fessée
— Tiens 1 c’est vous! oh! qu’il y a long-
temps...
— Mais oui, assez, comme ça.
— Vous ne venez donc plus au Hammam?
— Non.
— Pourquoi ça?
— Mon cher, je suis très-maniaque. Quand
j'ai l'habitude d’être servi par un fournisseur,
'i'ut-il désagréable, je le conserve... unique-
ment pour ne pas changer. Chez le coiffeur,
c’est toujours le même garçon qui me sert.
Au cale, je m’assied, chaque jour, à la môme
table.
— Eh bien...?
— Ali ! mais non, cette fois, c’était trop fort,
ça passait la mesure... j’ai préféré lâcher l’éta-
blissement, je n’y remettrai plus jamais le...
les pieds.
Qu’est-ce que vous pensez du papier pelure?
— Que vous est-il donc arrivé?
— C’est bête comme tout... mais à vous, je
peux bien conter ça. Vous savez en quoi
consiste l’opération du massage, puisque nous
avons été souvent voisins de dalles. Vous
n’ignorez pas que lorsque son petit travail
est terminé, le nègre vous colle une claque
sonore au bas du rein. Cette petite claque est
pour ainsi dire sa signature, son paraphe. Et
plus elle est retentissante, plus il est satisfait
de ce tour... de main. La première fois que
j’ai été giflé de la sorte, j’ai froncé le sourcil,
étonné, et aurais certainement répliqué si
je n’avais entendu autour de moi semblables
bruits semblablement obtenus sur... mes sem-
blables. Dans la suite, je n’étais plus surpris,
j’y étais fait. Je l’attendais même,.me disant:
Voyons, aujourd'hui, sera-t-elle stridente, ou
mollasse, triomphante ou ratée? Sera-t-elle
én sol ou en fa? Car, un peu musicien, j’avais
fini par découvrir la tonalité-de-la'tape. Un
Dessin de Jean Villemot.
beau jour, cependant je m’avisai de demander
à Ali, mon masseur habituel, l’étymologie,
la genèse de cette claque linale," à quelle
époque en remontait la tradition et surtout
sa raison d’être. C’est alors que j’appris ceci:
le but de cette giroflée est pratique. Ce n’est
pas comme je l’avais cru simplement une
fantaisie de l’artiste achevant son œuvre par
un soufflet terminal, non, c’est tout uniment
pour prévenir le garçon de l’étuve d’envoyer
au masseur un autre client. La claque est un
signal. Cette explication m’amusa. Mais où
je me suis fichu dans une colère... comme
Ali lui-même... une colère noire... c’est un
jour où, auiieu de la claque classique et pos-
térieure... je reçus une véritable fessée. Je
me relevai, furibond,en criant: Pourquoi me
fichez:vous de fouet comme ça?
— Monsieur, c’est parce que lé nouveau
garçon de l’étuve est sourd.
■ Félix Galipaux.
(
!
— Tiens 1 c’est vous! oh! qu’il y a long-
temps...
— Mais oui, assez, comme ça.
— Vous ne venez donc plus au Hammam?
— Non.
— Pourquoi ça?
— Mon cher, je suis très-maniaque. Quand
j'ai l'habitude d’être servi par un fournisseur,
'i'ut-il désagréable, je le conserve... unique-
ment pour ne pas changer. Chez le coiffeur,
c’est toujours le même garçon qui me sert.
Au cale, je m’assied, chaque jour, à la môme
table.
— Eh bien...?
— Ali ! mais non, cette fois, c’était trop fort,
ça passait la mesure... j’ai préféré lâcher l’éta-
blissement, je n’y remettrai plus jamais le...
les pieds.
Qu’est-ce que vous pensez du papier pelure?
— Que vous est-il donc arrivé?
— C’est bête comme tout... mais à vous, je
peux bien conter ça. Vous savez en quoi
consiste l’opération du massage, puisque nous
avons été souvent voisins de dalles. Vous
n’ignorez pas que lorsque son petit travail
est terminé, le nègre vous colle une claque
sonore au bas du rein. Cette petite claque est
pour ainsi dire sa signature, son paraphe. Et
plus elle est retentissante, plus il est satisfait
de ce tour... de main. La première fois que
j’ai été giflé de la sorte, j’ai froncé le sourcil,
étonné, et aurais certainement répliqué si
je n’avais entendu autour de moi semblables
bruits semblablement obtenus sur... mes sem-
blables. Dans la suite, je n’étais plus surpris,
j’y étais fait. Je l’attendais même,.me disant:
Voyons, aujourd'hui, sera-t-elle stridente, ou
mollasse, triomphante ou ratée? Sera-t-elle
én sol ou en fa? Car, un peu musicien, j’avais
fini par découvrir la tonalité-de-la'tape. Un
Dessin de Jean Villemot.
beau jour, cependant je m’avisai de demander
à Ali, mon masseur habituel, l’étymologie,
la genèse de cette claque linale," à quelle
époque en remontait la tradition et surtout
sa raison d’être. C’est alors que j’appris ceci:
le but de cette giroflée est pratique. Ce n’est
pas comme je l’avais cru simplement une
fantaisie de l’artiste achevant son œuvre par
un soufflet terminal, non, c’est tout uniment
pour prévenir le garçon de l’étuve d’envoyer
au masseur un autre client. La claque est un
signal. Cette explication m’amusa. Mais où
je me suis fichu dans une colère... comme
Ali lui-même... une colère noire... c’est un
jour où, auiieu de la claque classique et pos-
térieure... je reçus une véritable fessée. Je
me relevai, furibond,en criant: Pourquoi me
fichez:vous de fouet comme ça?
— Monsieur, c’est parce que lé nouveau
garçon de l’étuve est sourd.
■ Félix Galipaux.
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Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
- Qu'est-ce que vous pensez du papier pelure?
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum (normiert)
1899 - 1899
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 5.1898-1899, No. 249 (12 Août 1899), S. 6
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg