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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 3)

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Champier, Victor: La caricature anglaise contemporaine, [3], Le punch: La satire politique
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https://doi.org/10.11588/diglit.16676#0310
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LA CARICATURE ANGLAISE CONTEMPORAINE.

les discours du Parlement pour les classes laborieuses. La traduction que nous donnons de quelques
strophes ne peut rendre l'accent de vérité, le pathétique, la sombre horreur dont cette chanson est
animée.

Les doigts fatigués et usés,
Les paupières pesantes et rougies,
Une femme était assise couverte de haillons,
Poussant son aiguille et son fil.
Pique — pique — pique!
Dans la pauvreté, la faim et La boue ;
Et pourtant d'une voix à l'accent douloureux
Elle chantait le « chant de la chemise! »

Pique — pique — pique,
Tandis qu'au loin retentit le chant du coq!

Pique — pique — pique
Jusqu'à ce que les étoiles brillent dans le ciel!
Pique jusqu'à ce que le jour vienne.
Et la tâche quotidienne,
Il s'en faut bien, mon Dieu!
N'est pas encore accomplie.

Pique — pique — pique
Jusqu'à ce que le vertige me prenne;

Pique — pique — pique
Jusqu'à ce que mes yeux s'obscurcissent;
Coutures, goussets, épauiecces,
Epaulettes, goussets et coutures,
Jusqu'à ce que je tombe endormie sur mes boutons,
Que je crois voir encore dans un songe.

Oh ! hommes, qui avez des sœurs chéries !
Oh ! hommes, qui avez des mères et des épouses,
. Ce n'est pas du linge que vous usez !

Mais des vies de créatures humaines!

Pique — pique — pique !
Dans la pauvreté, la faim et la boue ;
Cousant à la fois avec un double fil,
Un linceul aussi bien qu'une chemise.

Ce fut la dernière inspiration de Hood ; il vécut quelques mois encore et s'éteignit au moment
où son nom devenait populaire. Pour être pleinement apprécié, il eut à faire une chose, comme le
dit Douglas Jerrold dans sa préface de Gâteaux et Aie; cette chose était de mourir.

Les collaborateurs du Punch ne recherchaient pas la publicité ; leurs articles, signés simplement
d'une initiale, ne les faisaient reconnaître que des gens qui savaient les secrets de la maison. Le
rédacteur en chef était d'une discrétion à toute épreuve et ne laissait jamais échapper devant les
étrangers une appréciation quelconque sur ses collègues. C'est par hasard qu'un jour, entraîné par
l'enthousiasme, il s'écria devant quelques personnes : « La plus gracieuse plume de Londres est celle
de Shirley! » Ce mot, qu'on cite comme une exception, montre quelle était sa réserve habituelle.
Cependant le Punch, en raison même de son éclatant succès, faisait l'objet de la curiosité publique, et
l'on connut bientôt ses collaborateurs ordinaires. L'un de ceux dont les brillants articles étaient le plus
remarqués fut Douglas Jerrold. Il signait de la lettre Q. Sa verve incisive, mordante, son style mâle et
vigoureux, parfois poétique et tendre, son esprit plein de sel attique contribuèrent surtout à donner au
Punch une grande influence politique. Il joignait à l'observation philosophique de la sensibilité, une
humeur vive et ironique, un penchant très-marqué à l'image, à l'ornement, à la fantaisie comique,
même grotesque. Il était surtout sans rival pour lancer le trait de la satire. On a dit que le sarcasme
se trouvait dans ses comparaisons comme la guêpe dans le fruit ou la fleur. Douglas Jerrold était une
physionomie des plus piquantes. Fils d'un directeur de théâtre, il fut d'abord marin, puis correcteur
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