^-^3- SEPTEMBRE 1900 <5^-
Pavillon de l'Art Nouveau Bing donnent, avec
!a salle à manger précitée de MM. Plumet et
TonySelmersheim danslaclasse6c), desdéfinitions
nettes non d'un style — ce mot a Uni sa carrière
et l'ère de la liberté est définitivement ouverte
dans l'art aussi! — mais d'un mobilier nouveau
régi par le style et par l'esprit français.
Un numéro de l'Ar/ n'eût pu
suffire à reproduire en entier le Pavillon Bing,
qui ne comprend pas moins de six pièces :
antichambre, salle à manger, salon, cabinet de
toilette, chambre à coucher, boudoir, plus les
entrées et dégagements. Contrainte de se borner,
notre revue donne au moins une idée aussi
complète que possible des deux pièces composées
par M. de heure, auquel incombait aussi le soin
de décorer l'extérieur et les entrées du Pavillon.
Pour cette décoration, M. de Feure a composé,
outre diverses frises et panneaux où la dore
conventionnelle et l'arabesque se marient en
ensembles d une étonnante nouveauté, cinq
panneaux extérieurs où de fantastiques Parisiennes
font semblant de symboliser la poterie, la verrerie,
la gravure sur métaux, la sculpture sur bois et
l'architecture. A celle-ci, maîtresse suprême des
arts, l'artiste, a octroyé deux femmes. La toilette
de l'une, pailletée de cœurs et de plumes de paon
— toute la lyre — serait-elle un autre symbole
chevauchant le premier? Quoi qu'il en soit, je re-
commande de mouvement des jupeaux couturiers.
Le boudoir et le cabinet de toilette de M. Georges
de Feure, reproduits ici, caractérisent parfaite-
ment l'esprit de la maison Bing. Ce n'est pas
une œuvre de révolutionnaire; il n'y est pas
question de bouleverser tout, de renverser tout,
d'exterminer le passé jusques et y compris les
règles de la géométrie. C'est, au contraire, le
véritable retour au naturel, dont les premiers
novateurs, emportés par la fougue de destruction
des premiers instants, avaient perdu la vision.
Considérez l'un après l'autre ces meubles, cette
armoire par exemple; l'essentiel de leurs formes
n'a rien de très-particulier; j'irai jusqu'à dire —
toujours en ne les considérant qu'en gros — que
chacun d'eux est avant tout un bon et honnête
travail de menuiserie sans prétentions. Je crois
que M de Feure m'en voudra moins que personne
de parler en ces termes de son œuvre, lui qui,
devant la très-belle armoire de son cabinet de
toilette, dont j'admirais les détails, ramenait
obstinément mon attention sur la commodité des
dispositions et le soin avec lequel la place était
aménagée pour chaque objet : on eût dit qu'il
n'attachait d'intérêt qu'à celà.
M. de Feure s'est donc en somme borné, pour
les formes d'ensemble, à choisir dans celles de
l'Empire, du Louis Philippe, de l'Angleterre et
même du salon parisien courant celles qui tradui-
sent le plus naturellement et le mieux la desti-
nation de chaque meuble. Il est probable
qu'il ne manquera pas de théoriciens pour lui
reprocher cet éclectisme; j'y vois pour ma part
une preuve de bon sens et de vues supérieures.
Il veut simplement dire que M. de Feure est
d'avis qu'il y a cent millions de manières d'arranger
les rais d'une roue, mais qu'il n'y en a qu'une
de faire une bonne roue: c'est de la faire ronde.
Donc il ne s'agit pas et ne doit pas s'agir ici
de formes nouvelles, si c'est le squelette du meuble
qu'on veut entendreparformes. Maiscesquelette,
M. de Feure lui donne une chair nouvelle; et
nouvelle dans l'acception la plus complète du mot.
