SON VIEUX DIEU RIGOLE
— Tiens ! il m’implore ! L’an dernier, il me donnait des ordres.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Petite curieuse histoire émanant d’un journal américain, le
Boston post, qui n’est pas, comme son nom le pourrait faire
croire, l’organe officiel de la valse glissée, mais un grand organe
connu pour sa gravité.
L’ambassadeur américain à Berlin, M. Gérard, se serait plaint
au ministre de l’intérieur, à Washington, que ni lui ni ses atta-
chés ne peuvent plus trouver à Berlin, entre autres articles de
toilette, les cravates dont ils font usage habituellement.
L’Allemagne va-t-elle créer les cartes de cravates, de bretelles
et de jarretelles, comme elle a déjà institué les cartes de pain et
de beurre? Ce serait un effet inattendu du blocus.
En attendant, on prétend dans les milieux bien informés que
M. Wilson rédige selon son habitude note sur note, et va enjoindre
aux Alliés de laisser ravitailler l’Allemagne en colifichets mas-
culins.
Pour parer au plus pressé, un croiseur américain aurait déjà
quitté New-York à toute vapeur avec une cargaison de cravates,
filant (évidemment à cause de la nature même de cette cargaison)
cinquante nœuds à l’heure. Le croiseur en question aurait choisi
comme point d'atterrissage en Allemagne le port de Kiel parce
que c’est la ville des régates par excellence.
*
* *
Notre confrère Henry de Forge qui est rédacteur en chef, en
temps de paix, du pimpant et galant Fantasio, et rédacteur en
chef, en temps de guerre, de l'Echo des marmites, vient de
fonder avec l’appui de ce dernier petit journal une société qui
porte ce titre, un peu étrange au premier abord : La tête de loup.
La tête de loup n’est point, comme on le pourrait croire, un
groupement de veneurs avides de venger le Petit Chaperon
Rouge... Non! C’est une réunion de mobilisés qui prétend faire
justice après la guerre de ce proverbe brutal : « Qui va à la chasse
perd sa place ! » Les mobilisés qui sont allés de bon cœur à la
chasse aux Boches n’admettent pas que pendant leur absence des
non mobilisables pour raisons diverses chaussent leurs pantoufles
et s’installent dans leurs fauteuils avec la pensée d’une possession
définitive. Ils n’admettent pas que ces remplaçants entonnent
victorieusement une Marseillaise appropriée :
Nous entrerons dans la carrière
En l’absence de nos poilus !
Nous y trouverons leur salaire
Et nous ne le lâcherons plus !
Les poilus sont bien décidés à mettre en pratique le proverbe
complémentaire du précédent qui est, comme chacun sait : « Qui
revient chasse son chien ! » Comme ils auront raison, tous les
braves Jeannot-lapin qui reviendront, de ficher rudement à la
porte de leurs terriers toutes les dames belettes sans vergogne,
de bouter hors de leurs petits fromages tous les rats sans scru-
pules, de pousser brutalement hors de leurs nids professionnels
tous les coucous arrivistes qui ne déguerpiront pas de bon cœur!
Mais, direz-vous, pourquoi la tête de loup ? Là tête de loup
dont il s’agit ici c’est ce balai en boule, emmanché au bout d’une
très longue perche, et dont on se sert pour aller déranger la
poussière et les araignées dans les coins des corniches les plus
inaccessibles. Ainsi M. Henry de Forge et ses associés se pro-
posent-ils d’aller, après la guerre, troubler la sérénité des
profiteurs qui se cramponneront dans les postes soufflés aux
mobilisés. La tête de loup sera — qui l’eût cru ? — l’arme des
moutons enragés! Si le maniement de la tête de loup, côté des
crins, ne suffit pas, ces messieurs (ils y paraissent décidés)
prendront le côté du manche pour se faire rendre justice, et
leurs Fplaces... Après l’union sacrée, le gnon sacré 1 Et qui,
dans l’occurrence, n’applaudira pas des deux mains les poilus
justiciers ?
*
* *
Je ne pense pas que l’on ait vu, depuis qu’il existe une élo-
quence parlementaire, et dont on s’amuse, une perle' comparable
à la délicieuse boutade échappée à l’honorable M. Latappy,
doyen d’âge du Sénat, ouvrant par une allocution de cir-
constance cette Chambre des pairs, et même des grands-
pères.
« Permettez-moi de vous dire, a distillé textuellement M. La-
tappy, qu’une longue expérience m'a appris que la longévité se
— Tiens ! il m’implore ! L’an dernier, il me donnait des ordres.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Petite curieuse histoire émanant d’un journal américain, le
Boston post, qui n’est pas, comme son nom le pourrait faire
croire, l’organe officiel de la valse glissée, mais un grand organe
connu pour sa gravité.
