L .A. -Vie: c .a. e1 e
LA DETENTE
/.a fine ne se passe au Café des Vieux-Lascars. L'affaire, la fameuse affaire qui avait séparé les consomma-
teurs en deux camps bien tranchés, voire même retranchés, les ramène cependant dans le domaine de la
discussion pacifique et cordiale.
us patron du café dfs vieux-lascars, à l'adjudant Latrouille, en retraite. — Vous n’avez plus aucune rai-
son maintenant pour en vouloir à Monsieur Gratte...
l’adjudant patrouille, rudement. — Monsieur Gratte est un cochon...
le patron du café des vieux-lascars, désirant quand, même contracter alliance. — Je vous en
prie, mon lieutenant, soyez à la hauteur des circonstances et permettez-moi de vous réconcilier avec
ce digne Gratte...
l’adjudant latrouille. — Certes, je ne veux pas dépasser les bornes de la muflerie... Seule-
ment, prôvenez-le simplement que s’il ouvre la bouche, je lui fourrerai ce porte-allumette dans
la g.
le patron du café des vieux-lascars, Vinterrompant. — Je vois que vous êtes rempli de
bonnes dispositions et je vais aller, de ce pas, porter vos paroles de paix et de concorde au
digne Monsieur Gratte. (Il traverse le café et va, comme il le dit, dans la direction
dudit Gratte.)
le patron du café des vieux-lascars, au sieur Gratte. — Vous savez que l’adjudant
Latrouille vous estime à votre juste valeur. Il vient de me charger d’être auprès de
vous l’interprète de ses plus respectueux sentiments.
monsieur gratte. — L’adjudant Latrouille, je l’ai où ça me démange...
le patron du café des vieux-lascars. — Vous avez absolument raison... Il ne
faut lias cependant vous en vouloir tous les deux pour cela... Or, comme l’adju-
dant Latrouille fait des concessions...
monsieur gratte, très digne. — C’est bien, je suivrai ce fourneau sur le même
terrain.
le patron nu café des vieux-lascars, heureux.— Parfait! Je vais faire servir
trois bocks sur le guéridon du milieu... Vous viendrez tous les deux trin-
quer avec moi. (Il part, le sourire sur les lèvres.)
l’adjudant patrouille, s'approchant. — Allons-y! (Il cogne son verre
contre ceux du gérant et du patron des « Vieux-Lascars ».) Je bois à
l’armée... <■
monsieur gratte, du tac au tac. — Je bois au pouvoir civil...
m le patron du café des vieux-lascars. — Je bois à mes chers
clients... (Avec in tention.) Et à la détente... (Le patron du café
des Vieux-Lascars, appelé par la caissière, va donner un coup
d'œil au robinet de la pompe à bière.)
l’adjudant patrouille, facétieux. — Le pouvoir civil... Non,
mais parlez-moi un peu de cette foutaise...
monsieur gratte. — Cette foutaise? Vous n’avez pas, j’es-
time, la prétention de nous faire le poil avec vos explo-
rateurs à la mie de pain...
\ \ l’adjudant latrouille.—A la mie de pain, des gens qui
comme Marchand ont traversé l’Afrique en travers...
monsieur gratte, de mauvaise foi. — Ah! la la...
I . en travers... Il a pris le bateau et il a fait le tour
par le cap de Bonne-Espérance... Je les connais,
moi, les types qui traversent l’Afrique... ,
l’adjudant latrouille, furieux. — Vous en
avez menti... (Il prend son bock et le jette
à la tête de M. Gratte qui, pare le coup et
renvoie ledit bock sur l’œil du patron
If du café des Vieux-Lascars occupé à
Ùil la caisse.)
w,
JF
monsieur gratte, même jeu. —
Vieille crapule ! (Cettefois, le bock
de M. Gratte va s'affaler sur le
^ nez de la caissière.)
a
LE PATRON DU CAFE DES VIEUX-
lascars, accourant, l'œil po-
ché. ■—Eh bien, mes chers
clients... et la détente...
l’adjudant LATROUILLE,
terrible. — Vous...(
foutez-moi la paix.../
quant à la détente,
moi, tant pis si elle
part... je m’assieds
dessus...
Charles ,
Quinel.
— Paméla! mon âme... Quand recueillerai-je les fruits de mon patient amour?
—- A la saison des poires, mon ami ! Dessin de M Radiguet.
