UNE FEMME D'AFFAIRES
INTIMITE
— Sa femme a toujours su lui gagner de l'argent : elle s'a fait écraser par une auto; eh ben, ça y a rapporté des rentes.
Dessin de P. Falké.
C'était un petit homme, pusillanime et méticuleux, qui n'ai- trangler ce cocu... ce cocu, qui avait une maîtresse. Quel
mait guère ces brusques entrées; il eut peur que Robert ne toupet!... Le sang lui faisait éclater la tête. Il lui fallait de l'air,
cassât un bibelot; il le fit asseoir. et tout de suite. Alors, il sortit, claqua la porte, et il criait tout
— Calme-toi. Qu'est-ce qu'il y a? haut, en dégringolant l'escalier.
— Il y a... La joie m'étouffe!... Mon vieux, tuas... tu as gagné — 0h ! le cochon ! Une fourrure de 800 francs! 800 francs à
le gros lot! moi!... Oh! non, mais le cochon! René Benjamin.
— Non?
— On te l'apporte dans un quart d'heure!
— Et qu'est-ce que c'est?
— Une fourrure de 800 francs!
— Pour moi?
Robert éclata de rire : —Non! Une fourrure de femme !
— Ah ! de femme?
— Et puisque tu es marié !...
— Chut!... Ne parle pas si haut.
En disant cela, il se leva, le petit homme, et devant Robert
surpris, il regarda sous la tenture si la porte était bien fermée.
Puis, il vint se rasseoir, et il dit à voix basse : — Robert, es-tu
un véritable ami?
L'autre reprit : —■ Eh bien, voyons!
— Capable de garder un secret?
— Je t'en ai déjà gardés!
— Alors, écoute bien... J'ai une maîtresse, mon cher.
— Non ?
Robert s'était dressé, dans un sursaut, que l'autre comprit mal.
— Ne t'indigne pas. Je sais que c'est une crasse à ma femme;
mais que veux-tu, j'ai toujours été un homme passionné ! —
(Robert ne bronchait plus, abasourdi.) Alors, puisque je gagne
une fourrure... c'est à ma maîtresse que je veux l'offrir.
— Non? rugit de nouveau Robert.
— Si, si !... Et il n'y a rien à m'objecter... Il ne fallait pas me
faire prendre de billet...
— De billet!... Ah! si j'avais su!
Robert bredouillait, bafouillait; il était cramoisi. Et le mari
reprit encore : « Je te dégoûte? Hélas! c'est le fatal amour! »
— L'amour! fit Robert. Tu oses parler d'amour!
Il s'arrêta. Il était furibond, mais impuissant. Que faire? Que — Attends un peu et j'vas fmontrer si j'ai jamais eu de but dans
dire? Le livreur allait arriver, et il avait presque envie d'é- la vie... • Dessin de J. dharm.
INTIMITE
— Sa femme a toujours su lui gagner de l'argent : elle s'a fait écraser par une auto; eh ben, ça y a rapporté des rentes.
Dessin de P. Falké.
C'était un petit homme, pusillanime et méticuleux, qui n'ai- trangler ce cocu... ce cocu, qui avait une maîtresse. Quel
mait guère ces brusques entrées; il eut peur que Robert ne toupet!... Le sang lui faisait éclater la tête. Il lui fallait de l'air,
cassât un bibelot; il le fit asseoir. et tout de suite. Alors, il sortit, claqua la porte, et il criait tout
— Calme-toi. Qu'est-ce qu'il y a? haut, en dégringolant l'escalier.
— Il y a... La joie m'étouffe!... Mon vieux, tuas... tu as gagné — 0h ! le cochon ! Une fourrure de 800 francs! 800 francs à
le gros lot! moi!... Oh! non, mais le cochon! René Benjamin.
— Non?
— On te l'apporte dans un quart d'heure!
— Et qu'est-ce que c'est?
— Une fourrure de 800 francs!
— Pour moi?
Robert éclata de rire : —Non! Une fourrure de femme !
— Ah ! de femme?
— Et puisque tu es marié !...
— Chut!... Ne parle pas si haut.
En disant cela, il se leva, le petit homme, et devant Robert
surpris, il regarda sous la tenture si la porte était bien fermée.
Puis, il vint se rasseoir, et il dit à voix basse : — Robert, es-tu
un véritable ami?
L'autre reprit : —■ Eh bien, voyons!
— Capable de garder un secret?
— Je t'en ai déjà gardés!
— Alors, écoute bien... J'ai une maîtresse, mon cher.
— Non ?
Robert s'était dressé, dans un sursaut, que l'autre comprit mal.
— Ne t'indigne pas. Je sais que c'est une crasse à ma femme;
mais que veux-tu, j'ai toujours été un homme passionné ! —
(Robert ne bronchait plus, abasourdi.) Alors, puisque je gagne
une fourrure... c'est à ma maîtresse que je veux l'offrir.
— Non? rugit de nouveau Robert.
— Si, si !... Et il n'y a rien à m'objecter... Il ne fallait pas me
faire prendre de billet...
— De billet!... Ah! si j'avais su!
Robert bredouillait, bafouillait; il était cramoisi. Et le mari
reprit encore : « Je te dégoûte? Hélas! c'est le fatal amour! »
— L'amour! fit Robert. Tu oses parler d'amour!
Il s'arrêta. Il était furibond, mais impuissant. Que faire? Que — Attends un peu et j'vas fmontrer si j'ai jamais eu de but dans
dire? Le livreur allait arriver, et il avait presque envie d'é- la vie... • Dessin de J. dharm.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Une femme d'affaires; Intimité
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1913
Entstehungsdatum (normiert)
1908 - 1918
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
Le rire, N.S. 1913, No. 563 (15 Novembre 1913), S. 7
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg