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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 11.1885 (Teil 1)

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Badin, Adolphe: Les marionnettes de Maurice Sand, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19703#0148
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Dessin de Mars.

(FIN)

CHAPITRE V

Il y a marionnettes et marionnettes. ■— La fabrication des marion-
nettes. — George S and habilleuse et couturière de théâtre. — Le
monstre vert.— Ne'cessite' d'avoir une troupe nombreuse. — La
troupe. Ces messieurs : Balandard, Boquillon, Coqenbois, etc.
— Ces dames : Eloa. — Histoire des amours d'Eloa et d'Armand
Silvestre. — La troupe italienne.

Il y a marionnette et marionnette. Il y a la marionnette
automatique et la marionnette qui obéit au système des
tils et des ressorts; il y a enfin la marionnette classique, le
véritable guignol ou burattino, qui n'a point de jambes et
qui, vue à mi-corps, remue les bras dont les manches

il ne faut pas les regarder de trop près; elles sont faites
pour être vues de loin. Si elles étaient trop poussées,
elles auraient beaucoup moins de physionomie à distance.

Elles sont peintes à l'huile sans aucun vernis et ont de
vrais cheveux et de vraies barbes. Quant à leurs veux, ils
sont peints à l'huile également avec un clou noir, rond et
bombé, pour prunelle. A chaque mouvement de la tète, ce
clou verni reçoit la lumière et produit l'illusion complète
du regard. Il peut donner aussi l'illusion d'une prunelle
bleue si on l'entoure d'un léger trait de pinceau trempé
dans le cobalt; dans ce cas, la pupille est faite avec un
clou noir plus petit.

Les mains sont en bois; en porcelaine, elles se casse-
raient trop vite. Elles sont nécessairement assorties à

vides sont remplies par le pouce et le médius de l'impre- l'importance ou à la délicatesse de la face. Elles sont d'un
sario, tandis que l'index soutient la tête, dessin élémentaire; trop finies, en effet, leur position

C'est cette dernière seule que Maurice Sand aime et
comprend, et il a bien raison, car c'est la seule qui soit
vraiment amusante et vivante.

Les marionnettes de Maurice Sand représentent, avec
la tête, les mains et le buste, une hauteur fictive de 70 cen-
timètres. Plus petites, la tête ne se verrait qu'à une distance
trop rapprochée; plus grosses, elles fatigueraient le doigt
qui les supporte et seraient trop accentuées pour produire
l'illusion.

Les marionnettes sont sculptées avec soin, mais assez
largement. Maurice Sand, qui les a toutes exécutées lui-
même, y a mis une conscience et un goût d'artiste. Il s'est
efforcé également de donner à chacun de ses.personnages
un type, un caractère, une individualité bien tranchée, se
préoccupant de l'expression de leur figure, de leur regard,
de leur sourire, de leur forme cràniale, de leur chevelure,
enfin de leur tempérament particulier (bien plus néces-
saire à leurs effets que celui de l'acteur vivant, puisque ce
dernier du moins peut se transformer selon les besoins de
son rôle . Parfois il hésitait longtemps entre plusieurs
figures dont aucune ne réalisait l'idée qu'il s'était faite
d'un certain caractère à produire, et finissait par fabri-
quer un nouvel acteur avant de monter sa pièce. Aussi
presque toutes ces figurines ont-elles une véritable valeur
plastique. Telles d'entre elles sont vivantes et parlantes
•comme des Daumier, surtout lorsqu'elles sont habillées et
peintes, qu'elles sont ornées de toutes les couleurs de la
jeunesse ou sillonnées par toutes les rides de la décrépitude.
•On y retrouve des types cent fois entrevus. Bien entendu,

étendue ou fermée frapperait par son immobilité. Il faut
qu'elles ne soient en réalité ni ferm'ées ni ouvertes, et que
par leur aspect assez vague, et grâce au mouvement qui
les anime sans cesse, elles échappent à l'œil qui cherche-
rait à en saisir le détail.

Pour obtenir de ses marionnettes une attitude conve-
nable quand elles sont au repos, Maurice Sand leur a
donné une poitrine et des épaules en carton, si bien exécu-
tées, si admirablement modelées et garnies de peau d'un
ton si naturel, qu'elles peuvent au besoin porter des cor-
sages ajustés et décolletés. Cette sorte de cuirasse en carton,
assez courte par devant et plus courte encore par derrière,
permet d'animer le personnage et de le laisser ensuite
reposer sur son support sans qu'il prenne une attitude
fâcheuse de parapluie fermé, les bras ballottant sur les
flancs avec les mains retournées à l'envers. En outre,
l'avant-bras est fixé au corps sous forme de manches aisées
où les doigts donnent une apparence de coude articulé ;
grâce à cette ingénieuse combinaison, les marionnettes
conservent au repos le bras légèrement replié sans gauche-
rie et sans efforts. Enfin, il y a le support qui permet aux
marionnettes de se tenir droites sans trop de raideur. Ce
support se compose d'une tige de fil de fer en spirale dont
chaque extrémité est garnie d'un bouchon de bois; l'un
des bouchons entre dans le cou du personnage et rem-
place le doigt de l'imprésario, l'autre s'enfonce dans le
trou du coulisseau.

Les costumes des marionnettes sont taillés avec une
conscience d'archéologue et ont donné lieu bien souvent à

Voir l'Art, n» année, tome I", page 104. des recherches de bénédictin. Pendant plus de trente ans
 
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