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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 15.1889 (Teil 1)

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Hustin, A.: Exposition universelle de 1889: Les peintres du centenaire 1789-1889, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25867#0186
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EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889

LES PEINTRES DU CENTENAIRE

1 789 — I 889 1

(suite)

1]

JOSEPH VERNET

On n’attencl pas de nous le récit de la vie accidentée de Joseph Vernet. Ici même, dans
l’Art2, M. Genevay l’a fait, et, pour le surplus, nos lecteurs pourront se reporter aux volumi-
neuses monographies rappelées ci-dessous à titre de bibliographie3. Nous ne conterons pas
davantage comment un cardinal romain encouragea les efforts de l'artiste ; la lutte qu’engagea
contre Son Eminence, pour la possession du P oint-du-Jour, un perruquier propriétaire ; dans
quelles conditions Miss Parker, qui devait mourir folle, devint Mme Vernet ; comment l’artiste fut
reçu franc-maçon ; quelle part il prit à la publication de Paul et Virginie en ranimant le courage
de Bernardin de Saint-Pierre ; avec quelle joie naïve enfin, sur ses vieux jours, il rachetait, de
son fils Carie, les calembourgs semés la veille, et dont son infidèle mémoire méconnaissait souvent
la paternité.

Nous ne le suivrons ni à Rome, où il délaisse l’Académie, ni dans ce tour de France, pendant
lequel il peint les grands ports dont le gouvernement l’a chargé de dramatiser le mouvement.

Nous l’interrogerons à Marseille, au moment précis où il va exécuter les trois oeuvres capi-
tales qu’un graveur de talent transportera sur le cuivre, en mettant, dans leur reproduction, tout
l’art dont il est capable.

Aussi bien, Marseille est la cité de prédilection du peintre. C’est là qu’il a appris à aimer
la mer ; c’est là qu’il va avoir l’un de ses meilleurs succès. Quand, tout jeune, il a pris la route
de Rome, il s’est arrêté à la Viste, charmé, hypnotisé à la vue de ce site pittoresque, où trois
îles, élégamment jetées sur le lac immense, pour en rompre l’uniformité, ont pris, à ses yeux,

l’aspect d’amusantes fabriques. Il a quitté sa voiture ; il a pris ses crayons ; il a oublié de

déjeuner ; il n'est rentré qu’à la nuit à l’auberge, où son automédon l'attend en jurant. Et

cependant, il n’est pas rassasié. Il revient le lendemain, armé de toiles, de brosses, de couleurs.

Il peint. Il met sept jours à finir une marine qu’il considérera bientôt comme la plus mauvaise
qu’il ait jamais faite. Mais le souvenir de cette impression première restera profondément gravé
dans sa mémoire, et quand, dix ans après, en revenant de Rome, il songera à exécuter la
Tempête, que nous reproduisons, c’est au même endroit qu’il viendra prendre ses inspirations.

C’est pour un négociant de Marseille, M. Poulhariès, qu’il s’est mis à l’œuvre, et, dans la
vieille cité phocéenne, le monde des arts attend avec impatience le moment où il pourra voir
achevé ce morceau de haut goût. Car, là-bas, le commerce n’a point étouffé le culte des arts. Si
le gros de la noblesse est à Aix, où siège le Parlement, il en reste encore assez ici pour entretenir
le goût des belles choses. Diverses fondations savantes sont même venues affirmer, consolider ce
courant artistique. Une Académie des Sciences et des Belles-Lettres s’est fondée en [726. En 1753,
l'année où Vernet reparaît, une Académie de Peinture et de Sculpture se constitue sous son

1. Voir l’Art, i5° année, tome T1', page 145.

2. Voir l’Art, 2" année, tome III, pages 204 et 3oy, et tome IV, page 61.

3. Moniteur de décembre 1789. Article nécrologique. — Lettre de M. Pitra dans la Correspondance de Grimm, tome XIV, page 488,
édition Furne. — Archives de l’art français. ■— J. Vernet, par Delaborde, Revue des Deux-Mondes, tome XIV, année i852, page 109. —
J. Vernet, par Lagrange; Bruxelles, 1858. — Joseph, Carie et Horace Vernet, par Durande; Hetzel, 1863. — Charles Blanc, Histoire des
peintres. — Salons de Diderot.
 
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