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Amélineau, Emile
Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction (Band 1): Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.14320#0071
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MONUMENTS, ETC.

LXI

entière indépendance et fait quelque restriction, soit dans certaines explications,
soit dans certaines circonstances du récit. La raison en est que nous suivons le récit,
et que nous ne le devançons pas, comme on le fait en Orient. En Occident l'an-
nonce du merveilleux nous met de suite sur nos gardes; en Orient le simple énoncé
d'un fait, sans la moindre de ses circonstances miraculeuses, fait pâmer d'aise tous
les auditeurs. Il nous faut des raisons pour admettre un miracle; pour eux, étant
admis que Dieu est tout-puissant, il n'y a plus aucune raison de douter que tel
ou tel fait prodigieux ait eu lieu. On voit la différence des idées et des esprits.

En outre l'auteur d'une vie des Pères du désert a toujours un but particulier :
son personnage doit être comparé à quelqu'un des grands personnages de l'Ancien
Testament. Pour le commun des solitaires, même pour les Antoine, les Macaire
et les Pachôme, c'est ou Elie le héraut et le cocher d'Israël, surnommé, je ne sais
trop pourquoi, le batelier, ou Elisée, ou Jean le Baptiste. Pour Schnoudi, nous
trouvons les trois personnages réunis ; mais ils ne suffisent pas : il faut quelque chose
de plus grand et c'est Moïse en personne, Moïse le grand législateur et le plus
grand des prophètes, qui est le type que doit reproduire Schnoudi. La chose est
clairement exprimée plusieurs fois et mise dans la bouche même de Schnoudi :
«Tout ce que Moïse a fait autrefois sur la montagne du Sinaï, le Seigneur m'a
accordé de le faire sur la montagne d'Athribis, dit expressément Schnoudi. Il n'est
pas étonnant après cela que plusieurs des miracles opérés par Schnoudi soient
calqués sur ceux qui sont rapportés dans les quatre derniers livres du Pentateuque.
Et puisque je retrouve de nouveau devant moi cette question du surnaturel dans
les oeuvres coptes, je dois m'en expliquer franchement.

Je dois dire tout d'abord que je ne saurais ajouter la moindre foi aux faits pro-
digieux contenus dans les différents documents que je publie. Voici mes raisons.

Quiconque lira les deux documents qui nous ont conservé les principaux faits
de la vie de Schnoudi, s'apercevra facilement que la plupart des faits miraculeux
rapportés sont imités des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. Si j'en
avais ici le temps et le lieu je pourrais démontrer également que les actions célèbres
de Macaire et de Pachôme sont attribuées à Schnoudi. Comme Moïse, Schnoudi
fait s'entr'ouvrir la terre qui dévore des criminels, il fait jaillir de l'eau des puits où
l'on n'en trouve plus, il a une baguette de palmier qui opère des merveilles, il
parle avec Dieu, etc. Comme Elie il traverse souvent le Nil à pied, sans barque ni
 
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