-=3-^- JUILLET 1900
cette section comme dans toutes les autres, plus
même que dans aucune autre, et convaincre
le monde de la hauteur atteinte par l'Allemagne
dans les arts industriels. Les architectes du com-
missariat général, et à leur tête M. le Prof'' Hof-
facker, dont l'installation allemande à l'Esplanade
des Invalides est en grande partie l'oeuvre per-
sonnelle, ont répondu à son attente. Non-seule-
ment cette œuvre se distingue par sa magnificence
luxueuse et sobre à la fois, mais elle triomphe de
la difficulté — qui s'imposait peut-être pour la
première fois — de réunir au caractère officiel et
traditionnel qu'impose la représentation monu-
mentale d'une grande et ancienne puissance le
caractère progressiste que veut cette même repré-
sentation, quand elle est en même temps celle
d'une nation aspirant à prendre la tête du monde
dans tous les domaines de la civilisation.
L'habile union de ces deux caractères si difficile-
ment compatibles est ce qui distingue avant
tout l'installation, réellement monumentale, proje-
tée par M. le Prof'" HofFacker et ses collaborateurs.
En pénétrant dans ce vaste et somptueux péristyle,
dallé d'un noble marbre dont le rocher au sommet
duquel l'aigle de bronze étend ses ailes interrompt
seul le miroir, en promenant les yeux sur les
statues des vieux empereurs bardés de fer qui
semblent le garder, puis de là, sur le double rang
des loges d'exposants, sur la fuite des passages
menant aux escaliers, sur la galerie supérieure,
ceinte d'une admirable balustrade en fer et bornée
par le blanc stuc des façades des loges, ce n'est
pas dans un lieu de foire mondiale, mais dans un
palais qu'on se sent transporté: palais étrangement
nouveau, où l'Histoire, au lieu de nous imposer
de sa voix austère le respect du passé, préside,
bienveillante, aux progrès du Présent.
Nos photographies, que nous avons dû faire
prendre avant l'achèvement complet de l'ins-
tallation, ne peuvent donner qu'une idée incom-
plète de celle-ci. Elles montrent cependant assez
bien les dispositions du péristyle et jusqu'à un
certain point ses principeaux détails. Cette partie
de la section ne renferme pas de vitrines ; les
exposants sont classés dans les loges du rez-de-
chaussée et de la galerie. Bon nombre de ces
loges sont occupées par des expositions collectives
de telle ou telle industrie ou localité : ainsi, les
fabricants de jouets deNurenberg, ceux de Sonne-
berg, les ébénistes de Munich, la colonie d'artistes
de Darmstadt, etc. en occupent chacun une ; soit
diten parenthèse, l'esprit d'association, si développé
en Allemagne, contribue puissamment à montrer
les produits des industriels sous le meilleur jour,
en faisant de l'exposition de chaque groupe un
ensemble hautement intéressant dans lequel l'ap-
port de chacun se fond, sans cesser néanmoins
d'être facilement discernable. D'autres loges sont
occupées par une seule maison ; d'autres enfin,
par les vitrines de classes telles que la bijouterie,
l'orfèvrerie et autres industries productrices
d'objets de petites dimensions.
On peut distinguer sur notre vue latérale du
péristyle la décoration des façades en stuc des
loges de lagalerie, ainsi que le dessin de la balustrade
en fer, et l'on voit que leurs lignes n'ont rien de
commun avec les vieux poncifs, pas plus qu'avec
certaines excentricités trop bruyantes. Ces
décorations sont faites dans un esprit qui les rend
acceptables par tout le monde, par les modernistes
aussi bien que par leurs adversaires. Ceci n'est
pas le moindre des éloges dûs à la manière dont
M le ProE HofFacker et ses collaborateurs ont
rempli leur tâche. Il est du reste à remarquer —
et c'est un point sur lequel il est bon d'insister —
que les formes constructives et décoratives sous
lesquelles le modernisme se manifeste en Alle-
magne à cette heure n'ont nullement ce caractère
de bizarrerie dans lesquelles certains sont trop
portés, chez nous et ailleurs, à voir une nécessité
des tendances modernistes. Les objets de toute
nature exposée dans la section allemande par les
différentes industries sont certes modernistes ou
tout au moins tendent vers le modernisme en
grande majorité ; mais nulle part dans ces objets
pas plus que dans les installations de sections ni
les installations particulières on ne voit apparaître
ce genre de dessin auquel on a donné le nom (que
nous n'employons ici que pour préciser ce que
nous voulons dire) d'« école du macaroni » ou
du « ver solitaire tu Si ce genre, originaire de la
Belgique, a eu un instant quelque succès en Alle-
magne, il ne s'y est pas répandu ; ou du moins,
il s'y est immédiatement transformé : les Allemands
en ont retenu la liberté de lignes, mais ils les ont
variées, les ont ployées à leur esprit, et surtout,
ont compris de suite avec l'esprit critique qui les
caractérise que si ce genre de dessin peut rendre
!51
cette section comme dans toutes les autres, plus
même que dans aucune autre, et convaincre
le monde de la hauteur atteinte par l'Allemagne
dans les arts industriels. Les architectes du com-
missariat général, et à leur tête M. le Prof'' Hof-
facker, dont l'installation allemande à l'Esplanade
des Invalides est en grande partie l'oeuvre per-
sonnelle, ont répondu à son attente. Non-seule-
ment cette œuvre se distingue par sa magnificence
luxueuse et sobre à la fois, mais elle triomphe de
la difficulté — qui s'imposait peut-être pour la
première fois — de réunir au caractère officiel et
traditionnel qu'impose la représentation monu-
mentale d'une grande et ancienne puissance le
caractère progressiste que veut cette même repré-
sentation, quand elle est en même temps celle
d'une nation aspirant à prendre la tête du monde
dans tous les domaines de la civilisation.
