AU PROCÈS DES BANDITS
l'avocat. — Vous acquitterez mon client, car la Société seule est coupable. Si elle lui avait fourni une automobile, il n'aurait pas eu
besoin d'en emprunter une, et si elle lui avait donné cent mille francs de rente, il n'aurait pas été dans l'obligation de tuer un garçon de recette.
Dessin de F. Masereel.
Une indisposition subite de notre collaborateur et ami,
Lucien Métivet, nous prive cette semaine de ses spirituels
échos. Nous adressons à l'excellent humoriste nos meilleurs
vœux de prompt rétablissement. N. D. L. R.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Non, certes, le carnaval n'est pas mort, mais il est bien
malade !
Cette année, le mardi gras — qui bénéficiait cependant d'une
température inespérée — a manqué d'entrain : la preuve en est
que la police n'a procédé, sur les boulevards, qu'à 547 arrestations.
Quand un mardi gras est vraiment réussi, le chiffre des arres-
tations dépasse mille...
Je dois cependant reconnaître que le dernier mardi gras a
marqué, sur ses prédécesseurs, un réel progrès : le nombre des
femmes travesties m'a paru considérable. Et les femmes étaient
souvent jolies et les costumes étaient toujours très légers... La
plupart de ces aimables masques se promenaient les jambes
nues et comme ces jambes étaient bien faites, le spectacle
n'avait rien de désagréable.
Je vous entends, vous dites :
— Parbleu, c'étaient des professionnelles, de simples grues!...
Pas toutes...
J'ai reconnu, par exemple, deux charmantes dactylographes
qui se promenaient sur le boulevard en exhibant de gracieuses
guibolles sur lesquelles la culotte finissait tôt et les chaussettes
commençaient tard...
Comme je les complimentais et leur proposais respectueuse-
ment une vadrouille à Montmartre, elles me répondirent avec
une ingénuité touchante :
— Impossible!... Maman veut absolument que nous soyons
rentrées de bonne heure...
— C'est-à-dire?
— A deux heures du matin : nous sommes des filles hon-
nêtes !...
C'est inouï ce que les femmes ont une tendance à nous montrer
leur peau... Dés que Carnaval autorise quelques entorses à la
« morale publique » ou que la mode autorise, dans les salons, des
déshabillages intensifs, elles n'hésitent pas!...
Supposez qu'un jour d'été, lorsqu'il fait très chaud, un bon
monarque dans le genre du roi Pausole signe le décret suivant:
Art. 1er. — Tout est permis aux femmes pendant vingt-quatre
heures.
Art. 2. — M. le sénateur inamovible Bérenger sera exilé pen-
dant ce même laps de temps du territoire de la République.
Eh bien, je parie que le nombre des femmes — pas toutes per-
dues — qui se promèneraient dans le costume d'Eve serait
incalculable.
Un philosophe de mes amis me disait :
— Observez chez les femmes la première manifestation de la
folie, de l'ivresse, enfin d'un état où elles perdent soudain toute
discipline, toute hypocrisie...: cela consiste presque toujours à
se f... toutes nues.
Et mon ami, qui appartenait à l'école de Diogène le Cynique,
employait une expression beaucoup plus... catégorique!
*
* *
En somme, le droit de se f... toute nue, c'est un peu ce que
réclame notre charmante consœur Mme Valentine de Saint-Point.
Cette dame qui a signé plus d'un bouquin et bu plus d'un
verre d'eau devant un tapis vert, cette dame est futuriste et une
futuriste emballée.
Quand une femme s'emballe, c'est toujours pour une question
de... cœur. Donc, Mme Valentine de Saint-Point vient de lancer le
Manifeste futuriste
DE LA
LUXURE
Pour vous, pour moi, la luxure, c'est tout simplement la bête
à deux dos : les dos peuvent même être plus de deux. Et ma
foi, quand nous sommes luxurieux, de corps et de consentement,
nous n'allons pas chercher midi à quatorze heures: nous goûtons
notre plaisir en bons garçons ou en bonnes filles...
Mme Valentine de Saint-Point n'est pas de cette école. Pour
elle, la bête à deux dos a quelque chose d'apocalyptique... Elle
écrit: « La luxure, c'est l'expression d'un être projeté au delà de
lui-même; c'est la joie douloureuse (mais non, chère madame)
l'avocat. — Vous acquitterez mon client, car la Société seule est coupable. Si elle lui avait fourni une automobile, il n'aurait pas eu
besoin d'en emprunter une, et si elle lui avait donné cent mille francs de rente, il n'aurait pas été dans l'obligation de tuer un garçon de recette.
