JUIN 1900 <5^^-
de l'art. Disons donc seulement que ses meubles,
comme ceux de l'architecte Berlage et des artistes
hollandais en général, se composent à peu près
exclusivement de lignes droites. Dans ce pays,
le bon sens ne perd jamais ses droits.
Dans les façades d'une laiterie construite à
Nimègue sur ses plans, l'architecte Oscar Leeuw
nous montre les ressources architectoniques et
décoratives de la brique, principale matière de
construction d'un pays au sol argilo-sabloneux.
Ces ressources sont minces ; néanmoins, si l'on
fait abstraction des deux frontons, (l'un crénelé)
dont l'évidente inutilité dépare un peu l'ensemble,
on verra que M. Leeuw en a tiré de jolies lignes
et de la variété d'accidentation. Comme formes,
la brique ne pourrait donner rien de plus. Mais
il y a la couleur ; l'architecte y a recouru largement.
Les panneaux d'inscriptions, les tympans des
baies, les piliers, les sertissures d'arceaux, les
linteaux sont les uns en céramique, les autres en
briques émaillées où le crème, le vert, le violet
composent avec le ton général de la façade des
harmonies diverses. Pour l'architecture, la Hol-
lande a longtemps recouru à la Belgique, qui
lui fournissait la belle pierre calcaire bleue (dite
petit-granit) dont est fait le joli pilier d'encoignure
de la laiterie de Nimègue. Aujourd'hui, la grande
céramique s'y développe ; il est probable qu'elle
est appelée à jouer un rôle de premier ordre
dans la construction hollandaise, comme elle ht
autrefois en Perse — autre pays à laquelle la
nature a refusé la pierre.
A l'intérieur, la salle ouverte au public est tout
à fait avenante, avec ses boiseries en sapin, pan-
nelées de peuplier diversement coloré, ses déco-
rations linéaires tempérées d'éléments floraux à
stylisation très-poussée, et sa frise formée de pan-
neaux peints en tons plats par M. H. Leeuw juif,
et représentant des vaches au pâturage. La dis-
tribution des éléments dans cette décoration est
parfaitement ordonnée ; chaque chose y est bien
à sa place. Les meubles en bois de frêne teinté
(je l'eusse préféré naturel) sont rectilignes, simples,
en somme très-bien ; en particulier les chaises,
excellemment profilées.
Dans une porte de maison en pitch pin, M. J.
A. Pool jun** nous montre, outre de jolis pan-
neaux vitraillés (toujours à stylisation très poussée),
un morceau de charpenterie d'une originalité de
bon aloi ; une chose simple, peu coûteuse, et né-
anmoins pas banale et plaisante. Les grilles en
fer forgé, formant la barrière et l'imposte de
l'entrée d'une boucherie dont nous représentons
le rez-de-chaussée, sont aussi d'un dessin agréable.
Suivant la mode hollandaise, cette boucherie n'est
pas une boutique, mais une vaste pièce tenue aussi
fraîche que possible, et munie par derrière d'une
J. A. POOL JR. PORTE DE MAISON
glacière d'où les grosses pièces de viande, sus-
pendues par des crochets roulants à des rails au
plafond, viennent le matin et s'en retournent le
soir. L'intérieur de cet établissement est aussi
décoré sur les dessins du même artiste, que nous
retrouverons sans doute dans des travaux plus
importants, car M. Pool (un très-jeune homme)
n'a pas encore eu le temps de donner tout ce
qu'on peut attendre de lui.
O. GERDEIL
]21
de l'art. Disons donc seulement que ses meubles,
comme ceux de l'architecte Berlage et des artistes
hollandais en général, se composent à peu près
exclusivement de lignes droites. Dans ce pays,
le bon sens ne perd jamais ses droits.
Dans les façades d'une laiterie construite à
Nimègue sur ses plans, l'architecte Oscar Leeuw
nous montre les ressources architectoniques et
décoratives de la brique, principale matière de
construction d'un pays au sol argilo-sabloneux.
Ces ressources sont minces ; néanmoins, si l'on
fait abstraction des deux frontons, (l'un crénelé)
dont l'évidente inutilité dépare un peu l'ensemble,
on verra que M. Leeuw en a tiré de jolies lignes
et de la variété d'accidentation. Comme formes,
la brique ne pourrait donner rien de plus. Mais
il y a la couleur ; l'architecte y a recouru largement.
Les panneaux d'inscriptions, les tympans des
baies, les piliers, les sertissures d'arceaux, les
linteaux sont les uns en céramique, les autres en
briques émaillées où le crème, le vert, le violet
composent avec le ton général de la façade des
harmonies diverses. Pour l'architecture, la Hol-
lande a longtemps recouru à la Belgique, qui
lui fournissait la belle pierre calcaire bleue (dite
petit-granit) dont est fait le joli pilier d'encoignure
de la laiterie de Nimègue. Aujourd'hui, la grande
céramique s'y développe ; il est probable qu'elle
est appelée à jouer un rôle de premier ordre
dans la construction hollandaise, comme elle ht
autrefois en Perse — autre pays à laquelle la
nature a refusé la pierre.
A l'intérieur, la salle ouverte au public est tout
à fait avenante, avec ses boiseries en sapin, pan-
nelées de peuplier diversement coloré, ses déco-
rations linéaires tempérées d'éléments floraux à
stylisation très-poussée, et sa frise formée de pan-
neaux peints en tons plats par M. H. Leeuw juif,
et représentant des vaches au pâturage. La dis-
tribution des éléments dans cette décoration est
parfaitement ordonnée ; chaque chose y est bien
à sa place. Les meubles en bois de frêne teinté
(je l'eusse préféré naturel) sont rectilignes, simples,
en somme très-bien ; en particulier les chaises,
excellemment profilées.
Dans une porte de maison en pitch pin, M. J.
A. Pool jun** nous montre, outre de jolis pan-
neaux vitraillés (toujours à stylisation très poussée),
un morceau de charpenterie d'une originalité de
bon aloi ; une chose simple, peu coûteuse, et né-
anmoins pas banale et plaisante. Les grilles en
fer forgé, formant la barrière et l'imposte de
l'entrée d'une boucherie dont nous représentons
le rez-de-chaussée, sont aussi d'un dessin agréable.
Suivant la mode hollandaise, cette boucherie n'est
pas une boutique, mais une vaste pièce tenue aussi
fraîche que possible, et munie par derrière d'une
J. A. POOL JR. PORTE DE MAISON
glacière d'où les grosses pièces de viande, sus-
pendues par des crochets roulants à des rails au
plafond, viennent le matin et s'en retournent le
soir. L'intérieur de cet établissement est aussi
décoré sur les dessins du même artiste, que nous
retrouverons sans doute dans des travaux plus
importants, car M. Pool (un très-jeune homme)
n'a pas encore eu le temps de donner tout ce
qu'on peut attendre de lui.
O. GERDEIL
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