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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 22 (Juillet 1900)
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Frantz, Henri: La peinture décorative à l'exposition de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0161

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JUILLET 1900


EXPOSITION UNIVERSELLE C. KOROVINE t PÊCHE AU MORSE
PA LAIS DE L'ASIE RUSSE t PEINTURE DÉCORATIVE t t * t! *

Au fond du pavillon, où se trouvent les col-
lections d'armes de l'Emir de Boukhara, M. Koro-
vine a représenté une porte de Samarcand, auprès
de laquelle sont groupées dans le plus pittoresque
désordre les caravanes qui arrivent des déserts
lointains. A côté des chameaux des hommes sont
accroupis qui se reposent et mangent, tandis que
la vaste porte antique développe au dessus d'eux
ses mosaïques bleues de l'époque persane.
Cette même saveur, cette même couleur locale
vous les retrouverez dans d'autres panneaux
voisins représentant des scènes de la vie dans
l'Asie russe, enlevés dans cette même peinture
naive et un peu fruste, mais qui donne de si
belles impressions d'ensemble. Nous y notons
tout particulièrement certaines vues de paysages
très significatives.
Car M. Constantin Korovine a admirablement
compris les paysages de son pays, qu'il a par-
couru dans tous les sens et dont il a noté tous
les aspects, depuis l'orientalisme des caravanes
qui vont vers Samarcand ou Boukhara, jusqu'à
la monotonie des grands déserts du Nord.
M. Korovine nous donne une nouvelle preuve
de cet art de paysagiste dans la salle de la Région
Boréale, autour de laquelle il a fait régner une
frise qui est un véritable morceau de décoration
dans sa simplicité.
Voici sous le reflet mat du soleil de minuit la

morne mélancolie de la terre arctique que Catulle
Mendès a si bien traduite en ces vers, véritable
et juste paraphrase de l'œuvre de Korovine :
* L'îie déroule au loin sa solitude blanche
Que prolonge la morne et terne inclinaison
Des glaces de la mer vers le gris horizon,
Et, miroir des pâleurs sans fin continuées
Le lourd ciel, en banquise agrégeant ses nuées
Stable ou s'entreheurtant comme un glacier fendu
Semble un autre océan polaire, suspendu ! *
Tous les aspects caractéristiques de la terre du
soleil de minuit décorent cette salle. Voici un de
ces petits ports arctiques où l'été a ramené un peu
de vie et de mouvement dans la tristesse du
paysage. Des barques à voile, des baleinières sont
amarrées; de grandes chaloupes traversent chargées
de marchandises, sur la mer pâle.
Ailleurs c'est un paysage hivernal dont la neige
a des tons gris et rosés et sur laquelle se détachent
vigoureusement esquissés les Esquimaux dans leurs
traineaux.
Dans le pavillon des Pêcheries russes M. Koro-
vine s'est plu à représenter, toujours sous cette
forme hautement décorative, des aspects de la
vallée de l'Jénisséi, qui coule tantôt parmi des
rochers énormes, tantôt (et c'est une de ses ins-
pirations les mieux réussies) à travers des forêts
dont les arbres espacés laissent voir le brillant de
l'eau. M. Korovine nous fait songer ici à la sim-
plicité de Henri Rivière.

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