les primitifs italiens du Trecento. Et s'il est vrai que cet
art byzantin s'est mis le plus souvent au service de l'Eglise,
et qu'il en a reçu nécessairement une forte empreinte
religieuse, pourtant on ne saurait oublier qu'à côté de cet
art religieux il y a eu à Byzance un art profane, travaillant
pour les empereurs et pour les grands seigneurs, et que
cet art, moins connu sans doute, n'en a pas moins laissé des
œuvres intéressantes, souvent pittoresques, et parfois
remarquables.
Cela seul suffirait à montrer l'intérêt qu'offre l'art
byzantin. Autre chose atteste son importance. Pendant
une grande partie du Moyen Age, cet art a été vraiment,
comme on l'a dit, l'art régulateur de l'Europe ; jusqu'au
xne siècle en Occident, bien plus tard encore dans le
monde oriental, son influence a été toute puissante. Tous
ceux qui ont alors voulu construire des églises et les
décorer magnifiquement, princes russes du xie siècle ou
tsars serbes du xive, abbés du Mont Cassin, doges de
Venise ou rois normands de Sicile, ont demandé à Byzance
des architectes pour bâtir leurs sanctuaires, des mosaïstes
ou des peintres pour en parer les murailles, et c'est à
Constantinople qu'ils ont commandé les portes de bronze
niellées d'argent, les orfèvreries précieuses, les retables
aux émaux éblouissants, qui devaient assurer pour l'éter-
nité la splendeur et la gloire de leurs fondations. Tout ce
que le Moyen Age a connu en fait de luxe précieux et
raffiné, les belles étoffes de soie aux couleurs éclatantes
tout historiées de broderies d'or, les brocarts étincelants,
les orfèvreries admirables, les bijoux chatoyants de perles
et de pierreries, les coffrets d'ivoire aux sculptures déli-
cates, les manuscrits aux miniatures splendides, les reli-
quaires aux émaux cloisonnés d'or, tout cela pendant
des siècles est venu de l'Orient byzantin, et le Moyen
Age tout entier, au moins jusqu'au xne siècle, a regardé
vers Constantinople comme vers une ville unique et
merveilleuse, entrevue dans un flamboiement d'or.
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art byzantin s'est mis le plus souvent au service de l'Eglise,
et qu'il en a reçu nécessairement une forte empreinte
religieuse, pourtant on ne saurait oublier qu'à côté de cet
art religieux il y a eu à Byzance un art profane, travaillant
pour les empereurs et pour les grands seigneurs, et que
cet art, moins connu sans doute, n'en a pas moins laissé des
œuvres intéressantes, souvent pittoresques, et parfois
remarquables.
Cela seul suffirait à montrer l'intérêt qu'offre l'art
byzantin. Autre chose atteste son importance. Pendant
une grande partie du Moyen Age, cet art a été vraiment,
comme on l'a dit, l'art régulateur de l'Europe ; jusqu'au
xne siècle en Occident, bien plus tard encore dans le
monde oriental, son influence a été toute puissante. Tous
ceux qui ont alors voulu construire des églises et les
décorer magnifiquement, princes russes du xie siècle ou
tsars serbes du xive, abbés du Mont Cassin, doges de
Venise ou rois normands de Sicile, ont demandé à Byzance
des architectes pour bâtir leurs sanctuaires, des mosaïstes
ou des peintres pour en parer les murailles, et c'est à
Constantinople qu'ils ont commandé les portes de bronze
niellées d'argent, les orfèvreries précieuses, les retables
aux émaux éblouissants, qui devaient assurer pour l'éter-
nité la splendeur et la gloire de leurs fondations. Tout ce
que le Moyen Age a connu en fait de luxe précieux et
raffiné, les belles étoffes de soie aux couleurs éclatantes
tout historiées de broderies d'or, les brocarts étincelants,
les orfèvreries admirables, les bijoux chatoyants de perles
et de pierreries, les coffrets d'ivoire aux sculptures déli-
cates, les manuscrits aux miniatures splendides, les reli-
quaires aux émaux cloisonnés d'or, tout cela pendant
des siècles est venu de l'Orient byzantin, et le Moyen
Age tout entier, au moins jusqu'au xne siècle, a regardé
vers Constantinople comme vers une ville unique et
merveilleuse, entrevue dans un flamboiement d'or.
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