Dessin de F. Masereel.
Une indisposition subite de notre collaborateur et ami,
Lucien Métivet, nous prive cette semaine de ses spirituels
échos. Nous adressons à l'excellent humoriste nos meilleurs
vœux de prompt rétablissement. N. D. L. R.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Non, certes, le carnaval n'est pas mort, mais il est bien
malade !
Cette année, le mardi gras — qui bénéficiait cependant d'une
température inespérée — a manqué d'entrain : la preuve en est
que la police n'a procédé, sur les boulevards, qu'à 547 arrestations.
Quand un mardi gras est vraiment réussi, le chiffre des arres-
tations dépasse mille...
Je dois cependant reconnaître que le dernier mardi gras a
marqué, sur ses prédécesseurs, un réel progrès : le nombre des
femmes travesties m'a paru considérable. Et les femmes étaient
souvent jolies et les costumes étaient toujours très légers... La
plupart de ces aimables masques se promenaient les jambes
nues et comme ces jambes étaient bien faites, le spectacle
n'avait rien de désagréable.
Je vous entends, vous dites :
— Parbleu, c'étaient des professionnelles, de simples grues!...
Pas toutes...
J'ai reconnu, par exemple, deux charmantes dactylographes
qui se promenaient sur le boulevard en exhibant de gracieuses
guibolles sur lesquelles la culotte finissait tôt et les chaussettes
commençaient tard...
Comme je les complimentais et leur proposais respectueuse-
ment une vadrouille à Montmartre, elles me répondirent avec
une ingénuité touchante :
— Impossible!... Maman veut absolument que nous soyons
rentrées de bonne heure...
— C'est-à-dire?
— A deux heures du matin : nous sommes des filles hon-
nêtes !...
C'est inouï ce que les femmes ont une tendance à nous montrer
leur peau... Dés que Carnaval autorise quelques entorses à la
« morale publique » ou que la mode autorise, dans les salons, des
déshabillages intensifs, elles n'hésitent pas!...
Supposez qu'un jour d'été, lorsqu'il fait très chaud, un bon
monarque dans le genre du roi Pausole signe le décret suivant:
Art. 1er. — Tout est permis aux femmes pendant vingt-quatre
heures.
Art. 2. — M. le sénateur inamovible Bérenger sera exilé pen-
dant ce même laps de temps du territoire de la République.
Eh bien, je parie que le nombre des femmes — pas toutes per-
dues — qui se promèneraient dans le costume d'Eve serait
incalculable.
Un philosophe de mes amis me disait :
— Observez chez les femmes la première manifestation de la
folie, de l'ivresse, enfin d'un état où elles perdent soudain toute
discipline, toute hypocrisie...: cela consiste presque toujours à
se f... toutes nues.
Et mon ami, qui appartenait à l'école de Diogène le Cynique,
employait une expression beaucoup plus... catégorique!
*
* *
En somme, le droit de se f... toute nue, c'est un peu ce que
réclame notre charmante consœur Mme Valentine de Saint-Point.
Cette dame qui a signé plus d'un bouquin et bu plus d'un
verre d'eau devant un tapis vert, cette dame est futuriste et une
futuriste emballée.
Quand une femme s'emballe, c'est toujours pour une question
de... cœur. Donc, Mme Valentine de Saint-Point vient de lancer le
Manifeste futuriste
DE LA
LUXURE
Pour vous, pour moi, la luxure, c'est tout simplement la bête
à deux dos : les dos peuvent même être plus de deux. Et ma
foi, quand nous sommes luxurieux, de corps et de consentement,
nous n'allons pas chercher midi à quatorze heures: nous goûtons
notre plaisir en bons garçons ou en bonnes filles...
Mme Valentine de Saint-Point n'est pas de cette école. Pour
elle, la bête à deux dos a quelque chose d'apocalyptique... Elle
écrit: « La luxure, c'est l'expression d'un être projeté au delà de
lui-même; c'est la joie douloureuse (mais non, chère madame)
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1913
Entstehungsdatum (normiert)
1908 - 1918
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, N.S. 1913, No. 524 (15 Février 1913), S. 3
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg