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Amélineau, Emile
Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction (Band 1): Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.14320#0075
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LXV

vécu ne protestaient pas lorsqu'on entourait ces actions de prestiges et de mer-
veilles, ils admiraient comme les autres, ils étaient les premiers à renchérir en sur-
naturel. Bien plus, et je ne crois pas me tromper, celui-même dont on racontait
ces prodiges avait cru à leur réalité pendant qu'il vivait : S( Antoine crut avoir vu
un Faune et un Satyre, il leur avait parlé; de même Schnoudi fit parler des morts
et eut un commerce habituel avec tous les saints du Paradis. Jusqu'à un certain
point, je crois qu'il fabriqua lui-même sa légende, ou du moins une grande partie
de sa légende, et cela sans arrière-pensée d'imposture. Que cette légende ait été
fabriquée, nous en avons une preuve certaine dans un fait que raconte la vie arabe,
et c'est Visa lui-même qui nous fournit les expressions qui nous montrent claire-
ment, avec la bonne foi la plus naïve, que tous les ornements merveilleux de cette
merveilleuse vie ont été ajoutés après coup. Je cite de nouveau la traduction du
texte arabe : «Un prêtre vint vers mon père et le pria de lui donner des conseils.
Ce prêtre n'avait pas de femme et il était avancé en âge : la passion le poursuivait.
Souvent mon père lui faisait des recommandations et le mettait en garde disant :
Va, marie-toi et laisse la prêtrise,1 car le Seigneur n'acceptera pas l'offrande de
quiconque commet l'adultère. Et voici qu'un homme et sa femme eurent allaire
à des gens riches; les grands personnages et leurs lieutenants le maltraitèrent, le dé-
pouillèrent de tous ses biens et le jetèrent en prison. Sa femme alla trouver ce
prêtre et le supplia en disant : «Tu vois ce qu'on nous a fait, je veux que tu
viennes avec moi vers notre père anba Schnoudi pour le prier de me faire misé-
ricorde, afin qu'il envoie dire de mettre mon mari en pleine liberté.» Et voici que
ce prêtre se fit voir à elle comme un scheikh menant une conduite honnête, il causa
avec cette ignorante et elle tomba d'accord avec lui sur la mauvaise fréquentation.
Alors ce prêtre alla vers mon père avec elle, et mon père lui dit : «Certes, tu ne
l'as pas conduite ici pour rien!» Alors il envoya dire qu'on élargît l'homme et
celui-ci vint avec sa femme vers mon père, lui baisa la main en disant : «Certes,
tu m'as fait une grande miséricorde, car je suis tombé malade en prison par suite
de ce qu'on me faisait souffrir.» Mon père lui donna une aumône, lui fit quelques
recommandations et lui dit : «Ne t'irrite pas et ne te fâche pas contre ta femme,
car on ne l'a pas conduite ici pour rien.» — Et l'homme lui fit serment, en disant :

i. Cette phrase signifie simplement, je crois : Ne fais plus les fonctions de prêtre.
 
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