C'est bien gentil, les femmes, mais elles ont le ventre si délicat!
Dessin de Faivre.
L’INONDATION DE MONTÉLIMAR
Eh oui! C’est comme j’ai l’honneur de vous le dire : Montélimar
vient d’être inondé. Une inondation terrible qui n’a pas laissé pierre
sur pierre de cette jadis si charmante sous-préfecture de la Drôme,
de telle sorte que, à l’heure où j’écris
ces lignes (4 h. 23 m.), les amateurs
de nougat ne sauront plus où trouver
cet exquis comestible.
Ah ! c’est bien la faute de la muni-
cipalité et, si les conseillers muni-
cipaux n’avaient tous été noyés, sub-
mergés par les flots destructeurs, je
suis persuadé qu’ils n’auraient pas
assez de pouces pour se les mordre.
— Dis, maman, donne-lui un sou; regarde comme sa barbe le fatigue!
Dessin de Couturier.
D’ailleurs, voici les faits dans leur exacte vérité
En 1890, Montélimar était la ville la plus heureuse du Dauphiné
et des provinces circonvoisines. Elle possédait un sous-préfet, un
régiment, un kiosque à musique et un théâtre, où l’on ne jouait
jamais de pièces... mais qu’importe?
Elle avait un jardin avec devrais arbres et un lac où deux cygnes
et trois canards faisaient la joie quotidienne de la population.
Et cette population, heureuse, contente et fleurant l’ail comme il
se doit, fabriquait tranquillement son nougat à l’ombre de ses arbres,
en contemplant ses deux cygnes et ses trois canards.
Seulement, l’ambition dans l’ombre guignait la paisible bourgade
et la jalousie la perdit.
Imaginez un peu qu’aux portes de Montélimar, à deux portées de
fusil à peine — Lebel modèle 80, — existe un village grand comme
un demi-mouchoir de poche, — Rochemaure, s’il faut l’appeler par
son nom,— et qui, sous le futile prétexte qu’il s’étage sur les bords
du Rhône, possède un pont archicoquentieux.
Mais un pont superbe, vous savez.
Quatre piles gigantesques et des arches grandes comme ça!
Tout d’abord, les Montiliens — c’est ainsi que l’ethnographie dé-
signe les fabricants de nougat — tout d’abord, dis-je, les Montiliens
considérèrent le pont sans en prendre aucunement ombrage.
Bien au contraire, le dimanche, parfois, ils allaient l’admirer.
Mais, un jour, jour néfaste, un homme s’écria qu’il était honteux
qu’un village de quelques centaines d’habitants eût un pont aussi
mirifique, lorsque la sous-préfecturen’avaitpas même une passerelle.
L’homme, qui était conseiller municipal, porta la chose devant
M. le maire.
— Bouffre! c’est vrai! On n’y avait jamais pinsé ! Mais que faire?
— Sous quel régime désirez-vous être marié?
— Le régime lacté, monsieur le notaire. Dessin de Delaiv.
Dessin de Faivre.
L’INONDATION DE MONTÉLIMAR
Eh oui! C’est comme j’ai l’honneur de vous le dire : Montélimar
vient d’être inondé. Une inondation terrible qui n’a pas laissé pierre
sur pierre de cette jadis si charmante sous-préfecture de la Drôme,
de telle sorte que, à l’heure où j’écris
ces lignes (4 h. 23 m.), les amateurs
de nougat ne sauront plus où trouver
cet exquis comestible.
Ah ! c’est bien la faute de la muni-
cipalité et, si les conseillers muni-
cipaux n’avaient tous été noyés, sub-
mergés par les flots destructeurs, je
suis persuadé qu’ils n’auraient pas
assez de pouces pour se les mordre.
— Dis, maman, donne-lui un sou; regarde comme sa barbe le fatigue!
Dessin de Couturier.
D’ailleurs, voici les faits dans leur exacte vérité
En 1890, Montélimar était la ville la plus heureuse du Dauphiné
et des provinces circonvoisines. Elle possédait un sous-préfet, un
régiment, un kiosque à musique et un théâtre, où l’on ne jouait
jamais de pièces... mais qu’importe?
Elle avait un jardin avec devrais arbres et un lac où deux cygnes
et trois canards faisaient la joie quotidienne de la population.
Et cette population, heureuse, contente et fleurant l’ail comme il
se doit, fabriquait tranquillement son nougat à l’ombre de ses arbres,
en contemplant ses deux cygnes et ses trois canards.
Seulement, l’ambition dans l’ombre guignait la paisible bourgade
et la jalousie la perdit.
Imaginez un peu qu’aux portes de Montélimar, à deux portées de
fusil à peine — Lebel modèle 80, — existe un village grand comme
un demi-mouchoir de poche, — Rochemaure, s’il faut l’appeler par
son nom,— et qui, sous le futile prétexte qu’il s’étage sur les bords
du Rhône, possède un pont archicoquentieux.
Mais un pont superbe, vous savez.
Quatre piles gigantesques et des arches grandes comme ça!
Tout d’abord, les Montiliens — c’est ainsi que l’ethnographie dé-
signe les fabricants de nougat — tout d’abord, dis-je, les Montiliens
considérèrent le pont sans en prendre aucunement ombrage.
Bien au contraire, le dimanche, parfois, ils allaient l’admirer.
Mais, un jour, jour néfaste, un homme s’écria qu’il était honteux
qu’un village de quelques centaines d’habitants eût un pont aussi
mirifique, lorsque la sous-préfecturen’avaitpas même une passerelle.
L’homme, qui était conseiller municipal, porta la chose devant
M. le maire.
— Bouffre! c’est vrai! On n’y avait jamais pinsé ! Mais que faire?
— Sous quel régime désirez-vous être marié?
— Le régime lacté, monsieur le notaire. Dessin de Delaiv.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1899 - 1899
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 230 (1er Avril 1899), S. 3
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg