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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Hédou, Jules: Noël Le Mire (1724-1801)
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0292
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2Ô6

L'ART.

fois sa couronne qui tombe et un lambeau de son royaume qui lui échappe. La pièce ne porte
pas de nom de dessinateur, mais tout le monde sait qu'elle est de Moreau le jeune; quant au
graveur, il l'a signée d'un anagramme transparent : Erimeln.

Aux succès que Le Mire remportait dans sa carrière artistique vinrent bientôt se joindre les
honneurs. Le 2g janvier 1768 il fut reçu membre de l'Académie impériale et royale des arts de
Vienne en Autriche. L'empereur Joseph II professait, dit-on, une certaine estime pour notre
graveur et lui aurait même donné une bague ornée de son effigie. Ce serait d'après cette bague
que Le Mire reconnaissant aurait gravé le charmant petit portrait de Joseph II qui fait partie
de son œuvre. L'empereur et les académiciens de Vienne ne pouvaient pas deviner que quelques
années plus tard Le Mire graverait le Gâteau des Rois.

Il est presque inutile de dire que l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen
s'empressa d'admettre dans son sein un artiste qui faisait honneur à sa ville natale. Le Mire fut
reçu associé adjoint le 5 avril 1769. Enfin, clans l'assemblée du 7 juillet 1783, l'Académie de
peinture et de sculpture de Lille admit clans son sein notre graveur, d'une voix unanime, sur la
présentation du portrait de Washington d'après Le Paon, et de l'estampe de la Crainte d'après
Le Prince. Mais ce fut tout, et Le Mire ne fut point de la véritable Académie, de l'Académie
royale.

Sur la fin de sa vie, Le Mire ne jouit pas du bonheur et de l'aisance que lui avaient procurés
ses travaux. A l'époque de la Révolution, il perdit une grande partie de sa fortune, et il dut,
malgré son âge, continuer à travailler pour les éditeurs. Son talent se ressentit de cette gène.
Parmi ses dernières productions, on trouve encore quelques belles planches, mais à coté il s'en
rencontre d'autres qui, sans être mauvaises, prouvent que la main de l'artiste, alourdie par la
vieillesse, commençait à le trahir. Ainsi les illustrations des Amours du chevalier de Faublas,
quelques planches d'après Monnet et Borel sont certainement médiocres; hâtons-nous d'ajouter
que ces dessinateurs, déjà affaiblis eux-mêmes, n'étaient guère faits pour réveiller le talent du
graveur septuagénaire.

Noël Le Mire mourut à Paris, le 3o ventôse an IX (21 mars 1801). Il demeurait à ce
moment rue de La Harpe, n° 10g, ainsi que le constatent les lignes suivantes, extraites du
Registre des actes de décès du XIe arrondissement (ancien), registre 10, n° 448 :

« Du 3o ventôse an IX.

« Acte de décès de Noël Lemire, graveur, âgé de 77 ans, né à Rouen (Seine-Inférieure),
demeurant à Paris, rue de La Harpe, n° 10g, décédé le 3o ventôse an IX; marié à Barbe
Desmoulins. »

D'après ce qu'on vient de lire, cet extrait mortuaire se trouve avoir pour nous un grand
intérêt. En effet, c'est la seule pièce sur laquelle nous ayons trouvé une indication du mariage
de N. Le Mire. Heureusement ce document, bien qu'il soit muet en ce qui touche la dati de la
célébration et la ville où elle eut lieu, nous donne au moins le nom de la compagne que l'artiste
rouennais s'était choisie : Barbe Desmoulins.

Jules Hédou.

(La fin prochainement.)
 
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