— Comment un homme comme vous en est-il arrivé à faire des faux?
— Mais, je n'ai pas fait défaut, monsieur le Président, si j'avais fait
défaut, je ne serais pas là! Dessin de Viriez.
LES HISTOIRES DU BON JEUNE HOMME
Prodigieux effets d'une brillante faculté d'assimilation
Notre ami le Dr Louis Jambart ne se perdra jamais : car, bien
mieux que les plus indélébiles tatouages, une particularité le
fera reconnaître infailliblement. C'est l'impossibilité d'entendre
raconter n'importe quel fait, mirifique et surprenant, sans en
vouloir conter un autre, de sa connaissance, bien plus surpre-
nant et mirifique.
Or, ce soir-là, calme et apatbique à rendre des points à la
Patti elle-même, notre ami Jambart écoutait, sans mot dire, les
plus fantastiques paradoxes émis par nous. Nous sortions de la
répétition générale de la Pipe en bruyère de France, le nouveau
drame de Rostand, et la discussion roulait naturellement sur les
merveilles produites par la faculté d'assimilation qu'ont certaines
gens.
Malgré tous les prodiges cités par nous, malgré la verve de
Celval, le docteur se taisait! Pourtant, à l'énoncé de chaque fait
curieux, nous nous préparions à entendre tomber, de sa lèvre
dédaigneuse, le fameux : « Bah ! qu'est-ce que c'est que cela, à
côté de ce que j'ai vu ! »
Mais rien!! Une stupeur inquiète commençait à planer sur
nous, quand, à l'audition du nom de Sardou, — le maître lui-
même avancé comme suprême exemple, — le docteur, enfin,
daigna hausser les épaules : « Sardou! Bah ! Sardou! Certes, on
ne peut pas nier... mais enfin... ce n'est rien! non, rien, à côté
de ce que j'ai vu !
J a ais, l'an dernier, une petite femme qui, vraiment, était un
prodige en cela! Non seulement elle rendait siennes toutes mes
idées (vous savez? mon homœopathie approximative... ma fameuse
cure des cancers de l'urèthre par les concerts Colonne), non
seulement elle me prenait mes idées, mes opinions politique-,
mais encore, — supérieure en cela à Yvette Guilbert, qui est de-
venue obèse à force de chanter les gros messieurs, — elle avait
une telle faculté d'assimilation, qu'elle s'assimilait même les ma-
ladies de ma clientèle.
— Pas possible! nous exclamàmes-nous!
— Si fait! Ainsi je soignais la vieille cirrhose alcoolique do
Chevallier, un ami, que je recevais à table. Eli bien, au bout d'un
mois, ma femme empestait l'alcool à quinze pas!
Ensuite, j'eus comme client un raffineur de sucre : vous me
croirez si vous voulez, mais la mâtine, qui s'intéressait à lui, eut
des symptômes de diabète. Après, ce fut un jeune homme très
gentil qui, malheureusement, avait des tendances à l'hydropisie
et ballonnait démesurément: j'ordonnai des massages que, pour
plus de sûreté, ma femme faisait elle-même; eh bien, huit mois,
après, elle ballonnait autant que le jeune homme ! ! N'est-ce point
merveilleux ?
— -Merveilleux! admiràmes-nous.
— Ce n'est rien encore! Le petit Doyen m'avait invité, l'autre
jour, à une opération sensationnelle : la séparation de Radica et.
Doodica! la résection de leur fameux pont de chair! Naturelle'
ment j'y conduisis ma compagne. Eh bien, la faculté d'assimila-
tion de cette femme est telle que, le lendemain, l'ayant laissée
seule avec un jeune client, je la retrouvai, dix minutes après,,
transformée en.....
— Pas possible !
— Si! en... sœur siamoise!!! Un pont!!! ah! mes amis! je
n'avais plus qu'à appeler Doyen!!
J.-M. du Thi'cou.
MARIVAUDA. (JE
— Et votre santé, chère Madame.?
— Hélas! Monsieur, je souffre toujours. Ma poitrine s'en va.
— Irait-elle jusqu'au bout du m.onder"Madame, je serais heureux de l'y
accompagner. _ . .. Dessin de Gocssé.
/
— Mais, je n'ai pas fait défaut, monsieur le Président, si j'avais fait
défaut, je ne serais pas là! Dessin de Viriez.
LES HISTOIRES DU BON JEUNE HOMME
Prodigieux effets d'une brillante faculté d'assimilation
Notre ami le Dr Louis Jambart ne se perdra jamais : car, bien
mieux que les plus indélébiles tatouages, une particularité le
fera reconnaître infailliblement. C'est l'impossibilité d'entendre
raconter n'importe quel fait, mirifique et surprenant, sans en
vouloir conter un autre, de sa connaissance, bien plus surpre-
nant et mirifique.
Or, ce soir-là, calme et apatbique à rendre des points à la
Patti elle-même, notre ami Jambart écoutait, sans mot dire, les
plus fantastiques paradoxes émis par nous. Nous sortions de la
répétition générale de la Pipe en bruyère de France, le nouveau
drame de Rostand, et la discussion roulait naturellement sur les
merveilles produites par la faculté d'assimilation qu'ont certaines
gens.
Malgré tous les prodiges cités par nous, malgré la verve de
Celval, le docteur se taisait! Pourtant, à l'énoncé de chaque fait
curieux, nous nous préparions à entendre tomber, de sa lèvre
dédaigneuse, le fameux : « Bah ! qu'est-ce que c'est que cela, à
côté de ce que j'ai vu ! »
Mais rien!! Une stupeur inquiète commençait à planer sur
nous, quand, à l'audition du nom de Sardou, — le maître lui-
même avancé comme suprême exemple, — le docteur, enfin,
daigna hausser les épaules : « Sardou! Bah ! Sardou! Certes, on
ne peut pas nier... mais enfin... ce n'est rien! non, rien, à côté
de ce que j'ai vu !
J a ais, l'an dernier, une petite femme qui, vraiment, était un
prodige en cela! Non seulement elle rendait siennes toutes mes
idées (vous savez? mon homœopathie approximative... ma fameuse
cure des cancers de l'urèthre par les concerts Colonne), non
seulement elle me prenait mes idées, mes opinions politique-,
mais encore, — supérieure en cela à Yvette Guilbert, qui est de-
venue obèse à force de chanter les gros messieurs, — elle avait
une telle faculté d'assimilation, qu'elle s'assimilait même les ma-
ladies de ma clientèle.
— Pas possible! nous exclamàmes-nous!
— Si fait! Ainsi je soignais la vieille cirrhose alcoolique do
Chevallier, un ami, que je recevais à table. Eli bien, au bout d'un
mois, ma femme empestait l'alcool à quinze pas!
Ensuite, j'eus comme client un raffineur de sucre : vous me
croirez si vous voulez, mais la mâtine, qui s'intéressait à lui, eut
des symptômes de diabète. Après, ce fut un jeune homme très
gentil qui, malheureusement, avait des tendances à l'hydropisie
et ballonnait démesurément: j'ordonnai des massages que, pour
plus de sûreté, ma femme faisait elle-même; eh bien, huit mois,
après, elle ballonnait autant que le jeune homme ! ! N'est-ce point
merveilleux ?
— -Merveilleux! admiràmes-nous.
— Ce n'est rien encore! Le petit Doyen m'avait invité, l'autre
jour, à une opération sensationnelle : la séparation de Radica et.
Doodica! la résection de leur fameux pont de chair! Naturelle'
ment j'y conduisis ma compagne. Eh bien, la faculté d'assimila-
tion de cette femme est telle que, le lendemain, l'ayant laissée
seule avec un jeune client, je la retrouvai, dix minutes après,,
transformée en.....
— Pas possible !
— Si! en... sœur siamoise!!! Un pont!!! ah! mes amis! je
n'avais plus qu'à appeler Doyen!!
J.-M. du Thi'cou.
MARIVAUDA. (JE
— Et votre santé, chère Madame.?
— Hélas! Monsieur, je souffre toujours. Ma poitrine s'en va.
— Irait-elle jusqu'au bout du m.onder"Madame, je serais heureux de l'y
accompagner. _ . .. Dessin de Gocssé.
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Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1902
Entstehungsdatum (normiert)
1897 - 1907
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, 9.1902-1903, No. 422 (6 Décembre 1902), S. dk
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg