PitOPOS DE TABLE DE LA.UIUAL PELLETAN, recueilli*
par ÏIRET-BOGNET
» Plutôt que du me rendre, je raeltrai.s le feu à ma Sainte-Barbe ».
Campagne do Corse de 1902.
L'ÉDUCATION DES PETITS FRANÇAIS
La scène représente la barre du tribunal civil; le demandeur,
M. Bob lui-même, fils naturel de Mme G;/p, a arboré pour la
circonstance un com,plet de velours et un col rabattu qui se
pare d'une lavallière nouée correctement.
le président. — Votre nom, mon jeune ami?
bob. — Ah zut! t'es assez venu diner à la maison pour savoir
comment que je m'appelle.
le présiden t. — Pas de réflexions déplacées, nous sommes en
ce moment devant la justice.
bob (souriant). — Mince, alors !
le président. — ...Afin d'examiner le bien l'onde de votre de-
mande, dites : '■■ Je jure devant Dieu... »
bob. — M'sieu l'abbé m'a défendu de jurer.
le président. — Il no s'agit pas de ça: vous avez formulé une
demande de dommages-intérêts contre votre précepteur ?
bob. — J'te crois !
le président. — Avez-vous constitué avoué "?
bob. — Siouplaît?
le président. — Quel avoué avez-vous choisi ?
bob. — La peau 1
le président.— Lapeau M° Lapeau n'est pas inscrit parmi
les avoués près le tribunal.
bob. — J t' dis que j'ai pas pris un avoué. Avinain l'a dit :
n'avoué jamais.
le président. — Le ministère...
bob. — Ah! ben, msieur l'président, si vous parlez du minis-
tère, comment voulez-vous que je reste sérieux?
le président. — Le ministère d'un avoué est obligatoire.
bob. — C'est bon, j' prends un avoué pour te faire plaisir...
XIe La Bousse de Vault, si tu veux.
le président. — Enfin, exposez brièvement au tribunal l'objet
de votre requête.
bob. — C'est pas malheureux!... Au lieu de l'aire un tas de
chichis, si on m'avait dit i;a tout de suite, on n'aurait pas usé
un verre de salive à jaspiner à la manque.
le président. — Si vous continuez sur ce ton, je vous retire
la parole.
bob. — Avec quoi?
le président. — Exprimez-vous en français.
bob. — Ah ben! c'est pas moi qui l'a dit... Parait que je parle
pas français; à qui qu'c'est la faute? A în'sieur l'abbé, ouest
payé pour m'apprendre le français académique... M'sieur 1 abbé
m'a fichu une sale éducation, j'y demande des dommages-inté-
rêts. C'est-y clair?... Et puis c'est la mode aujourd'hui... Dans
toutes les familles un pou chic, on donne au petit garçon un pré-
cepteur, on le garde dix ans, en lui promottantdes appointements
soignés, et puis, à la majorité du petit garçon, non seulement on
envoie faire f... le précepteur sans casquer un rond, mais encore
on lui réclame des dommages-intérêts pour l'embêtement qu'il a
eu. Moi, je veux pas attendre ma majorité pour toucher mon
argent de poche; l'abbé me rase, l'abbé me barbe, j'attaque
l'abbé.
le président. — Ta bouche, bébé! (A part.) Cré chien! la
mauvais^ éducation ça: se gagne... (Haut.) Mon enfant, je com-
prends parfaitement vos désirs, ce que vous soutenez est suffi-
samment inique pour que Injustice soit avec vous. Néanmo/ns,
il faudrait que vous appuyiez votre requête sur quelques exem-
COnc.0 selle
scène bruxelloise
par ÏIRET-BOGNET
» Plutôt que du me rendre, je raeltrai.s le feu à ma Sainte-Barbe ».
Campagne do Corse de 1902.
L'ÉDUCATION DES PETITS FRANÇAIS
La scène représente la barre du tribunal civil; le demandeur,
M. Bob lui-même, fils naturel de Mme G;/p, a arboré pour la
circonstance un com,plet de velours et un col rabattu qui se
pare d'une lavallière nouée correctement.
le président. — Votre nom, mon jeune ami?
bob. — Ah zut! t'es assez venu diner à la maison pour savoir
comment que je m'appelle.
le présiden t. — Pas de réflexions déplacées, nous sommes en
ce moment devant la justice.
bob (souriant). — Mince, alors !
le président. — ...Afin d'examiner le bien l'onde de votre de-
mande, dites : '■■ Je jure devant Dieu... »
bob. — M'sieu l'abbé m'a défendu de jurer.
le président. — Il no s'agit pas de ça: vous avez formulé une
demande de dommages-intérêts contre votre précepteur ?
bob. — J'te crois !
le président. — Avez-vous constitué avoué "?
bob. — Siouplaît?
le président. — Quel avoué avez-vous choisi ?
bob. — La peau 1
le président.— Lapeau M° Lapeau n'est pas inscrit parmi
les avoués près le tribunal.
bob. — J t' dis que j'ai pas pris un avoué. Avinain l'a dit :
n'avoué jamais.
le président. — Le ministère...
bob. — Ah! ben, msieur l'président, si vous parlez du minis-
tère, comment voulez-vous que je reste sérieux?
le président. — Le ministère d'un avoué est obligatoire.
bob. — C'est bon, j' prends un avoué pour te faire plaisir...
XIe La Bousse de Vault, si tu veux.
le président. — Enfin, exposez brièvement au tribunal l'objet
de votre requête.
bob. — C'est pas malheureux!... Au lieu de l'aire un tas de
chichis, si on m'avait dit i;a tout de suite, on n'aurait pas usé
un verre de salive à jaspiner à la manque.
le président. — Si vous continuez sur ce ton, je vous retire
la parole.
bob. — Avec quoi?
le président. — Exprimez-vous en français.
bob. — Ah ben! c'est pas moi qui l'a dit... Parait que je parle
pas français; à qui qu'c'est la faute? A în'sieur l'abbé, ouest
payé pour m'apprendre le français académique... M'sieur 1 abbé
m'a fichu une sale éducation, j'y demande des dommages-inté-
rêts. C'est-y clair?... Et puis c'est la mode aujourd'hui... Dans
toutes les familles un pou chic, on donne au petit garçon un pré-
cepteur, on le garde dix ans, en lui promottantdes appointements
soignés, et puis, à la majorité du petit garçon, non seulement on
envoie faire f... le précepteur sans casquer un rond, mais encore
on lui réclame des dommages-intérêts pour l'embêtement qu'il a
eu. Moi, je veux pas attendre ma majorité pour toucher mon
argent de poche; l'abbé me rase, l'abbé me barbe, j'attaque
l'abbé.
le président. — Ta bouche, bébé! (A part.) Cré chien! la
mauvais^ éducation ça: se gagne... (Haut.) Mon enfant, je com-
prends parfaitement vos désirs, ce que vous soutenez est suffi-
samment inique pour que Injustice soit avec vous. Néanmo/ns,
il faudrait que vous appuyiez votre requête sur quelques exem-
COnc.0 selle
scène bruxelloise
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Propos de table de l'amiral Pelletan, recueillis par Tiret-Bognet; Scène Bruxelloise
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 8.1901-1902, No. 413 (4 Octobre 1902), S. Bgd
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg