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Coignet, Jules [Hrsg.]; Achard, Amédée [Hrsg.]
Bade et ses environs — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.11216#0055
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EBERSTEIN.

vieux château, comme un enfant s'appuie sur son aïeul. Les voyageurs sont admis à visiter ces appar-
tements privés, qui sont d'une extrême simplicité : on sont que c'est bien là une résidence de famille.
De légers balcons suspendus aux angles du château découvrent des points de vue toujours divers et
toujours charmants qu'on ne se lasse pas d'admirer.

Bien souvent, en automne et au printemps, Son Altesse le grand-duc de Bade s'arrête au château
d'Eberstein et s'y livre au plaisir de la chasse.

Un sanglier de pierre, qui rappelle le nom d'Eberstein (Eber, sanglier; Stein, pierre), est assis sur
un socle dans la première cour, que précède une voûte massive en ogive. Quand on pénètre dans la
cour intérieure du nouveau château, on aperçoit tout d'abord une riche collection d'hortensias bleus
et roses dont les fraîches couleurs égayent les tons bruns de la pierre. Un puits curieux est à l'angle
de cette cour, où l'on voit encore, en face de la porte d'entrée, encastré dans le mur, un christ de pierre
assez remarquable, et qui provient de l'abbaye de Herrenalb. Des fresques de Fohr décorent le
château.

Si maintenant on demande pourquoi une famille qui porte un nom si terrible, — nom redoutable
qui fait songer à Reginald Front-de-Bœuf de Walter Scott,— étale une rose dans son écu, nous dirons
qu'un pape ayant donné au comte Eberhard d'Eberstein, envoyé à Rome en mission par l'empereur
Othon, une rose d'or ornée d'un saphir, cette fleur figura depuis dans les armes de la famille.

Le château visité, vous n'avez plus qu'à suivre les sentiers qui se perdent dans la forêt; chacun d'eux
vous conduira au fond de quelque vallée, au sommet de quelque montagne, où des surprises nouvelles
vous attendent, — ruine pittoresque ou site sauvage.

Marchez au hasard, et la route ne vous trompera pas. La forêt Noire vous entoure.

LA SCIERIE.

On aurait dit à M. Desplechein, à M. Gambon, à M. Thierry, à tous ces fameux artistes habitués
à créer des merveilles avec des pans de toile et des planches de sapin, d'arranger ce décor pour une
scène d'opéra ; une main prodigue leur aurait fourni les forêts, les montagnes, les eaux, les horizons,
qu'ils n'auraient pas mieux fait.

On vient de quitter le village où Dantan a sculpté cette tète d'aubergiste qui rit dans un cor de chasse,
au-dessus de la porte d'un restaurant champêtre ; la route se rétrécit bientôt, les montagnes boisées
pressent le ruisseau qui court et frissonne dans son lit de rochers blancs ; les arbres baignent leurs
racines dans l'écume où de petits enfants baignent leurs pieds nus. Çà et là des maisons dressent leurs
humbles toits couverts de lattes sous le feuillage des noyers ; des instruments aratoires bordent la
route où passent ces chariots gémissants dont parle Victor Hugo. Partout les fleurs se mêlent à la
culture : pas une chaumière qui n'ait les siennes avec un jardinet. Les vaches boivent dans un tronc
d'arbre creusé, bassin rustique où pleure une fontaine. On entend la clochette des troupeaux et la
chanson des faucheurs dans les prés.

Le paysage est charmant; puis tout à coup, au détour du chemin, à l'endroit même où il s'incline à
gauche pour gravir la route qui mène à Eberstein, à l'entrée d'une étroite vallée où le ruisseau écume
et bondit, une scierie apparaît.

Il semble qu'elle a été posée là par le pinceau d'un paysagiste.

La gorge est profonde et pleine d'une obscurité mêlée de lumière; les montagnes qui l'encadre ut
se dessinent en plans successifs où les dégradations de clarté concourent à l'harmonie du tableau. Le
 
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