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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 21 (Juin 1900)
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Kahn, Gustave: La rue pittoresque - Les toits
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0118

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-3-^gD- L'ART DECORATIF <5^-


M-Vsa?)fr.
H. VOGELER (WORPSWEDE)
que les intervalles creux où passent les rues.
Pourtant quelques maisons s'émancipent de
cette mode tyrannique du toit à côtés déclives
en concordance, de cette mode aussi sévère
qu'un canon prosodique ou une ordonnance
de la mode, et des terrasses apparaissent, et
des jardins suspendus, faits pour le repos et
l'agrément. Ce ne sont pas encore les im-
menses jardins suspendus de Babylone qui
étaient sans doute quelques arbres sur les
hautes terrasses; et sur toute terrasse très
solide on ne voit pas pourquoi des verdures
ne seraient pas disposées, mais on commence
par des jardins auxquels on a accès par des
ascenseurs. Mode américaine adoptée en Alle-
magne, adoptée aussi en France depuis très
peu de temps pour des bâtiments neufs, dont
l'un était un hôtel ambitieux de donner pour
l'Exposition de ipoo, à ses voyageurs, un com-
mode panorama de Paris.
Flaubert nous a montré dans Salammbô les
négociants de Carthage, le soir, les affaires
finies, causant ensemble parmi leurs familles
et s'ébrouant dans l'air, comme en un bain.
Il en avait pu voir le spectacle dans l'Orient
moderne où la terrasse est un lieu de bavar-
dage tout le jour pour les femmes et où le soir
les hommes viennent respirer l'air frais. C'est
au-dessus de la mer toute une rue nouvelle,
seulement on y est cantonné dans son îlot de

maisons. Les loques tendues battent l'air en
cas de brise comme les éventails et c'est de
là qu'on répond au Muezzin.
Si la mode de ces toits arborescents se ré-
pand à Paris, c'est sans doute sur ces jardins
nouveaux, que l'été, la foule mal logée des
prolétaires ira chercher le frais et l'air pur, au
lieu de se grouper sur les bords du trottoir,
et sur les refuges des places. C'est un des
spectacles de Paris, mais non des plus souriants,
à cause de ce qu'il comporte de réflexions
pénibles sur l'exiguïté et l'insalubrité du loge-
ment, dans ces maisons-casernes qui contiennent
tant de gens et tant de marmaille, que cet
emprunt de la rue par ceux qui fuient la cha-
leur lourde des chambres sans air, et un bon
sociologue redouterait le plain-pied du terre-
plain de place publique, ou du trottoir de rue
d'abord raisonnablement choisi pour aspirer
quelques bouffées d'air de la porte du marchand
d'alcool, dont l'alambic de cuivre et le comptoir
de zinc encadrent les promesses colorées. Il


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