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L' Exposition de Paris (1900) (Band 2) — Paris, 1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.1829#0249
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Q20

ENCYCLOPÉDIE DU SIÈCLE.

AU QUAI D'ORSAY

Le Pavillon royal de l'Espagne

L'architecture espagnole est assez mal connue
en France. Tandis que les publications abon-
dent sur l'Italie, par exemple, et que les moindres
monuments de celte contrée ont été décrits avec

Griffon à tête Illumine.

amour et minutie, on peut compter les ouvrages
qui traitent en détail de l'Espagne monumentale,
sauf peut-être en ce qui concerne l'architecture
mauresque, et encore! D'autre part, les touristes
ne franchissent pas volontiers les Pyrénées, tan-
dis que la tournée en Italie est, pour ainsi dire,
chose obligée pour quiconque s'occupe d'art,
peu ou prou.

Et, cependant, que do villes magnifiques et
pittoresques offrant, à l'élude et à l'admiration,
les spécimens les plus curieux de l'art de con-
struire!

Pendant la suite des siècles, l'Espagne a
suivi le mouvement général qui modifiait, étape
par étape, les formes architecturales; mais en
imprégnant les édifices qu'elle construisait d'une
allure locale, éminemment originale. C'est
ainsi que se sont déroulées
les différentes périodes de
l'art gothique, eu son essor,
en son épanouissement, et
en sa décadence; mais avec
des formules toutes particu-
lières; car il y eut, même
dans le gothique, pénétra-
tion intime de l'art mau-
resque. Musulmans et chré-
tiens se battaient de bon
cœur; néanmoins, ils se
rendaient justice. Et comme
li civilisation andalouse
brillait d'un éclat resplen-
dissant, alors que la Cas-

tille, entièrement adonnée aux armes, négli-
geait les superfluités de l'art, on vit des princes
chrétiens emprunter des architectes aux musul-
mans, et leur commettre le soin de
construire des édifices religieux. Ceux-
ci se conformaient aux idées chrétiennes,
pour le plan général; dans l'ornemen-
lalion, leurs habitudes reprenaient le
dessus. De là, uu amalgame des deux
styles, surtout sensible dans ce* orne-
mentations du xive et du xve siècle, qui
semblent imitées de la bijouterie en
filigrane, et que les Espagnols nomment
cresteria.

Au xvie siècle, après les victoires
de Ferdinand le Catholique, la race
espagnole devintprépondérante. Les arts
el les lettres prirent une magnifique
extension, et cette splendeur fut servie
par une prospérité inouïe, qui impu-
tait la puissance espagnole aux deux
hémisphères, et l'enrichissait des trésors
du Nouveau Monde. Il s'ensuivit une
fièvre de bâtir, qui se traduisit en édi-
fices sans nombre, d'une' magnificence
sans égale. L'Espagne subissait alors
ce mouvement d'évolution régressive,
commun à toute l'Europe, que l'on con-
naît sous le nom de Renaissance. Les
historiens espagnols ne veulent pas ad-
mettre que l'influence italienne ait créé
chez eux cette école d'art; ils prétendent
qu'elle est due, uniquement, à l'érudi-
tion de certains de leurs compatriotes,
et ils observent que le traité de Diego
Sagrado, chapelain de la reine Isabelle,
« les mesures du genre romain » (Medida del ro-
mano), fut publié en 1525, et que c'est le premier
ouvrage dans ce genre, non seulement en Espa-
gne, mais en France, puisque « la raison d'archi-
tecture, extraite de Vitruve et d'autres architectes
antiques » imprimée à Paris, par Colin, grande
rue Saint-Marcel, à l'enseigne des Quatre Evan-
gélistes, traduction littérale du traité de Sagrado,
ne parut qu'en 1542. Non seulement les Espa-
gnols revendiquent cette priorité, mais ils affir-
ment que la Renaissance espagnole a produit
des œuvres esthétiquement supérieures à ce que
cette époque a fourni en d'autres contrées. Cette
opinion est soutenue dans uu ouvrage important :
Espana artistlca y monumental et nous trou-
vons dans la préface, page 9, cette phrase signi-
ficative : « Su nieto el grande emperador Carlos
Quinto... nuestra arquilectura crece, se desar-
rallo se engalana, pone a contribution lopasado
y lo présente; es la primera entre lasprimeras» ;
qu'on peut traduire ainsi : « A l'époque de Charles
Quint, notre architecture grandit, se développe, se
pare; met à contribution le passé et le pivsent,

et s'affirme la première entre les premières ».

Notez qu'on citerait dix écrivains françaisré-

clamant la primauté pour notre pays : Français

— Crète ajourée couronnant ta grande

Ëcusson avec l'aig.e à deux têtes.

et Espagnols sont de bonne foi puisque, de par
leurs tendances propres et les différences du
caractère national, ils ne peuvent posséder uu
critérium commun. Cette digression n'avait
d'autre but que d'exposer l'importance et l'estime
que les Espagnols attribuent aux productions
ai chileclurales de la Renaissance, en leur tays.
Aussi, quand il s'agit d'élever un pavillon, con-
curremment avec les diverses nations étrangères
invitées à figurer à l'Exposition de 1 00, ils son-
gèrent à synthétiser, dans un édifice, cette bril-
lante époque de leurs arts nationaux.

Un choix fut fait parmi les édifices les plus
renommés, et une mosaïque se composa de frag-
ments typiques, chacun en son genre, mais il
fallait craindre l'effet de placage, unifier el fon-
dre ies noies diverses par d'habiles transition''.
D'autre part, les fragments uli isables n'étaient
pas tous à la môme échelle; on ne pouvait son-
ger à utiliser de simples moulages. On s'astrei-
gnit à un tiavail, dont on comprendra la di fi-
culU et la longueur : les types furent réduits et
modelés à la dimension voulue, el c'est Mir les
copies ainsi créées, que les moulages défi-
nitifs ont été pris. Les plans ont été dress's
par M. José Urioste y Velada, architecte, qui
a surveillé cette mise à exécution, avec une
conscience aussi artistique que méticuleuse.

Le Pavillon royal d'Espagne est situé, en
bordure de la Seine, entre le Pavillon d'Alle-
magne et celui de la principauté de Monaco.
11 couvre un rectangle de 25 mètres sur
28 m. 50, auquel est accolé, à l'angle est, une
tour de 8 mètres sur 8 mètres, et d'une hau-
teur de 26 mètres. Cette tour n'est pas là, à
l'état de fantaisie; on retrouve cet élément de
construction, dans un grand nombre de palais
de la Renaissance ; il y intervenait comme un
souvenir des anciens châteaux féodaux. Le
bâtiment, proprement dit, se compose de deux
grandes salles allongées, perpendiculaires au
cours de la Seine, encadrant une cour à colon-
ade, le patio, qu'on retrouve dans l'archi-
clure arabe ou mauresque, et qui vient
iême de plus loin, puisque cette disposition
eproduit l'impluvium de la. maison antique.
Le patio est un refuge précieux dans les jours
 
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