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Coignet, Jules [Hrsg.]; Achard, Amédée [Hrsg.]
Bade et ses environs — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.11216#0025
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LE VIEUX CHATEAU.

sions. Ici c'est un banc sur un mamelon qu'égayé une prairie -, là c'est un kiosque de chaume d'où la
vue plonge dans la vallée ; plus haut c'est une fontaine, la fontaine de Sophie, dont l'eau cristalline
et fraîche murmure dans un bassin de pierre et fuit sous la mousse. Toujours on marche à l'ombre
des grands arbres, et les senteurs balsamiques de la forêt vous caressent et vous raniment.

Deux larges portes en ogives vous introduisent dans le vieux château. Dès l'abord, des arbres sécu-
laires suspendus aux murs vous accueillent. De ce qui fut une forteresse il ne reste plus que de grands
pans de murailles percés çà et là de fenêtres et de meurtrières, une vaste cour à ciel ouvert, un puits
aux deux tiers comblé, des salles et des chambres crevassées et sans toit, et une haute tour carrée qui
couronne cet ensemble effrayant de décombres.

Des escaliers de bois, unis çà et là à des escaliers de pierre, permettent de gravir jusqu'aux plus
hautes murailles suspendues dans le vide. Bade est à vos pieds ; ce ruban vert qui s'efface dans un pli
de la colline, c'est l'avenue de Lichtenthal. Vous voyez la cathédrale et le jardin du grand-duc. Plus
loin, derrière ces peupliers dont la double rangée mène au pavillon de chasse, s'étend la plaine où
Rastadt est assis.

Cette tour si frêle que vous voyez là-bas, perdue dans un océan de verdure, c'est la tour d'Yburg.

Quelquefois un bruit sourd trouble le silence ; vous tournez la tète, et un léger flocon de fumée
blanchit dans la plaine. C'est le canon de Rastadt, ville fédérale, qui vient de se faire entendre.

Un escalier qui s'appuie aux parois de la tour permet de monter jusqu'à son sommet où une solide
plate-forme de dalles défendue par un vigoureux parapet rassure les curieux. De cette hauteur la vue
embrasse un cercle immense où la grâce des lignes se mêle à l'harmonie des couleurs. Si vous approchez
le regard de cette longue-vue que le gardien de la tour vous présente, vous pourrez voir les fortifi-
cations de Rastadt et les soldats manœuvrant dans la cour des casernes, la flèche de Strasbourg noyée
dans la brume, fantaisie de pierre qui partout domine le paysage, le cours lumineux du Rhin, les
villages répandus dans la plaine, et la tour d'Yburg qui couronne une montagne toute noire de
sapins.

Un espace ménagé devant le vieux château est garni de tables autour desquelles les touristes ne
manquent pas de s'asseoir pour déjeuner. De grands arbres les protègent de leur ombre, et bientôt on
a la preuve que la forteresse, malgré sa mine farouche, sait encore donner l'hospitalité. Si le ciel est
bien, on dine en plein air; si les nuages accourent de l'horizon, on trouve un asile dans le vieux
château. A gauche de l'entrée, derrière cet escalier à demi rompu qui semble s'ouvrir sur le vide,
il est une salle que l'on a pu conserver et dont les épaisses murailles percées de fenêtres à ogives
cachent d'élégantes tentures, des lustres étincelants, et ces recherches du luxe qui rappellent les villes
civilisées.

La pluie peut tomber à présent. Le vin du Rhin pétille dans les verres !

Le vieux château servait jadis de résidence aux margraves de Bade qui descendaient de l'illustre et
souveraine maison de Zamringen. Pendant bien des siècles cette race guerrière y grandit au milieu des
luttes jusqu'au jour où Christophe, fils aîné et successeur de Charles Ier, abandonna le burg féodal,
en 1479, et fit construire à Bade même, au-dessus de la ville, le nouveau château, qui subsiste encore
aujourd'hui, restauré et embelli par le grand-duc Léopold.

Le burg était abandonné, la guerre le ruina. Mais tel qu'il est à présent, on peut encore par la
pensée reconstruire l'immense forteresse, relever ses puissantes murailles abattues, exhausser ses tours
crénelées, en assujettir les voûtes épaisses, armer les remparts de mâchicoulis, rendre aux portes leurs
lourdes herses, déblayer les salles d'armes, arracher les érables qui s'arc-boutent contre les murs et se
suspendent aux escaliers, et alors on verra le château avec cet ensemble immense et majestueux de
fortifications qui le rendait formidable à toute la contrée.

Le grand-duc Léopold a voulu que les voyageurs le pussent visiter sans danger. Par son ordre on a
jeté de légers escaliers de bois et des galeries sur les parties que les ravages de la guerre avaient ren-
dues impraticables. Ou a même suspendu des harpes éoliennes dans des fenêtres exposées au vent, sur
 
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