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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 4)

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Courrier des musées
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Vandalisme
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https://doi.org/10.11588/diglit.17802#0030
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COURRIER DES MUSÉES

XIX

Belgique. — Nos lecteurs connaissent quelle déplorable
ruine la Commission directrice du Musée royal de Peinture et
de Sculpture de Belgique a eu le coupable aveuglement d'acqué-
rir — à l'unanimité moins deux voix ! — sous prétexte d'un
Hobbcma— coût 60,000 francs! — On n'en retrouverait pas
5,000 en vente publique, bonâ fide'.— Nous recevons sur le
passé de ce tableau massacré et sur les circonstances qui ont
précédé et suivi cet inqualifiable achat que la savante Direction
Générale des Beaux-Arts n'eut rien de plus pressé que de ratifier
avec enthousiasme, nous recevons des détails aussi instructifs
qu'édifiants et, comme on nous promet de les compléter, nous
les ajournons à un prochain numéro, nous bornant aujourd'hui
à publier, au sujet du même chef-d'œuvre qui depuis cinq ans
déshonore le musée belge, une curieuse nouvelle dont nous
sommes beaucoup moins certains et que nous donnons par con-
séquent sous toutes réserves.

Le Catalogue (4e édition, 1877) constate, page 47 5, que « les
ligures sont au nombre de douze », et il ajoute, page 476, forcé-
ment suivant les assertions de l'honorable vendeur : « Les figures
sont attribuées à Barent Gael, un des collaborateurs d'Hobbema
pour cette partie accessoire de ses tableaux. »

Or, il paraîtrait que Barent Gael possède en Hollande une
descendance justement soucieuse de la renommée de son aïeul ;
un de ses membres se serait rendu à Bruxelles, aurait constaté,
comme cela crève les yeux à tout connaisseur, que lesdites
informes figures sont un moderne exploit d'un barbouilleur sans
scrupules par trop coutumier du fait, et serait immédiatement
allé consulter le bâtonnier de l'ordre des avocats au sujet d'un
procès en dommages et intérêts que la famille Gael tout entière
aurait résolu d'intenter à la Commission directrice du Musée,
uniquement pour venger la mémoire de Barent, la somme à
allouer par la Justice devant être intégralement versée entre les
mains de M. le Bourgmestre de Bruxelles pour ses pauvres.

Franck.— Lesmusées de peinturede la ville de Lyon vont être
fermés au public pendant près de deux ans. L'aile sud du palais des
Beaux-Arts qui leur est affectée subit en ce moment des réparu-
tions importantes, qui auront pour résultat une forte augmen-
tation de surface et une organisation infiniment préférable. Les

collections de peinture seront installées dans une suite de salons
organisés comme ceux du palais Pitti. Dans ces différentes
salles qui seront ouvertes toute l'année, les Pérugin, les Rubens,
les Teniers et autres chefs-d'œuvre ne seront plus enlevés à
l'admiration des visiteurs par les expositions de la Société des
Amis des Arts, qui chaque année accaparait à son profit, pen-
dant plus de six mois, les vastes salles de l'unique musée lyonnais.

Au-dessus de ce premier étage, on doit surélever le palais
de manière à obtenir un vaste local dans lequel seront installés
les cartons de Chenavard et les plus grandes toiles qui n'auront
pu trouver place dans les salons de l'étage inférieur.

On profitera du temps que vont durer ces réparations pour
nettoyer avec soin les tableaux, nettoyage dont quelques-uns sur-
tout ont le plus grand besoin. — Depuis de longues années déjà,
ce fâcheux état de choses avait été signalé et des réclamations nom-
breuses dans la presse parisienne et dans la presse locale s'étaient
élevées contre cette routine déplorable. « 11 n'est jamais trop
tard pour bien faire », et nous sommes heureux de féliciter la
nouvelle administration des musées d'avoir contribué à une déci-
sion aussi intelligente, qui rassure les vrais amis de l'art sur les
soins et l'attention qu'on portera désormais à l'entretien des
collections de la seconde ville de France.

Italie. — Nous avons sous les yeux le Catalogue des Objets
d'art exposés au public dans la R. Académie des Beaux-Arts
à Venise, brochure de 47 pages (681 numéros) qui est sortie, en
l'an de grâce 1879, de YImprimérie (sic) couronnée (sic) de
P. Naratowich à Venise. Le style et l'orthographe se valent
dans cette méchante énumération, qui a la prétention de servir
de catalogue à l'un des plus riches, des plus merveilleux musées
du monde. Il est absolument honteux qu'en Italie, dans un
pays qui possède un savant illustre tel que Gaetano Milanesi —
il publie en ce moment sa nouvelle édition de Vasari, modèle
de prodigieuse érudition, de savantes recherches et de patrioti-
que passion artistique, — il est, disons-nous, honteux qu'on soit
à ce point arriéré en matière de Catalogues des musées, quand
on a depuis tant d'années l'exemple des excellents catalogues
des galeries publiques de Belgique, de France. d'Angleterre, de
Hollande, d'Espagne, etc. 11 est plus que temps de porter en
Italie remède à un état de choses qui, dans cette noble patrie
des arts, est encore moins tolérable que partout ailleurs.

VAN DALISME

IV

Italie. — Nous recevons d'un de nos amis, qui se trouve en
ce moment à Florence, et nous nous hâtons de publier, ■— car
il y a péril en la demeure, — les tristes nouvelles suivantes dont
la gravité sollicite la prompte attention, l'immédiate interven-
tion de la Députation consultative et conservatrice des monu-
ments et œuvres d'art :

11 Par suite du mauvais entretien d'une conduite d'eau, une
infiltration très sérieuse s'est produite dans le mur sur lequel
est peint Li Madonna del Sacco, cette fresque sublime d'Andréa
del Sarto. Il eût fallu prendre des mesures immédiates pour
sauver ce chef-d'œuvre. On a laissé l'eau envahir graduellement

la peinture ; déjà la tète du Saint Joseph n'existe plus qu'à l'état
de souvenir, et la merveilleuse figure de la Vierge se devine plus
qu'elle ne se voit. Cet état de choses s'aggrave chaque jour, et
le sacristain qui vous introduit dans le cioître vous dit avec le
plus beau sang-froid que la fresque est si profondément altérée
qu'elle ne tardera pas à disparaître entièrement.

« Laissera-t-on compléter pareil crime, car c'en est un et un
très grand, sans rien tenter pour arrêter le mal? Si la fresque
d'Andréa reste plus longtemps sur ce mur, absolument et irré-
médiablement gâté, il n'y a pas d'illusion à se faire, on doit la
regarder comme définitivement perdue à brève échéance. Il
faut donc procéder sans retard à l'enlèvement, pour conserver
au moins les précieux restes d'une des plus parfaites créations
du génie humain. »
 
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