LA DETENTE
/.a fine ne se passe au Café des Vieux-Lascars. L'affaire, la fameuse affaire qui avait séparé les consomma-
teurs en deux camps bien tranchés, voire même retranchés, les ramène cependant dans le domaine de la
discussion pacifique et cordiale.
us patron du café dfs vieux-lascars, à l'adjudant Latrouille, en retraite. — Vous n’avez plus aucune rai-
son maintenant pour en vouloir à Monsieur Gratte...
l’adjudant patrouille, rudement. — Monsieur Gratte est un cochon...
le patron du café des vieux-lascars, désirant quand, même contracter alliance. — Je vous en
prie, mon lieutenant, soyez à la hauteur des circonstances et permettez-moi de vous réconcilier avec
ce digne Gratte...
l’adjudant latrouille. — Certes, je ne veux pas dépasser les bornes de la muflerie... Seule-
ment, prôvenez-le simplement que s’il ouvre la bouche, je lui fourrerai ce porte-allumette dans
la g.
le patron du café des vieux-lascars, Vinterrompant. — Je vois que vous êtes rempli de
bonnes dispositions et je vais aller, de ce pas, porter vos paroles de paix et de concorde au
digne Monsieur Gratte. (Il traverse le café et va, comme il le dit, dans la direction
dudit Gratte.)
le patron du café des vieux-lascars, au sieur Gratte. — Vous savez que l’adjudant
Latrouille vous estime à votre juste valeur. Il vient de me charger d’être auprès de
vous l’interprète de ses plus respectueux sentiments.
monsieur gratte. — L’adjudant Latrouille, je l’ai où ça me démange...
le patron du café des vieux-lascars. — Vous avez absolument raison... Il ne
faut lias cependant vous en vouloir tous les deux pour cela... Or, comme l’adju-
dant Latrouille fait des concessions...
monsieur gratte, très digne. — C’est bien, je suivrai ce fourneau sur le même
terrain.
le patron nu café des vieux-lascars, heureux.— Parfait! Je vais faire servir
trois bocks sur le guéridon du milieu... Vous viendrez tous les deux trin-
quer avec moi. (Il part, le sourire sur les lèvres.)
l’adjudant patrouille, s'approchant. — Allons-y! (Il cogne son verre
contre ceux du gérant et du patron des « Vieux-Lascars ».) Je bois à
l’armée... <■
monsieur gratte, du tac au tac. — Je bois au pouvoir civil...
m le patron du café des vieux-lascars. — Je bois à mes chers
clients... (Avec in tention.) Et à la détente... (Le patron du café
des Vieux-Lascars, appelé par la caissière, va donner un coup
d'œil au robinet de la pompe à bière.)
l’adjudant patrouille, facétieux. — Le pouvoir civil... Non,
mais parlez-moi un peu de cette foutaise...
monsieur gratte. — Cette foutaise? Vous n’avez pas, j’es-
time, la prétention de nous faire le poil avec vos explo-
rateurs à la mie de pain...
\ \ l’adjudant latrouille.—A la mie de pain, des gens qui
comme Marchand ont traversé l’Afrique en travers...
monsieur gratte, de mauvaise foi. — Ah! la la...
I . en travers... Il a pris le bateau et il a fait le tour
par le cap de Bonne-Espérance... Je les connais,
moi, les types qui traversent l’Afrique... ,
l’adjudant latrouille, furieux. — Vous en
avez menti... (Il prend son bock et le jette
à la tête de M. Gratte qui, pare le coup et
renvoie ledit bock sur l’œil du patron
If du café des Vieux-Lascars occupé à
Ùil la caisse.)
w,
JF
monsieur gratte, même jeu. —
Vieille crapule ! (Cettefois, le bock
de M. Gratte va s'affaler sur le
^ nez de la caissière.)
a
LE PATRON DU CAFE DES VIEUX-
lascars, accourant, l'œil po-
ché. ■—Eh bien, mes chers
clients... et la détente...
l’adjudant LATROUILLE,
terrible. — Vous...(
foutez-moi la paix.../
quant à la détente,
moi, tant pis si elle
part... je m’assieds
dessus...
Charles ,
Quinel.
— Paméla! mon âme... Quand recueillerai-je les fruits de mon patient amour?
—- A la saison des poires, mon ami ! Dessin de M Radiguet.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
- Paméla! mon âme... Quand recueillerai-je les fruits de mon patient amour?
- À la saison des poires, mon ami!
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1899 - 1899
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)