l’homme aux trois visages
»
Pardon de vous recevoir ainsi, Arthur, mais vous m’avez si souvent répété que vous adoriez
les dessous féminins !
Dessin de J. Engel.
Dessin de G. Delaw.
La compagnie s’est arrêtée à l’entrée
du champ de manœuvre; les sergents
font faire le cercle à leurs sections.
— Allons, voyons, Polochon, répétez :
l'Étoile polaire se trouve sur l’aligne-
ment des deux derniers de la Grande
Ourse et à cinq fois la distance du front
de cette section.— Non, ce n’est pas ça.
— Si vous croyez que ça m’amuse, moi
aussi, de venir vous faire de la théorie
le soir au lieu d’être à la brasserie !
— Allons, ayez l’air de iiche quelque
chose,voilà le capiston qui arrive; il n’a
pas l’air content, regardez tous l'Étoile
polaire.
Consciencieusement, les hommes lè-
vent la tête comme s’ils voulaient se
gargariser avec les rayons de l'Étoile
polaire. Ils restent ainsi, indifférents,
pour ne pas faire attraper le sergent, un
bon type.
Cependant le capitaine s’est avancé.
Tout tremble sur son passage, il régna
autrefois aux bat d’Af et sur son compte
les histoires circulent, terribles. Brus-
quement il s’est arrêté, le front plissé,
planté, les bras croisés, devant la sec-
tion, tandis que les, hommes invoquent
toujours des yeux l’Étoile polaire.
Enfin, dans le profond silonce.il parle.
— Le sergent de cette section?
Le sergent se précipite, raidi aussitôt
en terre comme un épouvantail à moi-
neaux légèrement penché par le vent.
Le capitaine hoche la tête, découragé.
— Le sergent Lapigel un rengagé!
Et comme l’autre ne bouge pas, sen-
tant venir l’orage, le capitaine s’anime.
Serait-il atteint de la folie des gran-
deurs? L’abus du commandement aurait-
il influé sur son esprit? Pense-t-il dis-
poser du ciel comme des hommes? Mys-
tère ! Mais toujours est-il qu’il prononce
ces paroles d’une voix saccadée :
— Sergent Lapige, est-ce que vous
êtes fou? Voilà ce qui arrive dès qu’on
vous laisse faire quelque chose par vous-
même. Je vous dis de montrer à ces
hommes l’Étoile polaire et vous me les
flanquez juste au-dessous ! Vous ne voyez
donc pas qu’ils se démanchent le cou à
regarder! Vous ne pouviez donc pas tout
de suite aller me les mettre à l’autre
bout du terrain pour avoir un peu de
recul! Pas d’initiative, sergent Lapige!
Et, méprisant, le capitaine s’éloigne.
Ce soir il y a exercice de nuit.
C’était dars l’air depuis longtemps.
\V. de Pawlowski.
Dessins d’E. Cohl.
»
Pardon de vous recevoir ainsi, Arthur, mais vous m’avez si souvent répété que vous adoriez
les dessous féminins !
Dessin de J. Engel.
Dessin de G. Delaw.
La compagnie s’est arrêtée à l’entrée
du champ de manœuvre; les sergents
font faire le cercle à leurs sections.
— Allons, voyons, Polochon, répétez :
l'Étoile polaire se trouve sur l’aligne-
ment des deux derniers de la Grande
Ourse et à cinq fois la distance du front
de cette section.— Non, ce n’est pas ça.
— Si vous croyez que ça m’amuse, moi
aussi, de venir vous faire de la théorie
le soir au lieu d’être à la brasserie !
— Allons, ayez l’air de iiche quelque
chose,voilà le capiston qui arrive; il n’a
pas l’air content, regardez tous l'Étoile
polaire.
Consciencieusement, les hommes lè-
vent la tête comme s’ils voulaient se
gargariser avec les rayons de l'Étoile
polaire. Ils restent ainsi, indifférents,
pour ne pas faire attraper le sergent, un
bon type.
Cependant le capitaine s’est avancé.
Tout tremble sur son passage, il régna
autrefois aux bat d’Af et sur son compte
les histoires circulent, terribles. Brus-
quement il s’est arrêté, le front plissé,
planté, les bras croisés, devant la sec-
tion, tandis que les, hommes invoquent
toujours des yeux l’Étoile polaire.
Enfin, dans le profond silonce.il parle.
— Le sergent de cette section?
Le sergent se précipite, raidi aussitôt
en terre comme un épouvantail à moi-
neaux légèrement penché par le vent.
Le capitaine hoche la tête, découragé.
— Le sergent Lapigel un rengagé!
Et comme l’autre ne bouge pas, sen-
tant venir l’orage, le capitaine s’anime.
Serait-il atteint de la folie des gran-
deurs? L’abus du commandement aurait-
il influé sur son esprit? Pense-t-il dis-
poser du ciel comme des hommes? Mys-
tère ! Mais toujours est-il qu’il prononce
ces paroles d’une voix saccadée :
— Sergent Lapige, est-ce que vous
êtes fou? Voilà ce qui arrive dès qu’on
vous laisse faire quelque chose par vous-
même. Je vous dis de montrer à ces
hommes l’Étoile polaire et vous me les
flanquez juste au-dessous ! Vous ne voyez
donc pas qu’ils se démanchent le cou à
regarder! Vous ne pouviez donc pas tout
de suite aller me les mettre à l’autre
bout du terrain pour avoir un peu de
recul! Pas d’initiative, sergent Lapige!
Et, méprisant, le capitaine s’éloigne.
Ce soir il y a exercice de nuit.
C’était dars l’air depuis longtemps.
\V. de Pawlowski.
Dessins d’E. Cohl.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
L’homme aux trois visages; - Tu sais, l’aveugle qui est à la porte … - Pardon de vous recevoir ainsi, Arthur, …;
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1899 - 1899
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 233 (23 Avril 1899), S. 3
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg