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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No. 22 (Juillet 1900)
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Jacques, G. M.: Le meuble français à l'exposition
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0167

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JUILLET 1900



EXPOSITION UNIVERSELLE

L. MAJORELLE ^ SALLE A MANGER

semées sans compter par ce cerveau fécond suffirait
à créer des chefs-d'œuvres. Aussi les autres ne se
sont-ils pas fait faute de puiser à cette source iné-
puisable, et les trouvailles de l'artiste ont-elles été
pillées et repillées en détail un peu par tout le monde
— sans parler de ceux qui, faisant du
une industrie, offrent en vente des meubles où tout
est pris à M. Majorelle .... excepté son talent.
Qu'on ne confonde pas cette extraordinaire
fécondité d'imagination avec la facilité banale, si
répandue, derrière laquelle il n'y a que le néant.
Chacune de ses manifestations porte le sceau de
la puissance; le crayon d'où sortent ces choses si
fouillées est tenu par une main de fer. Il courbe,
tord, creuse sans hésiter ni s'égarer. Il garde
à travers toutes les complications la même
aisance que s'il ne s'agissait que de tirer une ligne
droite. Il trace à grands traits, largement, se dé-
tournant ça et là de la ligne pour fouiller aussi
rapidementque délicatement un détail et reprendre
à l'instant son chemin. C'est au plus haut degré
l'union de la force à la délicatesse.
Le principe de faire dériver les formes du meuble
de formes naturelles, qui est ceiui de M. Majorelle,

est une grande erreur à mes yeux. Mais telle est
l'ampleur avec laquelle M. Majorelle établit ses
œuvres sur ce principe, que par moments je me
demande presque, en les considérant, si ce n'est
pas moi qui me trompe. Ce qui est certain, c'est
qu'aucun artiste français ni étranger n'approche
de lui sur ce terrain, même de loin.
Quelques mots descriptifs pour aider à com-
prendre nos reproductions. La membrure du
bureau et de la bibliothèque représentée est en
acajou poli, les panneaux en courbaril, bois exo-
tique d'un brun chaud à veines longues et très-
accusées. Les arcs supportant les consoles sont
doublés de nervures en bronze ciselé, sur les-
quelles se greffent ça et là des détails floraux.
La patine de ce bronze lui communique une teinte
et un éclat très-riches, exempts de la fadeur de la
dorure. M. Majorelle excelle à découvrir des pa-
tines neuves pour les métaux aussi bien que pour
les bois ; il sait à merveille accentuer par elles le
caractère des meubles. Ainsi, dans ces deux
meubles de cabinet de travail, les tons des bois
et du métal s'unissent aux formes pour donner
l'impression d'une gravité somptueuse.

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