L’ambassadeur américain à Berlin, M. Gérard, se serait plaint
au ministre de l’intérieur, à Washington, que ni lui ni ses atta-
chés ne peuvent plus trouver à Berlin, entre autres articles de
toilette, les cravates dont ils font usage habituellement.
L’Allemagne va-t-elle créer les cartes de cravates, de bretelles
et de jarretelles, comme elle a déjà institué les cartes de pain et
de beurre? Ce serait un effet inattendu du blocus.
En attendant, on prétend dans les milieux bien informés que
M. Wilson rédige selon son habitude note sur note, et va enjoindre
aux Alliés de laisser ravitailler l’Allemagne en colifichets mas-
culins.
Pour parer au plus pressé, un croiseur américain aurait déjà
quitté New-York à toute vapeur avec une cargaison de cravates,
filant (évidemment à cause de la nature même de cette cargaison)
cinquante nœuds à l’heure. Le croiseur en question aurait choisi
comme point d'atterrissage en Allemagne le port de Kiel parce
que c’est la ville des régates par excellence.
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Notre confrère Henry de Forge qui est rédacteur en chef, en
temps de paix, du pimpant et galant Fantasio, et rédacteur en
chef, en temps de guerre, de l'Echo des marmites, vient de
fonder avec l’appui de ce dernier petit journal une société qui
porte ce titre, un peu étrange au premier abord : La tête de loup.
La tête de loup n’est point, comme on le pourrait croire, un
groupement de veneurs avides de venger le Petit Chaperon
Rouge... Non! C’est une réunion de mobilisés qui prétend faire
justice après la guerre de ce proverbe brutal : « Qui va à la chasse
perd sa place ! » Les mobilisés qui sont allés de bon cœur à la
chasse aux Boches n’admettent pas que pendant leur absence des
non mobilisables pour raisons diverses chaussent leurs pantoufles
et s’installent dans leurs fauteuils avec la pensée d’une possession
définitive. Ils n’admettent pas que ces remplaçants entonnent
victorieusement une Marseillaise appropriée :
Nous entrerons dans la carrière
En l’absence de nos poilus !
Nous y trouverons leur salaire
Et nous ne le lâcherons plus !
Les poilus sont bien décidés à mettre en pratique le proverbe
complémentaire du précédent qui est, comme chacun sait : « Qui
revient chasse son chien ! » Comme ils auront raison, tous les
braves Jeannot-lapin qui reviendront, de ficher rudement à la
porte de leurs terriers toutes les dames belettes sans vergogne,
de bouter hors de leurs petits fromages tous les rats sans scru-
pules, de pousser brutalement hors de leurs nids professionnels
tous les coucous arrivistes qui ne déguerpiront pas de bon cœur!
Mais, direz-vous, pourquoi la tête de loup ? Là tête de loup
dont il s’agit ici c’est ce balai en boule, emmanché au bout d’une
très longue perche, et dont on se sert pour aller déranger la
poussière et les araignées dans les coins des corniches les plus
inaccessibles. Ainsi M. Henry de Forge et ses associés se pro-
posent-ils d’aller, après la guerre, troubler la sérénité des
profiteurs qui se cramponneront dans les postes soufflés aux
mobilisés. La tête de loup sera — qui l’eût cru ? — l’arme des
moutons enragés! Si le maniement de la tête de loup, côté des
crins, ne suffit pas, ces messieurs (ils y paraissent décidés)
prendront le côté du manche pour se faire rendre justice, et
leurs Fplaces... Après l’union sacrée, le gnon sacré 1 Et qui,
dans l’occurrence, n’applaudira pas des deux mains les poilus
justiciers ?
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Je ne pense pas que l’on ait vu, depuis qu’il existe une élo-
quence parlementaire, et dont on s’amuse, une perle' comparable
à la délicieuse boutade échappée à l’honorable M. Latappy,
doyen d’âge du Sénat, ouvrant par une allocution de cir-
constance cette Chambre des pairs, et même des grands-
pères.
« Permettez-moi de vous dire, a distillé textuellement M. La-
tappy, qu’une longue expérience m'a appris que la longévité se
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Son vieux Dieu rigole
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
Le rire rouge: édition de guerre du journal le rire
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: - Tiens! il m'implore! L'an dernier, il me donnait des ordres.
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsdatum
um 1916
Entstehungsdatum (normiert)
1911 - 1921
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
Le rire rouge, 1916, No. 63 (29 Janvier 1916), S. 3
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg