IMPORTANTES DECOUVERTES ASTRONOMIQUES
Je voudrais être monade pour relater avec toute la simplicité
désirable comment le savant docteur Crassemberg fut amené à dé-
couvrir l’importante théorie de la marche bondissante des planètes,
à la suite d’un minuscule évènement dont la petite ville allemande
de Congloff fut le théâtre.
Une petite fille âgée de trois ans, la jeune Génovefa Hintertheil,
que sa mère avait laissée seule pendant quelques instants, trouvant
la porte ouverte, sortit dans la rue et se mit à marcher à petits pas,
comme le font les enfants dé son âge.
A ce moment, plusieurs bourgeois de Congloff passaient à cet
endroit et, parmi eux, se trouvait précisément le célèbre docteur
Çrassemberg, de l’Académie royale de Berlin. Tous avaient les
yeux fixés sur la petite Génovefa qu’ils s’étonnaient de voir toute
seule dans la rue, tous purent voir admirablement ce qui se passa
alors.
Le temps était calme, aucun nuage n’obscurcissait l’horizon, le
thermomètre marquait environ 55° Fahrenheit et le baromètre
765 m/m, nui C0Up ,je tonnerre ne se fit entendre. La petite Génovefa
avait déjà fait une dizaine de pas lorsque, sans cause apparente,
sans que rien ait pu faire prévoir ce qui allait se passer, l'espace
qui séparait la terre de sa partie postérieure disparut subitement.
La pauvre enfant so trouva rudement assise sur le sol, bien à contre-
cœur, et se mit à pleurer. Mrao Hintertheil, attirée par les cris, sortit
à ce moment, courut vers son enfant, la remit sur ses pieds, lui
donna quelques tapes sur le derrière, autant pour en enlever la
poussière que par principe d’éducation, et l’emmena vivement vers
la maison en la tenant parla main, telle une de ces grosses poupées
que les petites filles de Nuremberg traînent derrière elles, la tète et
les jambes toutes retournées.
Ce fait, si simple en apparence pour le vulgaire, frappa vivement
l’esprit érudit du savant docteur Crassemberg. De même que Newton
en voyant tomber une pomme avait conçu l’idée de la gravitation
universelle, de mémo Crassemberg en considérant de plus près le
cas de la petite Génovefa, conçut son admirable théorie de la marche
bondissante des planètes.
La solution qui devait, en effet, se présenter de suite à l’esprit, ôtait
celle d’une chute de la petite Génovefa. Mais d’après l’enquête à
laquelle il so livra aussitôt, Crassemberg fut forcé de rejeter l’hy-
pothèse d’une chute volontaire, l’enfant ayant déclaré à sa mère
qu'elle ne Vavait pas fait exprès. D’autre part, le trottoir était abso-
lument plat et aucun obstacle ne pouvait justifier une chute acciden-
telle à cet endroit.
Il no restait donc qu’une hypothèse : puisque ce
n’était pas la petite Génovefa qui était tombée à terre,
c’était la terre elle-même qui, d’un mouvement brusque,
se soulevant subitement de quelques centimètres dans
l’espace, était remontée sous la petite Génovefa que la
force d’inertie avait maintenue en place.
Dès lors, le principe de la marche bondissante et
saccadée do nos grandes planètes était trouvé. Avant
de le publier, Crassemberg, fidèle aux principes de
l’école expérimentale, vérifia sa théorie à l’aide de
nombreuses constatations du même genre. Il suivit de
jeunes enfants et observa que périodiquement ils tom-
baient à terre comme de petits paquets, sans cause
définie, ce qui prouvait surabondamment les mouve-
ments brusques et rythmiques de notre planète.
Quant aux hommes plus âgés, pareille mésaventure
ne leur arrive pas grâce à la force de leurs
jambes qui rendent les secousses insensibles.
Le résultat de toutes ces observations vient
d’ètre publié dans l’importante revue scien-
tifique Le Panboschen Tasdeblay; il serait
superflu d’en signaler plus longtemps toute
la haute importance.
Ajoutons enfin que
le célèbre professeur
Crassemberg, non
content do ces pre-
miers succès, conti-
nue la série de ses
expériences. 11 suit
maintenant, nous dit-
on, avec persistance,
les fillettes d'un âge
plus avancé. Dés que
le résultat de ses
nouvelles recherches
nous sera connu, nous
nous ferons un véri-
table devoir de le
communiquer à nos
lecteurs.
ftttiïp'/rrr
Zf.
X
P II'/ P
-le bouledogue.— Allons bon, je. me trompe... C’est la tête qui est par ici!...
\V. de Pawlowski.
Dessin de B. Rabieh.
Je voudrais être monade pour relater avec toute la simplicité
désirable comment le savant docteur Crassemberg fut amené à dé-
couvrir l’importante théorie de la marche bondissante des planètes,
à la suite d’un minuscule évènement dont la petite ville allemande
de Congloff fut le théâtre.
Une petite fille âgée de trois ans, la jeune Génovefa Hintertheil,
que sa mère avait laissée seule pendant quelques instants, trouvant
la porte ouverte, sortit dans la rue et se mit à marcher à petits pas,
comme le font les enfants dé son âge.
A ce moment, plusieurs bourgeois de Congloff passaient à cet
endroit et, parmi eux, se trouvait précisément le célèbre docteur
Çrassemberg, de l’Académie royale de Berlin. Tous avaient les
yeux fixés sur la petite Génovefa qu’ils s’étonnaient de voir toute
seule dans la rue, tous purent voir admirablement ce qui se passa
alors.
Le temps était calme, aucun nuage n’obscurcissait l’horizon, le
thermomètre marquait environ 55° Fahrenheit et le baromètre
765 m/m, nui C0Up ,je tonnerre ne se fit entendre. La petite Génovefa
avait déjà fait une dizaine de pas lorsque, sans cause apparente,
sans que rien ait pu faire prévoir ce qui allait se passer, l'espace
qui séparait la terre de sa partie postérieure disparut subitement.
La pauvre enfant so trouva rudement assise sur le sol, bien à contre-
cœur, et se mit à pleurer. Mrao Hintertheil, attirée par les cris, sortit
à ce moment, courut vers son enfant, la remit sur ses pieds, lui
donna quelques tapes sur le derrière, autant pour en enlever la
poussière que par principe d’éducation, et l’emmena vivement vers
la maison en la tenant parla main, telle une de ces grosses poupées
que les petites filles de Nuremberg traînent derrière elles, la tète et
les jambes toutes retournées.
Ce fait, si simple en apparence pour le vulgaire, frappa vivement
l’esprit érudit du savant docteur Crassemberg. De même que Newton
en voyant tomber une pomme avait conçu l’idée de la gravitation
universelle, de mémo Crassemberg en considérant de plus près le
cas de la petite Génovefa, conçut son admirable théorie de la marche
bondissante des planètes.
La solution qui devait, en effet, se présenter de suite à l’esprit, ôtait
celle d’une chute de la petite Génovefa. Mais d’après l’enquête à
laquelle il so livra aussitôt, Crassemberg fut forcé de rejeter l’hy-
pothèse d’une chute volontaire, l’enfant ayant déclaré à sa mère
qu'elle ne Vavait pas fait exprès. D’autre part, le trottoir était abso-
lument plat et aucun obstacle ne pouvait justifier une chute acciden-
telle à cet endroit.
Il no restait donc qu’une hypothèse : puisque ce
n’était pas la petite Génovefa qui était tombée à terre,
c’était la terre elle-même qui, d’un mouvement brusque,
se soulevant subitement de quelques centimètres dans
l’espace, était remontée sous la petite Génovefa que la
force d’inertie avait maintenue en place.
Dès lors, le principe de la marche bondissante et
saccadée do nos grandes planètes était trouvé. Avant
de le publier, Crassemberg, fidèle aux principes de
l’école expérimentale, vérifia sa théorie à l’aide de
nombreuses constatations du même genre. Il suivit de
jeunes enfants et observa que périodiquement ils tom-
baient à terre comme de petits paquets, sans cause
définie, ce qui prouvait surabondamment les mouve-
ments brusques et rythmiques de notre planète.
Quant aux hommes plus âgés, pareille mésaventure
ne leur arrive pas grâce à la force de leurs
jambes qui rendent les secousses insensibles.
Le résultat de toutes ces observations vient
d’ètre publié dans l’importante revue scien-
tifique Le Panboschen Tasdeblay; il serait
superflu d’en signaler plus longtemps toute
la haute importance.
Ajoutons enfin que
le célèbre professeur
Crassemberg, non
content do ces pre-
miers succès, conti-
nue la série de ses
expériences. 11 suit
maintenant, nous dit-
on, avec persistance,
les fillettes d'un âge
plus avancé. Dés que
le résultat de ses
nouvelles recherches
nous sera connu, nous
nous ferons un véri-
table devoir de le
communiquer à nos
lecteurs.
ftttiïp'/rrr
Zf.
X
P II'/ P
-le bouledogue.— Allons bon, je. me trompe... C’est la tête qui est par ici!...
\V. de Pawlowski.
Dessin de B. Rabieh.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1899 - 1899
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 246 (22 Juillet 1899), S. 5
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg