TABLE D HOTE : PRIX MODERES
Le voyageur. — Voilà une heure que je lutte contre cette viande, elle résiste !
L'hôtesse. — Je vous l'avais dit, monsieur, que c'était un plat de résistance. Dessin de G. Dei.aw.
L,E TRAIT D'UNION Quelques jours après, un croisettP âmèri- L'Américain apprécia comme il convenait
cain remarqua à son tour les allures irrégu- ■ les charmes de la cabine principale et de la
hères du steamer anonyme. Nouveau signe dame fardée. Son escorte ne s'impatienta
, ,. at i i ■ de stopper; nouvelle visite à bord ; et... nou- nullement pendantson absence^
— Choyez lou bienvenu, Moucha lou capi- velles paroles de bienvenue : Tous, d'ailleurs - aussi bien l'officier que
Lame; nous ne chommes pas des Amen- _ Comment clia va, Mouchu l'Américain? les simples matelots-se conduisirent en vrais
ca.nns, nous chommes des Planchais. Vous êtes ichi chez vous. Nous ne chommes compatriotes de ces milliardaires qui prodi-
Le capitaine espagnol» en elait enchante»; pas des Echepagnols, nous chommes des guent les dollars. Leur hôte lés accabla de
mais, comme son pays était en ce moment Franchais. ses remerciements,
en guerre avec 1 Amérique, il était très dé-
liant; et il ne s'expliquâit pas les allures bi- „ ...... ..... ^ . . ____ — , ,^.„ .,.......... ^_
zarres du petit steamer. Depuis une ou deux f -^^^^
heures qu'on l'observait de loin, quelle rai- É ' \
son, quel caprice pouvaient bien le pousser I il
à croiser obstinément dans ces parages dé- y ■ \ fl
serts ? 11 allait, revenait, virait soudain de I VN J**'™"""A !î
bord, et revenait encore, — se dandinant |j _*-«~ -^Vi \
sur l'eau d'une manière sémillante. H / ■ / / ^w.. \
Et puis, pas l'ombre d'un pavillon! Exté-
rieurement, cette seule inscription :
AMOUR
1
peinte sur le bois du vaisseau, en caractères
énormes, annonçait qu'on devait se trouver
en présence d'un navire français.
— J'ai habité longtemps la France, déclara
l'Espagnol, et il ne me semble pas que vous
prononciez votre langue comme elle se pro-
nonce d'habitude. A vous entendre, on vous
prendrait plutôt pour un Hollandais ou pour
un Malgache. Mais enfin, passons sur ce dé-
tail. Voyons vos papiers.
Le capitaine « franchais » escorta son col-
lègue jusque dans la cabine principale, où
ils furent reçus par une dame très fardée,
haut coiffée, dont un peignoir coquet trahis-
sait les formes.
— Ch'est madamou Louicha, une dou mes
pachagôres. Elle va vous faire voir les pa-
piers. Moi, jou chuis occupa; jou vous laiche
un instant.
Une demi-heure après, quand le capitaine
espagnol sortit de la cabine, il se déclara
« satisfait ». Mais il lui fut, tout d'abord,im-
possible deretrouverles matelots qui l'avaient
accompagné à bord.
— Attendez. Jou vas vous les trouva !
s'écria son hôte.
Et il se mit à trotter prestement au milieu
des cabines, sur les portes desquelles il
frappait, en passant.
Bientôt les disparus, un à un, à la hâte,
firent leur apparition, réparant le désordre
_pareil — de leur toilette. Et à leur suite
surgirent des peignoirs bleus ou roses, que
surmontaient des tètes fardées et haut coiffées.
Avant de prendre congé, l'Espagnol jugea
convenable de payer l'hospitalité de son hôte
par un petit cadeau. Il offrit donc d'envoyer
à ces dames quelques bouteilles d'alicante et
diverses friandises,
— Merchi, Mouchu, répondit le « Fran-
chais »; ches dames n'aiment pas tout cha.
Chi vous voulez laichà quelques pièches d'or
ou d'argent dou votrou beau pays, cha chera
Pune chouvenir.
_ Volontiers, dit l'Espagnol, en tirant sa l'éternel féminin Dessin â'Abel Paivm.
bourse.
Le voyageur. — Voilà une heure que je lutte contre cette viande, elle résiste !
L'hôtesse. — Je vous l'avais dit, monsieur, que c'était un plat de résistance. Dessin de G. Dei.aw.
L,E TRAIT D'UNION Quelques jours après, un croisettP âmèri- L'Américain apprécia comme il convenait
cain remarqua à son tour les allures irrégu- ■ les charmes de la cabine principale et de la
hères du steamer anonyme. Nouveau signe dame fardée. Son escorte ne s'impatienta
, ,. at i i ■ de stopper; nouvelle visite à bord ; et... nou- nullement pendantson absence^
— Choyez lou bienvenu, Moucha lou capi- velles paroles de bienvenue : Tous, d'ailleurs - aussi bien l'officier que
Lame; nous ne chommes pas des Amen- _ Comment clia va, Mouchu l'Américain? les simples matelots-se conduisirent en vrais
ca.nns, nous chommes des Planchais. Vous êtes ichi chez vous. Nous ne chommes compatriotes de ces milliardaires qui prodi-
Le capitaine espagnol» en elait enchante»; pas des Echepagnols, nous chommes des guent les dollars. Leur hôte lés accabla de
mais, comme son pays était en ce moment Franchais. ses remerciements,
en guerre avec 1 Amérique, il était très dé-
liant; et il ne s'expliquâit pas les allures bi- „ ...... ..... ^ . . ____ — , ,^.„ .,.......... ^_
zarres du petit steamer. Depuis une ou deux f -^^^^
heures qu'on l'observait de loin, quelle rai- É ' \
son, quel caprice pouvaient bien le pousser I il
à croiser obstinément dans ces parages dé- y ■ \ fl
serts ? 11 allait, revenait, virait soudain de I VN J**'™"""A !î
bord, et revenait encore, — se dandinant |j _*-«~ -^Vi \
sur l'eau d'une manière sémillante. H / ■ / / ^w.. \
Et puis, pas l'ombre d'un pavillon! Exté-
rieurement, cette seule inscription :
AMOUR
1
peinte sur le bois du vaisseau, en caractères
énormes, annonçait qu'on devait se trouver
en présence d'un navire français.
— J'ai habité longtemps la France, déclara
l'Espagnol, et il ne me semble pas que vous
prononciez votre langue comme elle se pro-
nonce d'habitude. A vous entendre, on vous
prendrait plutôt pour un Hollandais ou pour
un Malgache. Mais enfin, passons sur ce dé-
tail. Voyons vos papiers.
Le capitaine « franchais » escorta son col-
lègue jusque dans la cabine principale, où
ils furent reçus par une dame très fardée,
haut coiffée, dont un peignoir coquet trahis-
sait les formes.
— Ch'est madamou Louicha, une dou mes
pachagôres. Elle va vous faire voir les pa-
piers. Moi, jou chuis occupa; jou vous laiche
un instant.
Une demi-heure après, quand le capitaine
espagnol sortit de la cabine, il se déclara
« satisfait ». Mais il lui fut, tout d'abord,im-
possible deretrouverles matelots qui l'avaient
accompagné à bord.
— Attendez. Jou vas vous les trouva !
s'écria son hôte.
Et il se mit à trotter prestement au milieu
des cabines, sur les portes desquelles il
frappait, en passant.
Bientôt les disparus, un à un, à la hâte,
firent leur apparition, réparant le désordre
_pareil — de leur toilette. Et à leur suite
surgirent des peignoirs bleus ou roses, que
surmontaient des tètes fardées et haut coiffées.
Avant de prendre congé, l'Espagnol jugea
convenable de payer l'hospitalité de son hôte
par un petit cadeau. Il offrit donc d'envoyer
à ces dames quelques bouteilles d'alicante et
diverses friandises,
— Merchi, Mouchu, répondit le « Fran-
chais »; ches dames n'aiment pas tout cha.
Chi vous voulez laichà quelques pièches d'or
ou d'argent dou votrou beau pays, cha chera
Pune chouvenir.
_ Volontiers, dit l'Espagnol, en tirant sa l'éternel féminin Dessin â'Abel Paivm.
bourse.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)