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Amélineau, Emile
Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction (Band 1): Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.14320#0084
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LXXIV

E. AMÉLINEAU.

Quand on remonte le Nil, l'on arrive, après avoir dépassé Assiout et Gaou-el-
Kébir, site de l'ancienne ville d'Antseopolis, à un endroit où le fleuve fait un énorme
coude et longe une falaise élevée, abrupte, située en face de la ville moderne de
Tahtah et nommée Gebel scheikh-Aridi. Ce scheikh Aridi est un très grand
personnage, fort en honneur dans toute cette contrée et qui a vécu, m'a-t-on dit,
il y a environ deux siècles. On raconte de lui des choses merveilleuses. Après sa
mort, on lui bâtit un tombeau qui fut confié à la garde d'un fervent musulman.
Tous les malades des environs accouraient se faire guérir sur la tombe du scheikh ;
le gardien du tombeau élevait la voix, suppliait Aridi d'apparaître et de guérir les
malheureux affligés. Le scheikh se montrait compatissant, et, sous la forme d'un
énorme serpent, il s'offrait à la vue des pèlerins et opérait les guérisons les plus
miraculeuses. Les pèlerins qui avaient su garder leur virginité jouissaient aussi du
privilège de faire apparaître le bon serpent. Cependant certains incrédules, il y en
a partout, mirent en doute la puissance du serpent et sa vitalité. Un nouveau miracle
vint confondre leur incrédulité. Le gardien appela un jour le serpent qui apparut
aussitôt, le saisit, le coupa en menus morceaux à la vue de tous les assistants,
déposa ces morceaux dans une marmite qu'il couvrit, et lorsqu'il enleva le cou-
vercle de la marmite, le serpent était intact, comme s'il n'eut jamais été dépecé.
Personne n'osa plus dès lors mettre en doute la puissance ni l'immortalité de ce
dragon bienfaisant. De nos jours, son nom est toujours célèbre, la montagne le
conservera peut-être longtemps encore ; mais la dévotion pour le saint personnage
a subi une décroissance. Le cœur de l'homme est plein de défaillances et cherche
la nouveauté môme dans les plus saintes choses : un bienfaiteur qui a pu pendant
deux siècles dispenser libéralement ses bienfaits à tout venant n'a guère de chance
de durer plus longtemps.

A une époque plus rapprochée de nos jours a vécu dans la grande ville du Caire
un autre scheikh des plus vénérables, connu aujourd'hui sous le nom de scheikh
Saleh Abou Hadid. Il est passé au paradis de Mahomet il y a environ une cinquan-
taine d'années ; mais il a conservé sur terre une bonne renommée. On a donné
son nom à tout un quartier du Caire, dans lequel on lui a construit ce qu'on a cou-
tume d'appeler une élégante mosquée. Ce brave homme n'eut pas toujours le bon-
heur en partage sur la terre : souvent la vertu est peu ou point récompensée ici-bas.
11 avait coutume d'aller par les rues de la ville criant à tue-tête ses prières et ses
 
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