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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 19 (Avril 1900)
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Jacques, G. M.: Décoration murale et papiers peints
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0021

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-ss-^ÉD- AVRIL 1900 *(3^=5-*


TH. VAN RYSSELBERGHE

MOUETTES, FRtSE

si choquantes de ieur essence, qu'on voit tous
les jours des personnes de goûts délicats y re-
noncer quelques semaines après s'en être en-
tourées dans un moment d'oubli.
Ce n'est donc pas seulement l'inhabileté des
dessinateurs industriels qui est en cause ici. Le
principe est vicieux; loin d'avoir la valeur dé-
corative qu'on lui attribue, le motif uniformé-
ment répété, mis fortement en évidence, est
précisément le contraire d'un décor.
Car, qu'est-ce qu'un décor? C'est, sur une
surface, l'application d'une œuvre étrangère à
celle-ci, dans le but de faire naître un intérêt
plus vif que celui que la surface présenterait
par elle-même. Or, l'intérêt ne peut naître
que d'un accident, d'un fait constituant excep-
tion dans le milieu. Un objet donné peut être
intéressant; l'ensemble de mille objets iden-
tiques ne l'est jamais. Une chaîne de montagnes
fermant l'horizon captive par ses mille irrégu-
larités, dont chacune est un centre d'intérêt.
Mais supposez-la composée d'une suite de pics
équidistants, tous pareils : vous vous presserez
de boucler votre malle et de partir à la recherche
d'autres sites.
Faites une expérience. Prenez l'étolfe de soie
brochée la plus belle que vous pourrez trouver.
Tendez de cette étoffe les murs, le plafond et
le sol d'une chambre. Voilà le milieu constitué.
A présent, placez dans la chambre une table
et une chaise de cuisine en bois blanc. Qu'est-
ce qui fera l'intérêt du lieu, l'étoffe, ou la
table? La table.
Acceptons donc en principe que la clôture
d'un lieu de toutes parts par la répétition uniforme

d'un motif n'est point une source d'intérêt;
qu'il n'y a pas là décoration, ^
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SW As yVwc's AtW A 77MYA?2. Nous
verrons tout-à-l'heure quelle énorme et désastreuse
influence cette dernière conséquence a sur tout
l'art domestique.
On me dira qu'il est bien téméraire de sabrer
de la sorte un usage accepté par tout le monde.
C'est possible . . . encore faudrait-il voir d'ott
provient cet usage. L'antiquité ni le moyen-
âge ne l'ont connu. C'est le développement de
deux industries, celle du papier et celle de l'im-
pression, qui l'a fait naître. Dans un temps où
les murs restaient nus, hormis chez les plus
riches, elles ont remarqué que la répétition uni-
forme du motif permet de fabriquer des matériaux
imitant les étoffes avec une extrême facilité. Les
classes bourgeoises n'avaient rien, elles ont pris ce
qui s'offrait. Et l'on a vu ceci: que tandis que les
industries se créent en général en adaptant leurs,
produits à des besoins définis, celle-ci s'est déve-
loppée en ployant un besoin mal défini à ses
commodités. Jusqu'à ce qu'on démontre que
cet historique en trois lignes n'est pas le vrai,
je demande la permission de suspecter la prin-
cipe, et d'affirmer que le papier peint, tel qu'on
l'entend ordinairement, n'est rien de plus qu'une
mauvaise habitude prise sans examen — et qui
ne le soutient pas.
Il y a de jolis papiers peints. J'en ai moi-même
un très-gentil, dans la chambre d'amis (c'est tou-
jours là qu'on met le meilleur, cela ne fait
pas monter les frais), un petit dessin de roses
bleu ardoisé sur fond beige clair, genre des

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