les etrennes bu charbonnier
— Si le charbonnier vient pendant mon absence, Marie, vous lui
donnerez ses étrennes.
— Ciel ! que s'est-il passé ?
— Rien, madame; le charbonnier est venu et je lui ai donné ses
étrennes. Dessin de Pieblis.
LE RÉVEILLON A SURPRISE !
C'est M. Billois qui avait tout combiné! Il avait expédié sa
femme à Paris; confectionné les lettres de Y Association ami-
cale du Pot-au-feu de Lodève, conviant ses membres à un ré-
veillon familial ; commandé le festin... Enfin, il avait préparé la
surprise! Une chanteuse de beuglant devait, à minuit précis,
s'amener chez M. Billois, se dévêtir, et apparaître, nue, couron-
née de roses, aux invités babas!
Le mercredi soir, les convives se trouvaient réunis à la table
de M. Billois. Il y avait là Capistrac, receveur des Contribu-
buiions indirectes, Bornier et Cie, draps et velours, le gros Mar-
telin, le petit Balandon et quelques autres gaillards !
Le menu — sardinapalesque ! — était arrosé d'un certain
Pomard qui vous grimpait à la tête... En sorte que, dès dix
heures, le plus complet abandon présidait à la fête. L'œil gris de
Capistrac s'allumait, le gros Martelin reprenait de la dinde,
Boinier et Cie réclamait la surprise!
— Oui! la surprise! la surprise! appuyaient Balandon et les
autres... M. Billois ricanait :
— A minuit tapant! Pas avant !... Mais vous m'en direz des
nouvelles !
Ça avait commencé le matin, au petit déjeuner, à propos d'une
tartine calcinée... Mmo Billois et sa sœur se boudèrent toute la
matinée. Puis, à midi, Mme Billois déclara les haricots détesta-
bles ! Son beau-frère, agacé, lança le légumier par la fenêtre, en
déclarant sur un ton de menace :
— Vous vous souviendrez du vase de Soissons !
Vexée, Mme Billois avait sauté sur son chapeau, rageusement,
et elle était partie en claquant la porte! Deux heures après, le
train qui l'avait amenée, la remportait...
*
* *
...En traversant la Grand'Place, Mme Billois se remémore ces
événements tragiques !... Elle stoppe devant sa maison : tout de
suite, elle remarque les fenêtres éclairéeset s'étonne... Intriguée,
elle pousse la grille, monte les trois marches du perron... Des
voix jaillissent de l'intérieur, vociférant un refrain que scan-
dent les poings frappant la table :
C'est la Reine Pomarée-rée-rée...
Qui s'était déculottée-tée-tée !
Quelle horreur! Mme Billois s'élance dans le vestibule, que la
lanterne vénitienne éclaire faiblement... Deux ombres la sai-
sissent !
— Juste minuit! souffle l'une... tu tombes à pic!
— Grouille, rigole l'autre... Fous-toi à poil !
Mme Billois, incapable d'extirper un son de sa gorge contractée,
se débat... Mais elle s'empêtre dans ses robes qui ont déjà
glissé ! Le corset tombe à son tour, la chemise s'envole preste-
ment. On pose une couronne sur la tête de Mme Billois... on la
pousse vers la salle à manger...
— La surprise ! beugleM. Billois...
M"'G Billois apparaît dans la lumière, triomphalement, sans
voiles, et couronnée de roses!
M. Billois, pétrifié, se laisse choir, le derrière dans la crème
fouettée, tandis que les convives, remplis d'épouvante, se dres-
sent automatiquement, et, avec un ensemble touchant, piquent
vers la sortie un galop éperdu ! Général Pouchtrick.
— Si le charbonnier vient pendant mon absence, Marie, vous lui
donnerez ses étrennes.
— Ciel ! que s'est-il passé ?
— Rien, madame; le charbonnier est venu et je lui ai donné ses
étrennes. Dessin de Pieblis.
LE RÉVEILLON A SURPRISE !
C'est M. Billois qui avait tout combiné! Il avait expédié sa
femme à Paris; confectionné les lettres de Y Association ami-
cale du Pot-au-feu de Lodève, conviant ses membres à un ré-
veillon familial ; commandé le festin... Enfin, il avait préparé la
surprise! Une chanteuse de beuglant devait, à minuit précis,
s'amener chez M. Billois, se dévêtir, et apparaître, nue, couron-
née de roses, aux invités babas!
Le mercredi soir, les convives se trouvaient réunis à la table
de M. Billois. Il y avait là Capistrac, receveur des Contribu-
buiions indirectes, Bornier et Cie, draps et velours, le gros Mar-
telin, le petit Balandon et quelques autres gaillards !
Le menu — sardinapalesque ! — était arrosé d'un certain
Pomard qui vous grimpait à la tête... En sorte que, dès dix
heures, le plus complet abandon présidait à la fête. L'œil gris de
Capistrac s'allumait, le gros Martelin reprenait de la dinde,
Boinier et Cie réclamait la surprise!
— Oui! la surprise! la surprise! appuyaient Balandon et les
autres... M. Billois ricanait :
— A minuit tapant! Pas avant !... Mais vous m'en direz des
nouvelles !
Ça avait commencé le matin, au petit déjeuner, à propos d'une
tartine calcinée... Mmo Billois et sa sœur se boudèrent toute la
matinée. Puis, à midi, Mme Billois déclara les haricots détesta-
bles ! Son beau-frère, agacé, lança le légumier par la fenêtre, en
déclarant sur un ton de menace :
— Vous vous souviendrez du vase de Soissons !
Vexée, Mme Billois avait sauté sur son chapeau, rageusement,
et elle était partie en claquant la porte! Deux heures après, le
train qui l'avait amenée, la remportait...
*
* *
...En traversant la Grand'Place, Mme Billois se remémore ces
événements tragiques !... Elle stoppe devant sa maison : tout de
suite, elle remarque les fenêtres éclairéeset s'étonne... Intriguée,
elle pousse la grille, monte les trois marches du perron... Des
voix jaillissent de l'intérieur, vociférant un refrain que scan-
dent les poings frappant la table :
C'est la Reine Pomarée-rée-rée...
Qui s'était déculottée-tée-tée !
Quelle horreur! Mme Billois s'élance dans le vestibule, que la
lanterne vénitienne éclaire faiblement... Deux ombres la sai-
sissent !
— Juste minuit! souffle l'une... tu tombes à pic!
— Grouille, rigole l'autre... Fous-toi à poil !
Mme Billois, incapable d'extirper un son de sa gorge contractée,
se débat... Mais elle s'empêtre dans ses robes qui ont déjà
glissé ! Le corset tombe à son tour, la chemise s'envole preste-
ment. On pose une couronne sur la tête de Mme Billois... on la
pousse vers la salle à manger...
— La surprise ! beugleM. Billois...
M"'G Billois apparaît dans la lumière, triomphalement, sans
voiles, et couronnée de roses!
M. Billois, pétrifié, se laisse choir, le derrière dans la crème
fouettée, tandis que les convives, remplis d'épouvante, se dres-
sent automatiquement, et, avec un ensemble touchant, piquent
vers la sortie un galop éperdu ! Général Pouchtrick.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Les étrennes du charbonnier
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1912
Entstehungsdatum (normiert)
1907 - 1917
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Thema/Bildinhalt (normiert)
Missgeschick <Motiv>
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, N.S. 1912, No. 466 (6 Janvier 1912), S. aan
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg