-3-SsgD- L'ART DÉCORATIF <5^^-
indispensable. II associe aux rubis, aux topazes,
aux améthystes, aux agathes, aux émeraudes,
aux turquoises, aux briiiants, aux saphirs, te
silex qu'on trouve au bord des routes et dont
le poli caresse comme un regard d'enfant, l'ala-
bastrite, faux albâtre, les almandines, gouttes
de sang, l'amphigène, grenat blanc, l'antipate ou
corail noir, l'augite verte, l'aventurine jaune, le
béryl et le bétyle, la nacre burgandine, la calcé-
doine blanche, la cassidoine irisée, la jaune
chrysolithe, le corindon, spath adamantin, parent
du granit, la cimophane et l'opale aux reHets
laiteux, l'eztéri, jaspe vert piqué de rouge, les
fluors de verre, le girasol bleu, le jade verdâtre,
le lapis, le péridot vert, le portor, calcaire noir
taché d'or, le rubace jaunâtre, le corail samestre,
la sardoine, le smalt, cristal de cobalt, l'ambre
succin, le zircon qui est plus dur que le diamant.
Il mélange aux métaux précieux, par d'habiles
combinaisons, le platine et l'acier, le caracoly,
or, argent et cuivre, le similor et le tombac,
cuivre et zinc, le titane rouge et l'urane gris;
aux émaux, l'antigorium des Romains; aux tissus,
dont il ne craint même pas d'user désormais,
à la soie, au bombasin, le samis, lamé d'or et
d'argent.
Pour juger de l'effort il faut suivre les concours
annuels d'apprentis de la Chambre syndicale
de la bijouterie. Il s'y révèle un goût chaque
jour plus savant, et, sans tomber dans un emploi
exagéré de la faune et de la dore, une meilleure
utilisation de l'ornement naturel La joaillerie
n'était souvent que l'étalage d'un luxe ignorant.
L'idéal prend sa revanche, les magnidcences
voisinent avec la pensée.
La femme règne sur nos arts domestiques.
Quand ce n'est pas pour elle, c'est d'elle qu'ils
sont inspirés, ennoblis de son corps, ensoleillés
de son sourire. Mélanger pour nous séduire
l'obsession voluptueuse de l'or, de l'art et de
la chair, tel est désormais le rôle du bijou dans
la parure féminine. C'est une libération des
non-sens de jadis. Il est inutile de violenter la
nature, elle porte en elle-même une indication
de style où se trouvent le goût, la ligne har-
monieuse, la douceur de vision. Voici des saute-
relles, des hannetons, des coccinelles, des serpents,
des paons, des cygnes flottant parmi les nymphéas;
voici des feuilles de pissenlits, des liserons accou-
plés, des tulipes et des raisins, des églantines
et des lys, des saules penchés sur l'émail d'une
onde pure, des libellules posées sur des Heurs
de diamants, avec des ailes d'or et de pierreries.
Et puis c'est l'être humain moitié Heur ou
moitié bêté, avec des ailes éployées, des cheve-
lures de feuillage, des membres qui se prolongent
en ramures. Quel art merveilleux peut ainsi
rendre la vivacité des regards, le velouté des
Heurs, la Hnesse de l'épiderme avec la rudesse
de quelques pierres!
« Un style daté de M. René Lalique; c'est un
orfèvre poète, spontané et savant, exquis et
subtil a a dit M. Roger Marx. Oui. L'œuvre
de M. Lalique est celle d'un expert en mi-
nuties comme en grandes choses. Maître de
l'or et de la pierre, il fait en pièces capitales
des traductions de so'eries lamées de métaux,
de Hligranes et de dentelles transparentes. Quand
il parut au Salon de 189$ pour la première
fois, avec une vitrine de bijoux merveilleux, ce
fut une révélation. Le lendemain René Lalique
était célèbre.
Mais c'était déjà plus qu'un débutant. Depuis
MARCEL B!NG
(L'ART NOUVEAU B!NG, ÉD.)
