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Coignet, Jules [Hrsg.]; Achard, Amédée [Hrsg.]
Bade et ses environs — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.11216#0042
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CASCADE DE GEROLSAU.

Des prairies bordent le ruisseau, le long duquel sont assis des moulins et des scieries. On entend
le bruit des roues qui frappent l'eau.

D'un côté les sapins descendent jusque sur la route, de l'autre ils touchent à la prairie. La vallée
est prise entre deux forets.

Des chaumières tapies entre des noyers et des tilleuls égayent le paysage qu'anime le bruit du cours
d'eau.

Çà et là de grandes pièces de toile qui blanchissent au soleil piquent la verdure des prés. Des chalets,
que trahissent de minces filets de fumée, apparaissent entre les sapins.

On rencontre des chariots traînés par des bœufs; sous l'ombre des bois, des enfants s'appellent et
badinent en cherchant des framboises.

Des femmes battent le linge au bord de l'eau ou conduisent les vaches à l'abreuvoir fait d'un tronc
d'arbre creux.

Des paysans passent la faux sur l'épaule.

Bientôt la vallée se resserre; les deux montagnes, un instant séparées, se rapprochent; le ruisseau
se précipite dans son lit trop étroit et tout encombré de quartiers de roches polies. On le voit par
intervalles ; il bouillonne sous le massif des branches qui le dérobent.

Partout de grands arbres qui montent comme des flèches et cherchent la lumière. Un bruit sourd
perce leur profondeur et s'accroît de minute en minute. La route rampe aux flancs de la montagne,
qu'elle entaille.

Enfin le bruit éclate ; la vallée, étranglée, ne laisse plus passage qu'au ruisseau devenu torrent. Il
tombe du haut d'un rocher coupé à pic, se creuse un bassin, bouillonne, et court avec furie entre les
cailloux emportés par son élan.

Une vapeur d'eau monte de la cascade et couvre les parois du rocher de perles qui scintillent dans la
mousse.

Le spectateur aperçoit le torrent sauter de pierre en pierre, et se briser en écume à chaque
obstacle; il brille entre les arbres qui l'enserrent comme une lame d'argent, il frémit, il s'irrite,
il bouillonne. Mais bientôt le flot asservi se calme, s'apaise, et, dompté par l'homme, il se plie à
tourner la roue.

Ce torrent qui s'échappe avec tant de fracas et de tumulte, les gourmets le saluent avec respect : il
est peuplé de truites.

Ces montagnes qui le dominent tle leurs escarpements, les chasseurs les parcourent avec délices :
elles cachent dans leurs retraites le coq de bruyère, la gélinotte et le chevreuil.

Mais tandis que le chasseur fouille au plus profond des gorges ou sur les âpres sommets, le touriste
admire cette nature si riche et si variée d'aspects où les paysages de la Suisse se marient aux paysages
des Cévennes.

Le noyer et le châtaignier y donnent leurs fruits, chers aux chaumières, le sapin y donne la résine et
le bois, la prairie y donne ses herbages.

La cascade, avec ses ponts légers suspendus sur le vide, ses profondes retraites dissimulées par
d'épais feuillage, son ravin sombre, sa belle eau qui scintille, est un lieu de rendez-vous agreste où
les baigneurs vont déjeuner le matin.

Le soir, doucement éclairée par les rayons de la lune, elle emprunte aux transparences mysté-
rieuses des nuits d'été un charme fantastique qui lui prête une grâce nouvelle. C'est l'heure des
longues rêveries.

Au delà de la cascade de Gerolsau, où des pavillons assis sur les rochers permettent de saisir tous
les aspects de ce frais ravin, le torrent court dans un vallon semé de bouquets d'arbres où se cachent
des chalets qu'une famille habite. Il n'est pas rare d'y rencontrer un touriste armé d'une longue
ligne. Il saute de pierre en pierre le long du bord, s'abrite derrière un buisson et cherche à surprendre
la truite.
 
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