L'ART DÉCORATIF -(3=^
A. ENDELL t ATEHER ELVtRA t HALL
nous disposer à une demi-douzaine de sentiments
vaguement définis : la tristesse, la gaité, ia solen-
nité, !a terreur .... Le pouvoir des formes ne
va pas au-de)à de cetui de la musique ; il va même
certainement moins loin.
Et même en supposant qu'il nous fût donné
de forcer l'art à nous faire éprouver des senti-
ments précis, où serait le bien ? Les délices de
l'art ne sont-ils pas justement dans ce vague
ineffable dans lequel iis nous plongent? Voudriez-
vous que l'admirable transformation que Wagner
fit subir à l'application très-spéciale de la musique
au drame fût généralisée, et que chaque sym-
phonie, chaque lied, chaque marche et chaque
valse devint une sorte de cinématographe
musical ?
La conception d'art de M. Endell n'est, à vrai
dire, qu'un cas particulier de théories qui se sont
fait jour depuis quelques années dans les arts
appliqués, et qui tendent à proscrire les formes
s'inspirant directement de la nature, à leur sub-
stituer des formes exclusivement linéaires.
Il ne faut pas chercher d'autre source à ces
théories, j'en ai la ferme conviction, que la las-
situde de l'abus fait du décor floral. L'écœurante
banalité, la niaiserie dans laquelle le décor tiré
de la flore et de la faune est tombé, dans les
mains de gens incapables d'en comprendre les
convenances, l'absurdité des contre-sens qui s'é-
talent de toutes parts sous le patronage de la
nature devaient finir par faire naître une révolte :
elle est venue. C'est un bienfait, et un très-grand.
Adversaire des théories en question, j'estime
que ses protagonistes rendent indirectement à
64
A. ENDELL t ATEHER ELVtRA t HALL
nous disposer à une demi-douzaine de sentiments
vaguement définis : la tristesse, la gaité, ia solen-
nité, !a terreur .... Le pouvoir des formes ne
va pas au-de)à de cetui de la musique ; il va même
certainement moins loin.
Et même en supposant qu'il nous fût donné
de forcer l'art à nous faire éprouver des senti-
ments précis, où serait le bien ? Les délices de
l'art ne sont-ils pas justement dans ce vague
ineffable dans lequel iis nous plongent? Voudriez-
vous que l'admirable transformation que Wagner
fit subir à l'application très-spéciale de la musique
au drame fût généralisée, et que chaque sym-
phonie, chaque lied, chaque marche et chaque
valse devint une sorte de cinématographe
musical ?
La conception d'art de M. Endell n'est, à vrai
dire, qu'un cas particulier de théories qui se sont
fait jour depuis quelques années dans les arts
appliqués, et qui tendent à proscrire les formes
s'inspirant directement de la nature, à leur sub-
stituer des formes exclusivement linéaires.
Il ne faut pas chercher d'autre source à ces
théories, j'en ai la ferme conviction, que la las-
situde de l'abus fait du décor floral. L'écœurante
banalité, la niaiserie dans laquelle le décor tiré
de la flore et de la faune est tombé, dans les
mains de gens incapables d'en comprendre les
convenances, l'absurdité des contre-sens qui s'é-
talent de toutes parts sous le patronage de la
nature devaient finir par faire naître une révolte :
elle est venue. C'est un bienfait, et un très-grand.
Adversaire des théories en question, j'estime
que ses protagonistes rendent indirectement à
64