AUTOPSIE
DISTINGUONS
A la suite d'une échauffourée qui se produisit certain soir
devant la porte Saint-Denis, on ramassa sur la chaussée un in-
connu qui baignait dans une mare de sang.
Ce genre de bain, fréquemment ordonné jadis par les méde-
cins, pour guérir l'anémie, est réputé chose fort salutaire, — mais
à la condition expresse que le malade ne se baigne pas dans
son propre sang.
C'était le cas de l'individu qu'on ramassa devant la porte Saint-
Denis; et cela ne lui avait pas été, en effet, très favorable, car
on constata qu'il était mort.
On le porta au commissariat de la rue Thorel, où un médecin
fut mandé d'urgence, pour établir sommairement la cause de ce
mystérieux décès.
Après un minutieux examen, l'homme de l'art, qui était une
des lumières de la science moderne, n'hésita pas à déclarer :
— Le trépas de ce citoyen me semble devoir être attribuable
à un arrêt complet des fonctions vitales... Je ne crois pas me
tromper en affirmant que cet arrêt est irrévocable... Le prix de
mes visites est fixé à cinq francs, plus cinquante centimes pour
le droit des pauvres.
— Attendez! ne vous en allez, pas! dit le commissaire, en le
retenant par un bouton de sa jaquette... J'ai encore besoin de
vous... Il faut que vous me fassiez l'autopsie de ce gaillard-là.
— Pour quoi faire?
— Pour savoir s'il est mort de sa mort naturelle.
— En ce cas, prêtez-le-moi, dit le médecin... Je vais l'empor-
ter chez moi, et je vous le rendrai demain matin, avec la ré-
ponse.. .
— Soit, mais ne me le perdez pas : j'en suis responsable.
— Ne craignez rien; je vais vous signer un reçu en échange...
Là-dessus, il emporta son trépassé, qui n'était autre qu'un M„ . , _ , - , ,
- r» -h t i„ a 1 ■ ■ j ■ - ~- Ma bonne dame, donnez-moi quelque chose..., des vieux vète-
nomme Papailloutte, tondeur de chiens, crieur de îournaux, et , ,, . „ , H H
donneur de coups de mains en tous genres. Dieu ait son âme! mente-. : ma culotte est fendue...
Le lendemain matin, l'esculape, qui avait passé la nuit à le — Mais, mon brave..., la mienne aussi ! rçessin de J. Plumet.
charcuter, restitua fidèlement au commissaire le corps, ou pour
mieux dire les rogatons du sieur Papailloutte. — Ah! bah!... vous êtes sûr?
— Eh bien, docteur? demanda le magistrat. — Absolument sûr!
— Eh bien, monsieur le commissaire, je dois vous avertir — Et de quoi est-il mort, s'il vous plaît?
qu'il est impossible de délivrer le permis d'inhumer: cet homme — D'un coup de revolver.
n'est pas mort de mort naturelle. . Le commissaire, à ces mots, devint hostile et sardonique :
LES BLEUS
C'est pas pour dire, mon poteau : il est rien moche, le suisse !
Il est de la réserve, probablement ! Dessin de J. Villehot.
COINTREA
DISTINGUONS
A la suite d'une échauffourée qui se produisit certain soir
devant la porte Saint-Denis, on ramassa sur la chaussée un in-
connu qui baignait dans une mare de sang.
Ce genre de bain, fréquemment ordonné jadis par les méde-
cins, pour guérir l'anémie, est réputé chose fort salutaire, — mais
à la condition expresse que le malade ne se baigne pas dans
son propre sang.
C'était le cas de l'individu qu'on ramassa devant la porte Saint-
Denis; et cela ne lui avait pas été, en effet, très favorable, car
on constata qu'il était mort.
On le porta au commissariat de la rue Thorel, où un médecin
fut mandé d'urgence, pour établir sommairement la cause de ce
mystérieux décès.
Après un minutieux examen, l'homme de l'art, qui était une
des lumières de la science moderne, n'hésita pas à déclarer :
— Le trépas de ce citoyen me semble devoir être attribuable
à un arrêt complet des fonctions vitales... Je ne crois pas me
tromper en affirmant que cet arrêt est irrévocable... Le prix de
mes visites est fixé à cinq francs, plus cinquante centimes pour
le droit des pauvres.
— Attendez! ne vous en allez, pas! dit le commissaire, en le
retenant par un bouton de sa jaquette... J'ai encore besoin de
vous... Il faut que vous me fassiez l'autopsie de ce gaillard-là.
— Pour quoi faire?
— Pour savoir s'il est mort de sa mort naturelle.
— En ce cas, prêtez-le-moi, dit le médecin... Je vais l'empor-
ter chez moi, et je vous le rendrai demain matin, avec la ré-
ponse.. .
— Soit, mais ne me le perdez pas : j'en suis responsable.
— Ne craignez rien; je vais vous signer un reçu en échange...
Là-dessus, il emporta son trépassé, qui n'était autre qu'un M„ . , _ , - , ,
- r» -h t i„ a 1 ■ ■ j ■ - ~- Ma bonne dame, donnez-moi quelque chose..., des vieux vète-
nomme Papailloutte, tondeur de chiens, crieur de îournaux, et , ,, . „ , H H
donneur de coups de mains en tous genres. Dieu ait son âme! mente-. : ma culotte est fendue...
Le lendemain matin, l'esculape, qui avait passé la nuit à le — Mais, mon brave..., la mienne aussi ! rçessin de J. Plumet.
charcuter, restitua fidèlement au commissaire le corps, ou pour
mieux dire les rogatons du sieur Papailloutte. — Ah! bah!... vous êtes sûr?
— Eh bien, docteur? demanda le magistrat. — Absolument sûr!
— Eh bien, monsieur le commissaire, je dois vous avertir — Et de quoi est-il mort, s'il vous plaît?
qu'il est impossible de délivrer le permis d'inhumer: cet homme — D'un coup de revolver.
n'est pas mort de mort naturelle. . Le commissaire, à ces mots, devint hostile et sardonique :
LES BLEUS
C'est pas pour dire, mon poteau : il est rien moche, le suisse !
Il est de la réserve, probablement ! Dessin de J. Villehot.
COINTREA
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Distinguons!; Les Bleus
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Inschrift/Wappen/Marken
Transkription
- Ma bonne dame, donnez-moi quelque chose..., des vieux vètements...: ma culotte est fendue... - Mais, mon brave..., la mienne aussi!
Anbringungsort/Beschreibung
Bildunterschrift Bild 1
Transkription
- C'est pas pour dire, mon poteau: il est rien moche, le suisse! - Il est de la réserve, probablement!
Anbringungsort/Beschreibung
Bildunterschrift Bild 2
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1913
Entstehungsdatum (normiert)
1908 - 1918
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, N.S. 1913, No. 557 (4 Octobre 1913), S. 11 Universitätsbibliothek Heidelberg
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg