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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Leroi, Paul: L' Exposition de Lille, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0029
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20

L'ART.

empruntée à la moisson, très vivante, très mouvementée, et
une conférence de Clergymen, d'une bien pénétrante finesse
d'observation.

La Plage de Wissant fait mieux apprécier le très grand
progrès réalisé par M. Louis Sauvaige dans son Calme, qui
appartient à l'État, — toile bien établie et d'une extrême sin-
cérité d'effet.

M. Henri Pluchart, le spirituel et sagace conservateur du
Musée Wicar, a le sentiment profond de la vie champêtre et
la traduit avec bonheur dans son Labour d'automne d'un
dessin serré, d'une harmonie sévère et comme recueillie.
J'aime moins son Semeur; la tête manque de caractère.

Je ne m'explique pas M. Jules Denneulin ; je me l'expli-
quais parfaitement autrefois, alors qu'il signait, en 1861, la
Gorge d'Orchimont1 qui annonçait un paysagiste avec lequel
il eût fallu compter. Il a déserté cette excellente voie pour se
lancer à corps perdu dans un soi-disant naturalisme dont
les manifestations consistent en vulgaires épisodes qui ne
sont ni composés, ni dessinés, ni peints; cela n'est ni fait ni à
faire; tristes conceptions de loustic dont la présence à la
cimaise se justifie d'autant moins que M. Denneulin est
membre de la Commission organisatrice; on pratique de façon
plus décente les lois de l'hospitalité, surtout quand on est
aussi prodigieusement inférieur à ses invités.

Un nom à ne pas oublier, celui de M. Alfred Agache, un
jeune qui s'affirme résolument. Il est ambitieux et ne s'en
cache pas, ce que j'approuve fort. Il sent qu'il peut mieux,
beaucoup mieux, et il veut le prouver prochainement. Son
Etude de vieille femme m'inspire confiance; nous sommes en
présence de quelqu'un qui a été à bonne école et a su en pro-
fiter; il possède sérieusement les éléments de son art, son ins-
truction n'est pas de l'a peu près; il nous montre une oeuvre

i. N° 164 du Catalogue du Musée dj Lille.

très serrée de dessin et de peinture et que recommande en
outre le caractère. Il faut veiller sur le coloris qui détonne en
éclats d'un vert féroce plus qu'inutile dans le bas de la toile.
Fillette pèche par une tonalité générale violacée de mauvais
aloi.

M. Louis Schoutteten a une Marine, au soleil couchant,
qui laisse fort à désirer, mais son grand paysage, Crépuscule,
rachète sa dureté parla beauté de la composition; cela a de la
grandeur, de la tournure; cela s'impose.

Quant à M. Emile Salomé, dont la fin prématurée a ins-
piré de si vifs regrets, il laisse dans l'art une trace moins pro-
fonde que la légitime douleur de ses nombreux amis. Il n'a
réellement produit que des études intéressantes, qu'il gâtait
généralement en y introduisant des figures. Cela cessait aus-
sitôt d'être d'ensemble.

Deux tout jeunes gens, deux débutants, m'ont fort attiré,
M. Marcel Sauvaige avec ses Bords de la Lys, dont le ciel est
charmant ; M. Georges Hcrlin, le fils du notaire, avec ses
lumineuses aquarelles et plus encore avec ses albums de réser-
viste ; il a occupé les loisirs de la caserne ou des manœuvres
à croquer ses camarades avec un esprit, avec une sûreté
extraordinaires; il possède à un haut degré le sentiment de la
mimique et a une justesse d'interprétation tout à fait excep-
tionnelle; c'est grand dommage, si ce jeune homme est des-
tiné, ainsi que je le crains, à déserter, comme son père,
crayons et pinceaux pour le notariat.

A M. Marcel Sauvaige, il faut recommander de serrer
davantage son dessin et d'éviter le parallélisme dans la compo-
sition. Il est excessivement bien doué et son début est plein de
séduisantes promesses ; il lui appartient de prouver qu'il sait les
tenir victorieusement.

(La fin prochainement.) P a u i. Leroi.

Étude de vieille femme.
Dessin d'Alfred Agache, d'après son tableau. (Exposition de Lille.)
 
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