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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 20 (Mai 1900)
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Jacques, G. M.: L' exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0094

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L'ART DÉCORATIF

sont au contraire nombreuses : on les observe
dès les chalets de perception des tickets d'en-
trée. Mais elle est toute superficielle ; elle ne
va pas plus loin que le <x jeté )) d'une branche
d'iris à grande échelle dans la décoration, et,
dans la construction -— ou mieux ce qui de-
vrait être la construction — l'emprunt mala-
droit de quelques détails de formes aux artistes
novateurs, et l'enchevêtrement des tortuosités
de rinceaux inutiles dans les ouvrages en bois.
Dans certains étalages ou pavillons d'impor-
tance secondaire, restaurants, kiosques etc.,
cette manie prend des proportions irritantes.
Conçues en vue de tirer l'œil, ces réclames —
car ces choses ne méritent pas d'autre nom —-
ne sont propres qu'à jeter le ridicule sur les
tentatives plus ou moins critiquables, mais sin-
cères et partant respectables, des premiers qui
cherchèrent une voie dans des formules dont
elles ne sont que les caricatures. Il semble que
pour leurs auteurs, l'art moderne consiste à
transformer tout indistinctement en crochets de
porte-manteaux. Quand à l'esprit qui préside à
la réforme de l'art, c'est-à-dire la substitution
de la coordination des valeurs au désordre des
conventions traditionnelles, il n'en est pas
question.
En résumé, l'impression qui se dégage est
qu'en France, la marche de l'art dans le métier
vers les voies nouvelles n'est représentée que
par des efforts isolés, sans solidarité entre eux
ni répercussion sérieuse sur l'industrie. Nous
possédons une poignée d'artistes novateurs
dont l'œuvre est éclairée par la pensée,
d'hommes qui savent où ils veulent aller ; hors
ceux-là, l'incompréhension ou la résistance
sont la règle. Le jugement est sévère, et n'atti-
rera pas les approbations à celui qui le porte.
Mais le devoir en tel cas, c'est non-seulement
de dire la vérité, mais de la proclamer le plus
haut qu'on le peut. Ceux qui flattent la France
vivant de son passé sont ses pires ennemis.
Heureusement, des lueurs radieuses viennent
éclairer çà et là ces ténèbres. La classe 66
abrite les beaux ensembles de quelques vrais
artistes, auxquels il ne manque qu'un lien de
solidarité — qui manque toujours, hélas ! chez
nous — pour s'imposer au pays, comme leurs
collègues d'Allemagne l'ont fait chez eux. La

manufacture nationale de Sèvres (dont nous
n'avons encore pu qu'entrevoir l'exposition
inachevée) a compris qu'on ne vit plus des
gloires passées, s'est mise à l'œuvre, et va ré-
véler des merveilles d'invention et de goût.
Derrière elle, mais non en arrière, la céramique
tout entière marche comme un seul homme, et
fait prévoir que si la France a pu se laisser dis-
tancer un instant par d'autres nations dans la
plupart des branches de l'art dans le métier, la
vieille sève est toujours là, et ne remontera
que plus vive et plus forte au réveil.
Dans les pays étrangers— en laissant de côté
la Belgique, qui n'étale jusqu'ici que des caisses
d'emballage dans un grand espace nu, et nos
frères latins d'Espagne et d'Italie qui sont en-
core, il est triste d'avoir à le reconnaître, au
même point qu'en 1889 — on assiste au plus
extraordinaire des spectacles.
L'Angleterre, d'où le mouvement rénovateur
de l'art partit à la voix de Ruskin et de Morris,
ne montre dans ses sections, prises dans l'en-
semble, pas la moindre trace de souci d'art.
L'organisme social de ces pays est combiné
dans le but de « ^0 7M<7/2<?y 2., sans plus. Il
existe en Angleterre une classe, assez nom-
breuse, d'esprits cultivés que l'art touche, d'une
manière un peu spéciale : manière qui se tra-
duit par exemple, en musique, par l'audition
du plus rasant des oratorios d'Haendel ou de
Tristan et Yseult d'un cœur égal. Mais ce n'est
qu'une classe. Prise en bloc, la nation n'entend
pas se mêler de celà. Ruskin et Morris ont fait
des partisans, ils n'ont pas déchainé un courant
populaire. Voilà ce que l'Exposition nous dit
de l'Angleterre.
L'Allemagne est le contraire. Sitôt passée la
période de gestation des essais de réforme
artistique, celle-ci s'est propagée chez les
artistes, et simultanément dans l'industrie,
avec la rapidité d'une trainée de poudre qui
s'enflamme. Peintres et sculpteurs ont aban-
donné en masse les pinceaux et le ciseau pour
la façon de l'objet; et, cet admirable esprit
d'association et de solidarité qui fait la force
de l'Allemagne aidant, l'influence des artistes
novateurs non-seulement sur l'industrie, mais
même sur les autorités, est devenue en
trois ans une puissance. En parcourant les

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