L'habile union de ces deux caractères si difficile-
ment compatibles est ce qui distingue avant
tout l'installation, réellement monumentale, proje-
tée par M. le Prof'" HofFacker et ses collaborateurs.
En pénétrant dans ce vaste et somptueux péristyle,
dallé d'un noble marbre dont le rocher au sommet
duquel l'aigle de bronze étend ses ailes interrompt
seul le miroir, en promenant les yeux sur les
statues des vieux empereurs bardés de fer qui
semblent le garder, puis de là, sur le double rang
des loges d'exposants, sur la fuite des passages
menant aux escaliers, sur la galerie supérieure,
ceinte d'une admirable balustrade en fer et bornée
par le blanc stuc des façades des loges, ce n'est
pas dans un lieu de foire mondiale, mais dans un
palais qu'on se sent transporté: palais étrangement
nouveau, où l'Histoire, au lieu de nous imposer
de sa voix austère le respect du passé, préside,
bienveillante, aux progrès du Présent.
Nos photographies, que nous avons dû faire
prendre avant l'achèvement complet de l'ins-
tallation, ne peuvent donner qu'une idée incom-
plète de celle-ci. Elles montrent cependant assez
bien les dispositions du péristyle et jusqu'à un
certain point ses principeaux détails. Cette partie
de la section ne renferme pas de vitrines ; les
exposants sont classés dans les loges du rez-de-
chaussée et de la galerie. Bon nombre de ces
loges sont occupées par des expositions collectives
de telle ou telle industrie ou localité : ainsi, les
fabricants de jouets deNurenberg, ceux de Sonne-
berg, les ébénistes de Munich, la colonie d'artistes
de Darmstadt, etc. en occupent chacun une ; soit
diten parenthèse, l'esprit d'association, si développé
en Allemagne, contribue puissamment à montrer
les produits des industriels sous le meilleur jour,
en faisant de l'exposition de chaque groupe un
ensemble hautement intéressant dans lequel l'ap-
port de chacun se fond, sans cesser néanmoins
d'être facilement discernable. D'autres loges sont
occupées par une seule maison ; d'autres enfin,
par les vitrines de classes telles que la bijouterie,
l'orfèvrerie et autres industries productrices
d'objets de petites dimensions.
On peut distinguer sur notre vue latérale du
péristyle la décoration des façades en stuc des
loges de lagalerie, ainsi que le dessin de la balustrade
en fer, et l'on voit que leurs lignes n'ont rien de
commun avec les vieux poncifs, pas plus qu'avec
certaines excentricités trop bruyantes. Ces
décorations sont faites dans un esprit qui les rend
acceptables par tout le monde, par les modernistes
aussi bien que par leurs adversaires. Ceci n'est
pas le moindre des éloges dûs à la manière dont
M le ProE HofFacker et ses collaborateurs ont
rempli leur tâche. Il est du reste à remarquer —
et c'est un point sur lequel il est bon d'insister —
que les formes constructives et décoratives sous
lesquelles le modernisme se manifeste en Alle-
magne à cette heure n'ont nullement ce caractère
de bizarrerie dans lesquelles certains sont trop
portés, chez nous et ailleurs, à voir une nécessité
des tendances modernistes. Les objets de toute
nature exposée dans la section allemande par les
différentes industries sont certes modernistes ou
tout au moins tendent vers le modernisme en
grande majorité ; mais nulle part dans ces objets
pas plus que dans les installations de sections ni
les installations particulières on ne voit apparaître
ce genre de dessin auquel on a donné le nom (que
nous n'employons ici que pour préciser ce que
nous voulons dire) d'« école du macaroni » ou
du « ver solitaire tu Si ce genre, originaire de la
Belgique, a eu un instant quelque succès en Alle-
magne, il ne s'y est pas répandu ; ou du moins,
il s'y est immédiatement transformé : les Allemands
en ont retenu la liberté de lignes, mais ils les ont
variées, les ont ployées à leur esprit, et surtout,
ont compris de suite avec l'esprit critique qui les
caractérise que si ce genre de dessin peut rendre
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