
c’est une
Dessin d’Émile Cohl.
Il aborde l’indigène; il entré courageuse- Puis, habilement il échange la précieuse
ment en conversation avec lui. plante pour quelques pièces d’or.
Sa mission est terminée. L’honneur de l’Université ... dont il fait cadeau au
est sauf. 11 rapporte, en Hollande, la « Marguerita musée royal de Groningue,
simplex »... . "où elle fait l’admiration du
monde savant.
Dessin de G. Delanv
ŒUVRE PHILANTHROPIQUE
Bien des gens ont entendu parler de M. de Rothschild. On le dit
très riche. Sa ■fortune lui doit venir sans doute de ses parents, car il
exerce une profession peu lucrative : il est banquier. C’est un mé-
tier qui consiste, paraît-il, à gagner de l’argent en en achetant. 11
faut donc, sans doute, échanger patiemment des pièces usées contre
des pièces plus neuves qu’on retire ainsi petit à petit de la circula-
tion. Finalement, le banquier se trouve posséder toute sa fortune
ôn pièces neuves, ce qui, en réalité, n’en change pas le chiffre.
C’est une pure satisfaction que peuvent seuls se payer les gens très
riches, d’où leur nom de banquiers qui signifie hommes riches.
Comme on lui sait beaucoup d’argent, M. de Rothschild ne peut
refuser son concours à toutes les œuvres, de bienfaisance qui
chaque jour sollicitent son appui. Il donne machinalement sans
compter, par devoir. Il n’ose faire autrement et donne sans même
attendre un remerciement. On sait qu’il est très riche et que ses
offrandes ne lui coûtent aucun sacrifice.
Dernièrement encore, M. de Rothschild reçut une lettre portant
pour en-tête Société philanthropique des gens riches. On lui an-
nonçait très brièvement qu’une terrible inondation avait ravagé le
joli petit village de Montmartre; l’eau avait envahi la rue Lepic,
rempli les caves: les habitants s’ôtaient sauvés sur des morceaux
de bois provenant des échafaudages du Sacré-Cœur, toute la récolte
était perdue et plusieurs familles se trouvaient dans le plus complet
dônîunent.
PHOTOGRAPHIE
— Mon vieux, en t'attendant, j'ai bu un pou de bière qui
était là, dans ce verre, et je t’avoue qu’elle a un drôle de goût!
— Malheureux! Tu as bu mon développeur, tu vas devenir
négatif; ! !...
Mélancoliquement, M. de Rothschild monta dans son coupé et se
fit conduire à la Société philanthropique. On l’introduisit dans les
bureau du secrétariat. Là, un employé, les pieds sur la table, ren-
versé dans un fauteuil, lisait son journal. Quand on annonça
M. do Rothschild, il ne se dérangea pas et continua sa lecture.
— Je vous apporte, fit timidement le banquier, deux mille francs
pour les inondés.
L’employé ne répondit rien.
Décontenancé, M. de Rothschild reprit :
— Ce n’est peut-être pas assez, tenez, voici dix mille.
L’employé poussa un grognement, no tourna pas la tète et, dési-
gnant du doigt la table :
— C’est bien, mon ami, fit-il, mettez ça là et laissez-moi tranquille.
Tristement, M. de Rothschild sortit et dehors il so prit à songer.
— Que n’était-il pauvre! Il apporterait deux francs et on le bé-
nirait !
L’envie le prit de ces joies inconnues. Il entra chez lui, emprunta
de vieux vêtements, composa son visage et, sûr de n’ôtre pas re-
connu, revint à la Société sous un nom d’emprunt.
— Je ne suis, dit-il, qu’un pauvre employé, mais voici deux francs
que je vous apporte do grand cœur pour les inondés.
L’employé bondit sur son fauteuil, le regarda ahuri et dit sim-
plement :
-— Mais, mon pauvre vieux, vous ôtes fou, reprenez cela bien vite.
11 n’y a jamais eu d’inondés, c’est de la blague. Ignorez-vous donc
que le but de notre Société est, tout bonnement de distraire les
riches qui ne savent où dépenser leur argent? Nous leur inventons
des accidents et, pour
quelques milliers de
francs, ils peuvent sou-
lager leur conscience.
C’est ainsi que notre
Société est véritable-
ment philanthropique à
l’égard des riches, car,
je vous le demande,
que pèsent leurs pièces
d’or en échange du bien
que nous leur fai-
sons?
Quanta l’argent qu’ils
nous donnent, ajouta-
t-il doucement, nous
croyons qu’il est préfé-
rable de le garder pour
nous. Ce n’est que la
faible rétribution de
nos services et, au sur-
plus, nous sommes trop
pénétrés des admira-
bles principes de notre
maître Tolstoï pour al-
ler le distribuer folle-
ment aux pauv.res.
Voyez-vous, fit-il, ce
n’est pas avec de l'ar-
gent que l’on peut faire
du bien aux hommes,
mais en leur donnant
des raisons de vivre et
d’être heureux.
W. de Pawlowski.
uc! Positivement!
c’est une
Dessin d’Émile Cohl.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1899 - 1899
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 229 (25 Mars 1899), S. 6
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg