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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 3,2.1901

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No. 31 (Avril 1901)
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Saunier, Charles: Le vitrail
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https://doi.org/10.11588/diglit.34206#0047

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AVRIL 1901

L'industrie moderne a fortement augmenté
les moyens d'interprétation dont peut disposer
1e peintre-verrier.
Néanmoinsles verres actuellement en usage
se réduisent à trois espèces bien tranchées :
Le verre antique qui n'est autre que le
verre employé par les artistes du moyen âge.
II est irrégulier d'épaisseur, bossué et, par
cela même, d'intensité inégale dans sa décora-
tion. Cette imperfection apparente est voulue :
c'est elle qui permet les vibrations colorées qui
enchantent l'œil;
2° Le verre martelé, dit anglais. Son opa-
cité relative soutient les colorations. De plus,
ses applications sont multiples dans l'habitation
privée. II laissesufhsammentpénétrerlalumière
tout en permettant d'intercepter 1e regard, par
exemple lorsqu'il s'agit de masquer 1a laideur
d'une courette, et, vice-versa, de dérober son
home aux regards indiscrets;
3° Le verre dit américain, matière opaline
d'une richesse de ton inconnue jusqu'ici. II est
irisé, marbré, nuancé et possède lapropriété de
changer de couleur selon qu'on le voit par trans-
parenceou par réflexion. II est donc dichroïque.
Louis C. Tiffany l'emploie exclusivement dans
les verrières qui iont sa renommée.
Elle date, en Europe, de 1889. Ce fut alors
un étonnement pour tous et un enchantement
pour l'élite que ces verres striés, diaprés, irisés,
dans lesquels des métaux en fusion semblaient
courir, des gemmes se fondre. Ce sont ces mêmes
produits qui ont de nouveau permis au grand
artiste américain de triompher, à l'Exposition
Universelle de 1900, avec le joli vitrail de I'A?3-
.* 1a Vierge, petite rêveuse d'opale,
est là bien blanche, douce et résignée, et cette
blancheur fait mieux ressortir 1a somptuosité de
l'ange qui apparaît fulgurant dans une gloire
colorée.
Evocation féerique qui étonne par 1e
contraste évidentdelasimplicité de 1a technique
et de !a richesse de 1a matière. Car nulle ha-
chure, nul émail ne modèle ni ne souligne 1e
décor. La matière employëe par L. C. Tiffany
se sufht à elle-même. II lui est interdit de de-
mander 1e secours des petits artihces que les
maîtres médiévaux, ces grands sincères et ces
grands consciencieux, se permettaient dans cer-
tains cas.
Mais, à cette Exposition de 1900, L. C.
I iffany n'était plus seul à employer ces verres
magiques. Les AHemands, approvisionnés par
les verreries de Bohème, avaient suivi, — on

sait avec quel succès, — et les Francais.
Ceux-ci l'ont fait avec liberté et discerne-
ment L'industrie du vitrail, chez eux, n'étaitpas
nouvelle : ils en connaissaient les lois et les exi-
gences et avaient, pour se prémunir contre


certains emballements, 1a présence des chefs-
d'œuvre laissés par les maîtres-verriers des
siècles passés.
En général, les peintres-verriers français
proscrivent le verre américain des grandes ver-
rières monumentales sujettesàun encrassement
rapide et d'un entretien difhcile, mais dans les
vitraux d'appartement, destinés à masquer des
ouvertures de moyenneproportion.ilsacceptent

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