G. DE FEURE FAUTEUtL DU CABINET
DE TOILETTE t: n ^ 3; tsu
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Pavillon de l'Art Nouveau Bing donnent, avec
!a salle à manger précitée de MM. Plumet et
TonySelmersheim danslaclasse6c), desdéfinitions
nettes non d'un style — ce mot a Uni sa carrière
et l'ère de la liberté est définitivement ouverte
dans l'art aussi! — mais d'un mobilier nouveau
régi par le style et par l'esprit français.
Un numéro de l'Ar/ n'eût pu
suffire à reproduire en entier le Pavillon Bing,
qui ne comprend pas moins de six pièces :
antichambre, salle à manger, salon, cabinet de
toilette, chambre à coucher, boudoir, plus les
entrées et dégagements. Contrainte de se borner,
notre revue donne au moins une idée aussi
complète que possible des deux pièces composées
par M. de heure, auquel incombait aussi le soin
de décorer l'extérieur et les entrées du Pavillon.
Pour cette décoration, M. de Feure a composé,
outre diverses frises et panneaux où la dore
conventionnelle et l'arabesque se marient en
ensembles d une étonnante nouveauté, cinq
panneaux extérieurs où de fantastiques Parisiennes
font semblant de symboliser la poterie, la verrerie,
la gravure sur métaux, la sculpture sur bois et
l'architecture. A celle-ci, maîtresse suprême des
arts, l'artiste, a octroyé deux femmes. La toilette
de l'une, pailletée de cœurs et de plumes de paon
— toute la lyre — serait-elle un autre symbole
chevauchant le premier? Quoi qu'il en soit, je re-
commande de mouvement des jupeaux couturiers.
Le boudoir et le cabinet de toilette de M. Georges
de Feure, reproduits ici, caractérisent parfaite-
ment l'esprit de la maison Bing. Ce n'est pas
une œuvre de révolutionnaire; il n'y est pas
question de bouleverser tout, de renverser tout,
d'exterminer le passé jusques et y compris les
règles de la géométrie. C'est, au contraire, le
véritable retour au naturel, dont les premiers
novateurs, emportés par la fougue de destruction
des premiers instants, avaient perdu la vision.
Considérez l'un après l'autre ces meubles, cette
armoire par exemple; l'essentiel de leurs formes
n'a rien de très-particulier; j'irai jusqu'à dire —
toujours en ne les considérant qu'en gros — que
chacun d'eux est avant tout un bon et honnête
travail de menuiserie sans prétentions. Je crois
que M de Feure m'en voudra moins que personne
de parler en ces termes de son œuvre, lui qui,
devant la très-belle armoire de son cabinet de
toilette, dont j'admirais les détails, ramenait
obstinément mon attention sur la commodité des
dispositions et le soin avec lequel la place était
aménagée pour chaque objet : on eût dit qu'il
n'attachait d'intérêt qu'à celà.
M. de Feure s'est donc en somme borné, pour
les formes d'ensemble, à choisir dans celles de
l'Empire, du Louis Philippe, de l'Angleterre et
même du salon parisien courant celles qui tradui-
sent le plus naturellement et le mieux la desti-
nation de chaque meuble. Il est probable
qu'il ne manquera pas de théoriciens pour lui
reprocher cet éclectisme; j'y vois pour ma part
une preuve de bon sens et de vues supérieures.
Il veut simplement dire que M. de Feure est
d'avis qu'il y a cent millions de manières d'arranger
les rais d'une roue, mais qu'il n'y en a qu'une
de faire une bonne roue: c'est de la faire ronde.
Donc il ne s'agit pas et ne doit pas s'agir ici
de formes nouvelles, si c'est le squelette du meuble
qu'on veut entendreparformes. Maiscesquelette,
M. de Feure lui donne une chair nouvelle; et
nouvelle dans l'acception la plus complète du mot.
G. DE FEURE FAUTEUtL DU CABINET
DE TOILETTE t: n ^ 3; tsu
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