PENDANT
174
indispensable. II associe aux rubis, aux topazes,
aux améthystes, aux agathes, aux émeraudes,
aux turquoises, aux briiiants, aux saphirs, te
silex qu'on trouve au bord des routes et dont
le poli caresse comme un regard d'enfant, l'ala-
bastrite, faux albâtre, les almandines, gouttes
de sang, l'amphigène, grenat blanc, l'antipate ou
corail noir, l'augite verte, l'aventurine jaune, le
béryl et le bétyle, la nacre burgandine, la calcé-
doine blanche, la cassidoine irisée, la jaune
chrysolithe, le corindon, spath adamantin, parent
du granit, la cimophane et l'opale aux reHets
laiteux, l'eztéri, jaspe vert piqué de rouge, les
fluors de verre, le girasol bleu, le jade verdâtre,
le lapis, le péridot vert, le portor, calcaire noir
taché d'or, le rubace jaunâtre, le corail samestre,
la sardoine, le smalt, cristal de cobalt, l'ambre
succin, le zircon qui est plus dur que le diamant.
Il mélange aux métaux précieux, par d'habiles
combinaisons, le platine et l'acier, le caracoly,
or, argent et cuivre, le similor et le tombac,
cuivre et zinc, le titane rouge et l'urane gris;
aux émaux, l'antigorium des Romains; aux tissus,
dont il ne craint même pas d'user désormais,
à la soie, au bombasin, le samis, lamé d'or et
d'argent.
Pour juger de l'effort il faut suivre les concours
annuels d'apprentis de la Chambre syndicale
de la bijouterie. Il s'y révèle un goût chaque
jour plus savant, et, sans tomber dans un emploi
exagéré de la faune et de la dore, une meilleure
utilisation de l'ornement naturel La joaillerie
n'était souvent que l'étalage d'un luxe ignorant.
L'idéal prend sa revanche, les magnidcences
voisinent avec la pensée.
La femme règne sur nos arts domestiques.
Quand ce n'est pas pour elle, c'est d'elle qu'ils
sont inspirés, ennoblis de son corps, ensoleillés
de son sourire. Mélanger pour nous séduire
l'obsession voluptueuse de l'or, de l'art et de
la chair, tel est désormais le rôle du bijou dans
la parure féminine. C'est une libération des
non-sens de jadis. Il est inutile de violenter la
nature, elle porte en elle-même une indication
de style où se trouvent le goût, la ligne har-
monieuse, la douceur de vision. Voici des saute-
relles, des hannetons, des coccinelles, des serpents,
des paons, des cygnes flottant parmi les nymphéas;
voici des feuilles de pissenlits, des liserons accou-
plés, des tulipes et des raisins, des églantines
et des lys, des saules penchés sur l'émail d'une
onde pure, des libellules posées sur des Heurs
de diamants, avec des ailes d'or et de pierreries.
Et puis c'est l'être humain moitié Heur ou
moitié bêté, avec des ailes éployées, des cheve-
lures de feuillage, des membres qui se prolongent
en ramures. Quel art merveilleux peut ainsi
rendre la vivacité des regards, le velouté des
Heurs, la Hnesse de l'épiderme avec la rudesse
de quelques pierres!
« Un style daté de M. René Lalique; c'est un
orfèvre poète, spontané et savant, exquis et
subtil a a dit M. Roger Marx. Oui. L'œuvre
de M. Lalique est celle d'un expert en mi-
nuties comme en grandes choses. Maître de
l'or et de la pierre, il fait en pièces capitales
des traductions de so'eries lamées de métaux,
de Hligranes et de dentelles transparentes. Quand
il parut au Salon de 189$ pour la première
fois, avec une vitrine de bijoux merveilleux, ce
fut une révélation. Le lendemain René Lalique
était célèbre.
Mais c'était déjà plus qu'un débutant. Depuis
MARCEL B!NG
(L'ART NOUVEAU B!NG, ÉD.)
PENDANT
174