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EXPOStHON UNtVERSELLE L'ART NOUVEAU
TAPtS COMPOSÉ PAR G. DE FEURE
Je m'étends complaisamment sur le mérite
qui revient à M. Bing parceque, dans ma pensée,
ht France est ie pins ingrat des terrains pour
l'introduction de formes d'art conformes à
l'esprit moderne, qui relègue nos quaiités de
sentiment au second pian. Je ne cherche pas
à cacher toute mon estime pour i'homme qui
vient de démontrer que ce terrain peut quant
même être fécondé, et de faire paraître à nos
yeux un ensembie procédant de i'esthétique
faite de iogique qui sera ceiie de l'avenir, en
gardant cependant la grâce fleurie dont j'appré-
hendais i'oubii fatal.
L'un des meilieurs ennuis que nous aura
valu i'ouverture prématurée d'une Exposition
où rien n'était prêt, à nous, forcés par les
lenteurs d'une impression très-soignée à nous
y prendre longtemps d'avance pour photo-
praphier ce que nous reproduisons, sera de ne
pouvoir donner dans ce numéro qu'une idée
très-partielle du pavillon Bing. Si faible qu'elle
soit, elle suffit pourtant à montrer qu'il n'y a
rien de commun entre celui-ci et les choses
bizarres qu'on nous a présentées de différents
côtés depuis quelques années sous l'étiquette
de stylejmoderne. Ici, le «style moderne)) n'est
pas un épouvantail ; les plus timorés peuvent
approcher sans crainte d'être violemment secoués
et lés plus encroûtés sans avoir à regretter les
grâces faciles de la rocaille. Nous ne sommes
pas chez des théoriciens rébarbatifs, mais chez
des gens de goût, Français par-dessus le marché.
Un gentilhomme octogénaire peut s'y sentir
aussi à l'aise qu'entre les murs du salon de
son château, rechampis en dernier lieu sous la
Restauration.
Dans la salle à manger, composée entière-
ment par M. Gaillard (jusqu'aux décorations
murales et au tapis), nous voyons des boiseries,
des lambris, des rinceaux, des meubles en un
bois familier, le noyer ciré : choix de matière
dans lequel apparaît déjà l'esprit de la maison,
pour qui modernisme n'est pas synonyme
d'exotisme. Rien de très-inattendu n'apparait
au premier abord dans les formes génémles, et
rien n'y pourrait apparaître, puisque celles-ci
ne résultent pas seulement de la tradition, mais
de nécessités mécaniques et, comme je l'écri-
vais dernièrement, d'une synthèse des formes
nature les qu'on ne peut enfreindre sans tomber
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EXPOStHON UNtVERSELLE L'ART NOUVEAU
TAPtS COMPOSÉ PAR G. DE FEURE
Je m'étends complaisamment sur le mérite
qui revient à M. Bing parceque, dans ma pensée,
ht France est ie pins ingrat des terrains pour
l'introduction de formes d'art conformes à
l'esprit moderne, qui relègue nos quaiités de
sentiment au second pian. Je ne cherche pas
à cacher toute mon estime pour i'homme qui
vient de démontrer que ce terrain peut quant
même être fécondé, et de faire paraître à nos
yeux un ensembie procédant de i'esthétique
faite de iogique qui sera ceiie de l'avenir, en
gardant cependant la grâce fleurie dont j'appré-
hendais i'oubii fatal.
L'un des meilieurs ennuis que nous aura
valu i'ouverture prématurée d'une Exposition
où rien n'était prêt, à nous, forcés par les
lenteurs d'une impression très-soignée à nous
y prendre longtemps d'avance pour photo-
praphier ce que nous reproduisons, sera de ne
pouvoir donner dans ce numéro qu'une idée
très-partielle du pavillon Bing. Si faible qu'elle
soit, elle suffit pourtant à montrer qu'il n'y a
rien de commun entre celui-ci et les choses
bizarres qu'on nous a présentées de différents
côtés depuis quelques années sous l'étiquette
de stylejmoderne. Ici, le «style moderne)) n'est
pas un épouvantail ; les plus timorés peuvent
approcher sans crainte d'être violemment secoués
et lés plus encroûtés sans avoir à regretter les
grâces faciles de la rocaille. Nous ne sommes
pas chez des théoriciens rébarbatifs, mais chez
des gens de goût, Français par-dessus le marché.
Un gentilhomme octogénaire peut s'y sentir
aussi à l'aise qu'entre les murs du salon de
son château, rechampis en dernier lieu sous la
Restauration.
Dans la salle à manger, composée entière-
ment par M. Gaillard (jusqu'aux décorations
murales et au tapis), nous voyons des boiseries,
des lambris, des rinceaux, des meubles en un
bois familier, le noyer ciré : choix de matière
dans lequel apparaît déjà l'esprit de la maison,
pour qui modernisme n'est pas synonyme
d'exotisme. Rien de très-inattendu n'apparait
au premier abord dans les formes génémles, et
rien n'y pourrait apparaître, puisque celles-ci
ne résultent pas seulement de la tradition, mais
de nécessités mécaniques et, comme je l'écri-
vais dernièrement, d'une synthèse des formes
nature les qu'on ne peut enfreindre sans tomber
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