L'ART DÉCORATIF -(5^-
A. DAMMOUSE APPUQUE EN GRÈS et
EMAUX DE GRAND FEU
verriers d'Alexandrie, et j'ai pu depuis suivre
dans les salons les efforts de M. Dammouse
vers une matière définitive dont son exposition
d'aujourd'hui proclame l'avènement. Jusqu'ici
la pâte d'émail n'avait été employée que pour
couvrir des surfaces; aujourd'hui M. Dammouse
lui donne une signification et une importance
nouvelles. Sans tenir compte de la difficulté du
problème résolu, ces vases d'une grande simpli-
cité de décoration (ainsi qu'il convient à une
matière aussi délicate et aussi ténue), sont d'un
grand charme, par leur variété de couleurs.
M. Edmond Lachenal est lui aussi en grand
progrès, et son exposition, des plus réussies,
contient toutes les variétés de l'art du céramiste,
des porcelaines, des faiences, des grès flammés,
tout cela traité avec un goût très sûr. M. Lachenal
se plait aussi à exécuter en céramique, et à
traduire très heureusement des morceaux de
sculpture parmi lesquels il convient de retenir
des œuvres modelées par M"" de la Frumerie
et M. Fix-Masseau. Mais M. Lachenal sait aussi
modeler lui même certaines de ses œuvres, et
celles-là ne sont pas les plus médiocres. L'abon-
dance d'imagination est une des qualités qui
distinguent M. Lachenal; il ne s'attache pas à
un genre unique comme la plupart de ses
confrères, mais les aborde tous, au contraire,
avec un égal succès. Actuellement, son attention
semble dirigée en bonne partie vers le décor
plastique; les vases représentés ici montrent
des exemples heureux de ses trouvailles dans
cette voie.
Les céramiques de M. O. Milet (de Sèvres)
ne portent peut-être pas toutes l'empreinte d'un
goût aussi sûr. Cependant, beaucoup de ses grès
sont loin de nous déplaire. Ces pièces se
tiennent dans une note de couleur très-sobre,
très-éteinte; la décoration se détache des fonds
à la fois par la couleur et le relief. Il y est fait
un emploi heureux de l'ajouré, qui s'y combine
souvent avec le motif décoratif d'une manière
neuve. En somme, s'il y a un choix à faire
parmi les pièces de M. Millet, certaines doivent
être comptées au nombre des œuvres dont
notre moderne céramique peut être hère.
Les grès de Revernay (faiencerie de Digoin)
sont parfois assez réussis, quoique ne présentant
pour le collectionneur de pièces rares qu'un
intérêt secondaire. Cependant le Musée de Karls-
ruhe en a acquis quelques-unes. Notons du
reste à ce sujet — et c'est une preuve
A. DAMMOUSE VASE EN GRÈS *****
EMAUX DE GRAND FEU
244
A. DAMMOUSE APPUQUE EN GRÈS et
EMAUX DE GRAND FEU
verriers d'Alexandrie, et j'ai pu depuis suivre
dans les salons les efforts de M. Dammouse
vers une matière définitive dont son exposition
d'aujourd'hui proclame l'avènement. Jusqu'ici
la pâte d'émail n'avait été employée que pour
couvrir des surfaces; aujourd'hui M. Dammouse
lui donne une signification et une importance
nouvelles. Sans tenir compte de la difficulté du
problème résolu, ces vases d'une grande simpli-
cité de décoration (ainsi qu'il convient à une
matière aussi délicate et aussi ténue), sont d'un
grand charme, par leur variété de couleurs.
M. Edmond Lachenal est lui aussi en grand
progrès, et son exposition, des plus réussies,
contient toutes les variétés de l'art du céramiste,
des porcelaines, des faiences, des grès flammés,
tout cela traité avec un goût très sûr. M. Lachenal
se plait aussi à exécuter en céramique, et à
traduire très heureusement des morceaux de
sculpture parmi lesquels il convient de retenir
des œuvres modelées par M"" de la Frumerie
et M. Fix-Masseau. Mais M. Lachenal sait aussi
modeler lui même certaines de ses œuvres, et
celles-là ne sont pas les plus médiocres. L'abon-
dance d'imagination est une des qualités qui
distinguent M. Lachenal; il ne s'attache pas à
un genre unique comme la plupart de ses
confrères, mais les aborde tous, au contraire,
avec un égal succès. Actuellement, son attention
semble dirigée en bonne partie vers le décor
plastique; les vases représentés ici montrent
des exemples heureux de ses trouvailles dans
cette voie.
Les céramiques de M. O. Milet (de Sèvres)
ne portent peut-être pas toutes l'empreinte d'un
goût aussi sûr. Cependant, beaucoup de ses grès
sont loin de nous déplaire. Ces pièces se
tiennent dans une note de couleur très-sobre,
très-éteinte; la décoration se détache des fonds
à la fois par la couleur et le relief. Il y est fait
un emploi heureux de l'ajouré, qui s'y combine
souvent avec le motif décoratif d'une manière
neuve. En somme, s'il y a un choix à faire
parmi les pièces de M. Millet, certaines doivent
être comptées au nombre des œuvres dont
notre moderne céramique peut être hère.
Les grès de Revernay (faiencerie de Digoin)
sont parfois assez réussis, quoique ne présentant
pour le collectionneur de pièces rares qu'un
intérêt secondaire. Cependant le Musée de Karls-
ruhe en a acquis quelques-unes. Notons du
reste à ce sujet — et c'est une preuve
A. DAMMOUSE VASE EN GRÈS *****
EMAUX DE GRAND FEU
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