L'ART DECORATIF
PIERRE SELMERSHEIM (EXÉCUTÉ PAR AUSSEUR)
même temps, il se prête de lui-même à l'exécution
industrielle. Pour composer cette frise, un artiste
n'est pas forcé d'emprisonner son imagination
dans des nécessités de technique ou de logique:
trois ou quatre couieurs iui sufhsent pour faire
une œuvre merveiileuse. 11 n'apas à violenter ses
instincts, à renoncer à iaisser sa fantaisie couler
à pleins bords; ii est en face d'un travail qui lui
va. Aussi, i'industriel trouve facilement i'artiste
prêt à lui composer le modèle qu'ii lui faut. On
peut en dire autant de la céramique; quelques
grandes faïenceries produisent d'ores et déjà, à
des prix tout à fait courants, des séries entières
de fort joiis. objets composës par de vrais
artistes. Le bijou est aussi dans ie même cas
jusqu'à un certain point.
11 en est autrement du meuble. Ici, ii y a
combat entre les instincts de l'artiste d'une part,
les nécessités de la production industrielle et
les convenances de ia vie d'autre part. Les
premiers sont l'antithèse des secondes. Sur
cent embellissements de la lorme, réels ou pré-
tendus, qu'inventera i'artiste, quatre-vingt-dix-
neuf ne seront exécutables qu'à un prix d'ex-
ception. Dès qu'il s'agit de meubles industriali-
sables couramment, le champ de l'imagination
est étroitement limité. C'est, en un mot, un
travaii plutôt rebutant pour i'artiste. En sorte
que i'industriel qui voudrait ëtablir une série de
bons modèles courantsde prix moyen — comme
l'ont fait plusieurs de leurs confrères dans les
industries mentionnées tout à l'heure — se heur-
terait d'abord à i'extrême difhculté de trouver
i'homme apte à les créer.
Cette digression n'était pas superflue avant
de prësenter au lecteur ies meubies reproduits
aujourd'hui dans ces pages. Ceux-ci réalisent
pius ou moins heureusement cette condition de
A. LANDRY (MODÈLE DE LA MAISON MODERNE)
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PIERRE SELMERSHEIM (EXÉCUTÉ PAR AUSSEUR)
même temps, il se prête de lui-même à l'exécution
industrielle. Pour composer cette frise, un artiste
n'est pas forcé d'emprisonner son imagination
dans des nécessités de technique ou de logique:
trois ou quatre couieurs iui sufhsent pour faire
une œuvre merveiileuse. 11 n'apas à violenter ses
instincts, à renoncer à iaisser sa fantaisie couler
à pleins bords; ii est en face d'un travail qui lui
va. Aussi, i'industriel trouve facilement i'artiste
prêt à lui composer le modèle qu'ii lui faut. On
peut en dire autant de la céramique; quelques
grandes faïenceries produisent d'ores et déjà, à
des prix tout à fait courants, des séries entières
de fort joiis. objets composës par de vrais
artistes. Le bijou est aussi dans ie même cas
jusqu'à un certain point.
11 en est autrement du meuble. Ici, ii y a
combat entre les instincts de l'artiste d'une part,
les nécessités de la production industrielle et
les convenances de ia vie d'autre part. Les
premiers sont l'antithèse des secondes. Sur
cent embellissements de la lorme, réels ou pré-
tendus, qu'inventera i'artiste, quatre-vingt-dix-
neuf ne seront exécutables qu'à un prix d'ex-
ception. Dès qu'il s'agit de meubles industriali-
sables couramment, le champ de l'imagination
est étroitement limité. C'est, en un mot, un
travaii plutôt rebutant pour i'artiste. En sorte
que i'industriel qui voudrait ëtablir une série de
bons modèles courantsde prix moyen — comme
l'ont fait plusieurs de leurs confrères dans les
industries mentionnées tout à l'heure — se heur-
terait d'abord à i'extrême difhculté de trouver
i'homme apte à les créer.
Cette digression n'était pas superflue avant
de prësenter au lecteur ies meubies reproduits
aujourd'hui dans ces pages. Ceux-ci réalisent
pius ou moins heureusement cette condition de
A. LANDRY (MODÈLE DE LA MAISON MODERNE)
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