L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (2,2.1900)

AOÛT 1900 <3^^-



Et d'ailleurs, les peintres de la Manufacture
royale savent aider ici à ne pas nous lasser
d'entendre appeler Aristide « le juste ». La douce
mélancolie des paysages de M. Liisberg prend
dans chaque oeuvre des détours nouveaux pour
nous envelopper, la grâce exquise des Heurs
de Mlle Nathanielsen nous sourit plus aimable
dans la pièce d'aujourd'hui qu'en celle d'hier.
De tels artistes ne lassent point, parce qu'ils
touchent. Et le choix de ces artistes serait la
justification de la Manufacture royale, si l'on
voulait lui reprocher — comme quelques-uns
le font —- de se renfermer dans la peinture
au lieu de suivre le courant qui tend à creuser

ANKER KYSTER
un fossé entre la décoration et l'art propre-
ment dit.
La Manufacture royale compte aujourd'hui
prés d'une douzaine d'artistes de haut ordre
attachés exclusivement à sa production; à leur
tête M. Krog, son directeur artistique, dont le
talent original se manifeste particulièrement dans
des pièces en porcelaine blanche modelée où
le fantastique prend le caractère propre aux
imaginations Scandinaves: telle la pendule repré-
sentée ici. M. Mortensen, plasticien comme

JERNDORFF

M. Krog, donne notamment des bustes d'en-
fants d'une expression intense. Des peintres
— parmi desquels les femmes tiennent une
place aussi large qu'honorable — je ne nomme
aucun parcequ'il serait injuste de ne pas les
nommer tous. A tous ces artistes distingués,
M. Engelhardt, le savant chimiste de la manu-
facture a fourni la gamme extraordinairement
délicate de tons qui font des porcelaines de
Copenhague une vision artistique d'une exquise
finesse, et sont si bien en harmonie avec les
mélancoliques scéneries du Nord qu'ils traduisent.
Sous la direction de M. Engelhardt sont égale-
ment produites les pièces uniquement décorées
de cristallisations, dont un certain nombre sont
exposées.

T. BtNDESBOELL

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