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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 2,2.1900

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No.23 (Août 1900)
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Detouche, Henry: Les bronzes d'art à l'exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.34204#0223

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-^==g)- L'ART DÉCORÂT! F

Au nombre des quelques maisons accueillantes
aux tendances jeunes, il faut citer aussi la
maison Goldscheider; cependant je trouvel'expo-
sition de celle-ci plus froide dans son ensemble
que celle de la maison prémentionnée, et n'abon-
dant pas autant en ingéniosité dans les recherches
nouvelles. Deux figures de femmes en bronze
de Félix Charpentier, une de Loiseau-Rousseau
représentant une femme avec des ailes de libel-
lule sur une Heur; un encrier de Jeanne Itasse,
femme couchée, et un porte-carte avec un
miroir de Govea. Puis, c'est une femme vigou-
reusement campée de Félix Charpentier et un
autre grand porte-carte de Ledru : une femme
couchée sur une plage, tenant dans ses bras
tendus un coquillage. Deux Hambeaux à incan-
descence de Levasseur montrent deux figures
de femmes expressives en des attitudes d'une
grâce extrême; et l'on retrouve ici M. Bouval
avec deux figurines hiératiques (porte lampes)
dont la grâce fait oublier le manque d'orginalitë.
Reprenant la promenade, et négligeant de
parler de choses surannées, de terre-neuves
sentimentaux, de mousquetaires de pacotille et
de petites femmes qui s'efforcent d'être affa-
lantes pour les petites bourses, je suis écœuré
des copies, recopies, et surcopies interminables
en bronze, simili-bronze et probablement — qui
soit? — en imitation de simili-bronze. J'arrive
devant la série des œuvres de Mène et de Cain.
Deux consciencieux, labeur d'observation et de
probité. Chiens, bœufs, chevaux, tigres et chats,
l'animalité entière court, crie et se bat dans
une teinte de bronze uniforme qui laisse l'in-
térêt tout à la composition des groupes et à
la science anatomique du sculpteur.
Cependant, j'avoue que Frémiet m'intéresse
infiniment plus; parce qu'ici le sens du pitto-
resque s'adjoint au savoir du statuaire. Ici, pas
une œuvre qui n'avertisse l'œil du passant par
la composition ou l'imprévu de la silhouette,
et qui ne le retienne par la sagacité perma-
nente et l'étude approfondie qui sont le
propre du maître. Le plus petit épisode de
l'animalité, comédie ou drame, est reproduit
amoureusement. Oui, les animaux ont, comme
l'homme, leur roi, des menus gestes et de
grands élans dignes d'être notés et éternisés par
l'art. Et c'est justice quand l'humanité fournit

un grand talent et un bon cœur pour aimer
les humbles de la vie et rédiger comme de
vivantes chroniques cet étalage de passions qui
est toute la comédie animale. Balzac Ht la
LrwzA&r Frémiet est le Balzac de la
faune terrestre. Voyez le
faisant des bulles de savon, appréciez l'obser-
vation si amusante et l'agencement des globes
de verres invisiblement suspendus à des Hls.
Voyez la série des C&zA, sans en excepter
un seul, depuis la maternité dolente jusqu'aux
convoitises, et réjouissez-vous, si la race féline
a vos admirations. Ah! c'est qu'il faut un
affinement particulier pour avoir la compréhension
et l'amour du chat. Il faut chérir l'indépen-
dance, la propreté, la grâce, le silence, le mystère.
Il faut ressentir ce qu'ont éprouvé depuis Mon-
crif, l'historiographe des chats, la longue série
d'écrivains têts que Baudelaire, Gautier, Champ-
Heury, Taine, Loti, Dumas fils, Coppée etc.
Il faut admettre, de même que les Egyptiens
qui l'honoraient, que le chat est pareil aux dieux,
qui acceptent les caresses comme des prières,
mais qui n'en rendent pas.
Les petits bronzes viennois se sont fait une
certaine réputation dans les derniers temps.
A l'Exposition, ils sont représentés par un certain
nombre de pièces au salon de la maison Fœrster,
dans la section autrichienne. Je trouve là
deux petites lampes allume cigares, pauvres
petites femmes pétriHées par la stylisation,
rigides et d'une indigence de silhouette par
trop grande. Puis une autre femme de
M. Gurschner tient une petite lampe antique,
à laquelle je préfère de beaucoup les deux
appliques du même artiste. Deux Hgures dans
une pose quasi symétrique sont encadrées par
deux arbres sévèrement stylisés qui contien-
nent des poires électriques dans leur feuillage.
C'est ce que j'ai rencontré là de mieux dans
le genre.
Les bronzes qui se succèdent à l'inHni dans
les vitrines du Japon me dédommagent. Ici
sans cesse une scrupuleuse exactitude, servie
par le souci minutieux du détail. Ce peuple
a la faculté d'analyse développée à un degré
inouï. Regardez ces singes de Shiguejiro et de
Kagawa Tsurayoshi; contemplez ces carpes
si vigoureusement actionnées dans le courant

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