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Le rire: journal humoristique — 6.1899-1900 (Nr. 261-312)

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https://doi.org/10.11588/diglit.21881#0031
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KAMI DES MÉTAPHORES

Quand il était tout petit et qu’on disait devant lui, de quelqu’un,
qu’il est tranquille comme Baptiste, ses yeux s’ouvraient tout grands
et il demandait :

— <i C’est vrai, qu’il est tranquille, Baptiste? Pourquoi qu’il est si
tranquille? Qui est-ce, Baptiste ? »

Si on disait : « Il est connu comme le loup blanc. » Toto s’écriait :

— « Il est si connu que ça, le loup blanc? Tu le connais, toi? »

Et de même pour toutes les autres locutions, telles que Colin-

Tampon, l’an quarante, ou « clair comme le jour », dont s’émaille
notre incomparable langage français.

Or, lorsqu’il eut appris que le placide Baptiste, le célèbre loup
immaculé ou l’insouciant Colin-Tampon, qui se fiche de tout, étaient
des personnages fictifs, destinés seulement à donner plus de force
à nos expressions familières, il s’éprit d’un grand amour pour la
métaphore et résolut de lui consacrer toute sa vie.

Et voici ce qu’il fit :

Sur un vaste terrain de discussion, en bordure d’un magnifique
champ d’hypothèses, il fit construire un confortable château en Es-
pagne. On y accédait d’un côté par la route de l’enfer et de l’autre
par le sentier escarpé de la vertu; c’était plus pratique que de se
perdre dans le dédale des bois.

La demeure de ce brave garçon était protégée par le mur de la vie
privée qu’on n’aurait pu escalader qu’au moyen des échelles du
Levant. L’intérieur était des mieux aménagés. En pénétrant dans
le château, votre arrivée était annoncée parla cloche d’alarme ; on
entrait tout de suite dans une pièce spacieuse dont le plafond était
soutenu par des piliers d’estaminet. L’ameublement révélait une
ingéniosité rare : un banc de sable entourait la pièce où se trou-
vaient disposés des sièges de villes, des sièges sociaux et même
des sièges de douleurs ; au milieu, une table de logarithmes; dans
un angle, une comédie à tiroirs et, en face, une bibliothèque rem-
plie de volumes d’air, soigneusement rangés sur des rayons de soleil.
Des oiseaux chantaient à la fenêtre dans une cage thoracique, et le
parquet était recouvert du moelleux tapis sur lequel on remet de
temps en temps les questions — notamment la question d’Orient.
Les murs s’ornaient de tableaux encadrés dans les cadres de l’ar-
mée et des fleurs de rhétorique s’épanouissaient dans des vases
d’élection. Un puits de science béait dans la première cour.

Quant au jardin, on n’en saurait rêver de plus beau : entièrement
planté d’arbres généalogiques et d’arbres de couche, les feuilles
périodiques qui poussaient sur les différentes branches de commerce
ou d’industrie, projetaient partout une ombre tutélaire. 11 y avait
aussi des poiriers chargés de poires à poudre, des pommiers cou-
verts de pommes de rampe, de nombreux pêchers véniels, et des
noyers qui produisaient des noix de veau. Dans le jardin potager,
poussaient des riz de veau et des haricots de mouton, des fraises de
veau et mille autres racines grecques, latines, cubiques ou carrées.

L’heureux propriétaire de cette étrange demeure était lui-même
un être très métaphorique, comme son portrait vous le prouvera.
Figurez-vous sur un corps de garde une tête d’épingle, avec un
front de bandière; des yeux de bouillon, une bouche de chaleur,
une langue de terre, des dents de scie et un menton de galoche.
Bizarre figure, vraie tête de Turc! Il avait une gorge de montagne,
le sein d’une assemblée, un dos de fauteuil, un bras de mer et un
bras séculier avec des mains de justice; un pouce de notre terri-
toire, l’index des livres prohibés, de» cuisses de noix, un pied de
nez et un pied de la lettre, un cœur de roche et, puisqu’il faut tout
vous dire... un cul de basse-fosse!

Il menait une vie des plus simples : le matin, en se levant, il se
passait un peu d’eau sur le visage, avec l’éponge de l’oubli. Il en-
dossait ensuite une chemise de dossier, une culotte de bœuf, un
cordon sanitaire autour des reins, chaussait des bottes d’asperges
et, enveloppé dans le manteau de la cheminée, il montait sur un
cheval-vapeur qui était son dada favori" accompagné d’un chien de

M. Dourlan, propriétaire du fameux bal Dourlan, salle Wagram, vient de léguer ladite
salle à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. (Les Journaux.)
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Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

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Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Radiguet, Maurice
Entstehungsdatum (normiert)
1899 - 1899
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Satirische Zeitschrift
Karikatur

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Alle Rechte vorbehalten - Freier Zugang
Creditline
Le rire, 6.1899-1900, No. 263 (18 Novembre 1899), S. 3
 
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