{Le cabinet de M. Panoyau, député de Loire-et-Garonne. Le
député, se lève pour recevoir l'électeur influent qui vient Le voir.)
le député. — Ali! vous voila, mon cher ami... et par quel heu-
reux hasard? J’espère que vous allez déjeuner avec moi.
l’électeur, sombre. — Ce n’est point pour déjeuner avec vous
que je suis venu à Paris.
le député. — Ah ! bah !... vous avez en effet lamine basse et l’air
renfrogné du
monsieur au-
quel on vient
d’offrir un billet
de faveur pour
le Théâtre de
l’Œuvre. Que
vous arrive-t-il?
l’électeur,
tragique. -Vous
allez le savoir.
le député. —
Ma curiosité est
presque aussi
piquée que la
dernière barri-
que de vin que
vous m’avez
vendue.
I.’ÉI.ECTEÏÏR,
éclatant.. —
Pourquoi, il y a
trois mois, avez-
vous voté avec
la droite, dans
la question des
cuirsdeRussié?
le député, ba-
dinant. — Ah !
j’ai voté avec la
droite !
l’électeur,
avec un geste à
la Mounet-Sul-
ly. — Voyez
plutôt. ( Il lui
tend /'Officiel.)
le député, qui
n’insiste pas. —
C’est bien pos-
sible. Je n'étais
pas â la Cham-
bre ce jour-là ;
.j’étais malade.
— Y’ià quarante ans que j’en attends, moi, des reformes
sociales. Dessin de Huard.
l’électeur, qui se monte. — Quinze jours plus tard, vous avez
voté contre le dégrèvement des bois de campêche! Pourquoi? Vous
saviez bien que cette motion sauvegardait les intérêts du Loire-et-
Garonne... région éminemment vinicole... Pourquoi cette conduite
de campècheur de danser en rond?
le député, très dégagé. — Oh! je vais vous dire. Je n’assistais
pas à la séance... J’étais allô voir ma belle-sœur qui venait d’accou-
cher... d’un nègre... C’était très curieux.
l’électeur, aussi haut qu’il peut monter. —Et le mois dernier?...
Vous avez voté
l’impôt sur les si-
rops de Calabre,
impôt qui ruine
la Loire-et-Ga-
ronne. Le nierez-
vous?
LE DÉPUTÉ, très
désinvolte.— Eh !
eh!... cela se peut
bien... Je îhe rap-
pelle que, ce jour-
là, j’étais allé con-
sulter mon agent
de changé...
l’électeur, à
bout. — Enfin, il
y a quinze jours, nous
avons été très sur-
pris en voyant votre nom
parmi ceux des traîtres qui
ont voté contre les choux-
cabus.
le député, conciliant. — Ah!
par exemple, si j’avais été là, je
crois bien que j’aurais voté contre
tout.de même... Je suis pour la chasse a
tous les abus... mais j’étais justement
allé voir ma tante Olympe, et des amis
ont voté pour moi.
l’électeur, tué. — Ah ! çà, mais
vous n’y allez donc jamais, à la Cham-
bre ?
le député, indigné. — Jamais !...
Oh ! mon ami, à quoi pensez - vous
donc?... J’y vais tous les quinze jours...
renouveler ma provision de cigares !
Rodolphe Bringer.
— Tous mes malheurs
sont venus du mal que j'ai
à prendre une décision.
Dessin do IIuaiid.
député, se lève pour recevoir l'électeur influent qui vient Le voir.)
le député. — Ali! vous voila, mon cher ami... et par quel heu-
reux hasard? J’espère que vous allez déjeuner avec moi.
l’électeur, sombre. — Ce n’est point pour déjeuner avec vous
que je suis venu à Paris.
le député. — Ah ! bah !... vous avez en effet lamine basse et l’air
renfrogné du
monsieur au-
quel on vient
d’offrir un billet
de faveur pour
le Théâtre de
l’Œuvre. Que
vous arrive-t-il?
l’électeur,
tragique. -Vous
allez le savoir.
le député. —
Ma curiosité est
presque aussi
piquée que la
dernière barri-
que de vin que
vous m’avez
vendue.
I.’ÉI.ECTEÏÏR,
éclatant.. —
Pourquoi, il y a
trois mois, avez-
vous voté avec
la droite, dans
la question des
cuirsdeRussié?
le député, ba-
dinant. — Ah !
j’ai voté avec la
droite !
l’électeur,
avec un geste à
la Mounet-Sul-
ly. — Voyez
plutôt. ( Il lui
tend /'Officiel.)
le député, qui
n’insiste pas. —
C’est bien pos-
sible. Je n'étais
pas â la Cham-
bre ce jour-là ;
.j’étais malade.
— Y’ià quarante ans que j’en attends, moi, des reformes
sociales. Dessin de Huard.
l’électeur, qui se monte. — Quinze jours plus tard, vous avez
voté contre le dégrèvement des bois de campêche! Pourquoi? Vous
saviez bien que cette motion sauvegardait les intérêts du Loire-et-
Garonne... région éminemment vinicole... Pourquoi cette conduite
de campècheur de danser en rond?
le député, très dégagé. — Oh! je vais vous dire. Je n’assistais
pas à la séance... J’étais allô voir ma belle-sœur qui venait d’accou-
cher... d’un nègre... C’était très curieux.
l’électeur, aussi haut qu’il peut monter. —Et le mois dernier?...
Vous avez voté
l’impôt sur les si-
rops de Calabre,
impôt qui ruine
la Loire-et-Ga-
ronne. Le nierez-
vous?
LE DÉPUTÉ, très
désinvolte.— Eh !
eh!... cela se peut
bien... Je îhe rap-
pelle que, ce jour-
là, j’étais allé con-
sulter mon agent
de changé...
l’électeur, à
bout. — Enfin, il
y a quinze jours, nous
avons été très sur-
pris en voyant votre nom
parmi ceux des traîtres qui
ont voté contre les choux-
cabus.
le député, conciliant. — Ah!
par exemple, si j’avais été là, je
crois bien que j’aurais voté contre
tout.de même... Je suis pour la chasse a
tous les abus... mais j’étais justement
allé voir ma tante Olympe, et des amis
ont voté pour moi.
l’électeur, tué. — Ah ! çà, mais
vous n’y allez donc jamais, à la Cham-
bre ?
le député, indigné. — Jamais !...
Oh ! mon ami, à quoi pensez - vous
donc?... J’y vais tous les quinze jours...
renouveler ma provision de cigares !
Rodolphe Bringer.
— Tous mes malheurs
sont venus du mal que j'ai
à prendre une décision.
Dessin do IIuaiid.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1899 - 1899
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 237 (20 Mai 1899), S. 10
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg