Le rire: journal humoristique: Le rire: journal humoristique (N.S. 1912 (Nr. 466-569))

l'œil de la maîtresse A la cinquième seconde, Cams se relevait et plaçait coup sur

. coup une phrase de Spencer et un petit passage de la Logique de
Liard; mais comme le nègre, avec un joli jeu de jambes, esqui-
vait et cherchait à rentrer, le psychologue rompit, en s'abritant
derrière l'autorité deStuartMill. Le welter weigth évita le clinch
et toucha Cams très durement à l'estomac; puis, d'un beau cross
il le remit à terre. Le « time » vint heureusementsauver le profes-
seur du knock-out. Ses seconds le relevèrent et, pour le rétablir,
lui lurent une bonne page d'Auguste Comte pendant le repos.

Au début du deuxième round, Cams portait au nègre une opi-
nion très originale sur les variations concomitantes, puis, après
un saut à gauche, une digression sur les phénomènes résidus,
appuyée sur une affirmation de Herschell. Cette ruse déloyale
souleva des protestations; mais Sam, très maître de lui, répon •
dit par deux swings qui ensanglantèrent le visage du psycholo-
gue. Les plus chauds partisans de ce dernier comprirent alors
qu'il était perdu.

Faisant preuve d'une belle endurance, Cams plaça encore
d'une voix chevrotante quelques curieux aperçus sur la vérifi-
cation des hypothèses, mais d'un hook définitif, le nègre le mit
knock-out.. L'arbitre déclara donc le boxeur vainqueur du psy-
chologue, ce qui souleva des applaudissements et quelques petits
bancs.

Malheureusement un incident déplorable vint gâter l'issue de
ce beau match. On apprit, par une dénonciation, que le profes-
...ju&ïeS'-f'-*' ■■''j&ËËSBÈËL seur de psychologie était monté sur le ring comme welter

weight, alors qu'il pesait 72kilogs, et que le nègre avait matché
p/}ve-Rieivr4v<«vvr ' s' ' un professeur sans être bachelier!

■ " " •' ' Il fallut sévir avec rigueur. C'est pourquoi on retira à Sam

- Vous n'avez pas encore fini de l'astiquer ? Mon Dieu, à quo, Ma<> Boots sa licence de boxeur et à Cams sa licence en droit,
rêvent les jeunes filles ! Dessin de Batidkier-Foccaui.t. Roland Catenoy.

.a guerre moderne

teurs de boxe le regrettent d'autant plus
que le dernier combatde ce genre, organisé
de l'autre côté de l'Atlantique, à l'Université
de Cleveland (Ohio), a remporté un succès
éclatant. Il faut dire que les deux adver-
saires, William Cams professeurde psycho-
logie aux abattoirs de Cincinnati, et le nègre
welter weight Sam Mac Boots, jouissent
tous deux d'une véritable célébrité aux
Etats-Unis ; ce qui explique l'enthousiasme
que déchaîna l'annonce de ce match. L'af-
fluence était telle, le jour du combat, qu'on
prit la précaution de placer des cordes au-
tour des boxeurs pour empêcher le public
d'envahir le rirïg.

Les deux hommes étaient merveilleuse-
ment soignés. Will Cams, en excellente
forme, avait pour seconds un métaphysicien
professionnel et un psychologue poids lé-
gers ; le nègre, légèrement surentraîné,
était accompagné de son grand-père aîné
et d'un agrégé de lutte à mains plates.

Dès que l'arbitre, l'honorable Renébizet,
eut lancé son « tune », les deux adversai-
res se dressèrent et s'observèrent un mo-;
ment. C'est le psychologue Cams qui ouvrit
le combat; il rentra par une vigoureuse de-
finition de la méthode expérimentale directe
immédiatement suivie d'une citation habile-
ment choisie de Claude Bernard. Sam en-
caissa ce doublé et, bien que sérieusement
atteint, riposta par un vigoureux uppercut
du gauche et un direct du droit à la mâ-
choire qui envoyèrent le professeur rouler _ N(J bougez pIuS) s>il yous plaît] ^ g0UI.iez, Avant de vous couler, nous allons prendre quel-
à trois pas. ques vues cinématographiques. Dessin de J, Routieh.