[.'ART DECORATIF
STEINLEN (Énoch&C^éd.')
portant ]a suggestive dédicace : (( à Grwgw
CoMr/<?/w^, H7733r(7/^773g73^. — PAUL DELMET )),
voici le moulin d'Hervier, bientôt détrôné par
le Moulin-Rouge; un panorama rectangulaire
orne le titre; et la table des matières est sur-
montée de la frise des fiacres. Et, jusqu'à la Un
de l'ouvrage, c'est une perpétuelle ingéniosité
de petites notes vives, vieilles rues et vieux
murs, pittoresque du détail exact, houle des
toits noirs que domine le solennel échafaudage,
vestiges des « folies s où s'abritaient les amours
princières de jadis, ou des masures pauvres qui
n'ont guère changé depuis Georges Michel,
tristesse malingre des arbres égrati-
gnant la façade romane de Saint-
Pierre, excursion d'art et d'humour
qui redescend jusqu'au jet d'eau
de la place Pigalle... Là encore, il y
a plusieurs Montmartre à travers le
temps et l'espace; et le trait retient
ce qui bientôt ne sera plus qu'un
souvenir...
Les gens : les reconnaissez -
vous dans ces quinze lithographies
originales, librement inspirées par
autant de couplets rêveurs? Vous
les avez rencontrés entre le Moulin
de la Galette et le Moulin-Rouge;
et (d'ami Steinlen)), dit Maurice Bou-
kay dans sa préface, est (( le dessi-
nateur montmartrois par excellence )), parce
qu'il est « celui qui a le mieux senti et rendu
l'àme de Montmartre )). En effet, dans le royaume
du rêve, il transporte ce ragoût de (( couleur
locale )) qui le distinguait chez Bruant ; il est sa-
tisfait quand il a décrit ce qu'il voit : à quoi bon
les chimères, pourquoi donc inventer des formes
et des êtres ? Regardez le Afaf (f'awoMr, les
JTA? 777777*7', : ce n'est que le
réel, avec la tacite poésie du réel. L'air ne fait
pas la chanson ; et, maintes fois, le dessin se
montre plus audacieux que la musique, plus
poignant aussi; le costume débraillé de la ro-
mance est à la fois plus éloquent et plus vrai
que sa parure musicale. C'est l'idylle montmar-
troise en toute sa tristesse, car, toujours, une
mélancolie s'exhale de la page ironique et fé-
brile. Le rire et le sourire se sont attristés là-
haut, sous le ciel nuageux, au fond des ruelles
où le réverbère scintille comme une étoile exi-
lée.. Steinlen renchérit surDelmet.il ajoute à
la vague musique le cadre et le décor exacts.
Et l'observateur veut si fermement se con-
finer dans la vérité que, parfois, au lieu d'inter-
préter le rêve ou de le transposer dans la vie,
il s'amuse à crayonner les auditeurs ou les exé-
cutants contemporains de l'éternelle chanson :
voyez les le C/3(!77^ 337* /)03s, le
à W7V<M, qui sont esquissés à
l'heure de l'apéritif ; à travers le siphon se re-
flètent les ailes voisines du Moulin-Rouge : on
reste au café. Le poème en vient au fait-divers.
voM/M yMt'r : c'est le tour de valse, au Mou-
lin, dans la salle d'hiver. ^3775077 : c'est le
couplet qui gazouille sur les lèvres matinales
du «trottin )), pendant que le badigeonneur des-
cend dans le vide... Et continuons notre pèleri-
CHANSONS DE MONT,MARTRE
(Ênoch&C^éd)
6
STEINLEN (Énoch&C^éd.')
portant ]a suggestive dédicace : (( à Grwgw
CoMr/<?/w^, H7733r(7/^773g73^. — PAUL DELMET )),
voici le moulin d'Hervier, bientôt détrôné par
le Moulin-Rouge; un panorama rectangulaire
orne le titre; et la table des matières est sur-
montée de la frise des fiacres. Et, jusqu'à la Un
de l'ouvrage, c'est une perpétuelle ingéniosité
de petites notes vives, vieilles rues et vieux
murs, pittoresque du détail exact, houle des
toits noirs que domine le solennel échafaudage,
vestiges des « folies s où s'abritaient les amours
princières de jadis, ou des masures pauvres qui
n'ont guère changé depuis Georges Michel,
tristesse malingre des arbres égrati-
gnant la façade romane de Saint-
Pierre, excursion d'art et d'humour
qui redescend jusqu'au jet d'eau
de la place Pigalle... Là encore, il y
a plusieurs Montmartre à travers le
temps et l'espace; et le trait retient
ce qui bientôt ne sera plus qu'un
souvenir...
Les gens : les reconnaissez -
vous dans ces quinze lithographies
originales, librement inspirées par
autant de couplets rêveurs? Vous
les avez rencontrés entre le Moulin
de la Galette et le Moulin-Rouge;
et (d'ami Steinlen)), dit Maurice Bou-
kay dans sa préface, est (( le dessi-
nateur montmartrois par excellence )), parce
qu'il est « celui qui a le mieux senti et rendu
l'àme de Montmartre )). En effet, dans le royaume
du rêve, il transporte ce ragoût de (( couleur
locale )) qui le distinguait chez Bruant ; il est sa-
tisfait quand il a décrit ce qu'il voit : à quoi bon
les chimères, pourquoi donc inventer des formes
et des êtres ? Regardez le Afaf (f'awoMr, les
JTA? 777777*7', : ce n'est que le
réel, avec la tacite poésie du réel. L'air ne fait
pas la chanson ; et, maintes fois, le dessin se
montre plus audacieux que la musique, plus
poignant aussi; le costume débraillé de la ro-
mance est à la fois plus éloquent et plus vrai
que sa parure musicale. C'est l'idylle montmar-
troise en toute sa tristesse, car, toujours, une
mélancolie s'exhale de la page ironique et fé-
brile. Le rire et le sourire se sont attristés là-
haut, sous le ciel nuageux, au fond des ruelles
où le réverbère scintille comme une étoile exi-
lée.. Steinlen renchérit surDelmet.il ajoute à
la vague musique le cadre et le décor exacts.
Et l'observateur veut si fermement se con-
finer dans la vérité que, parfois, au lieu d'inter-
préter le rêve ou de le transposer dans la vie,
il s'amuse à crayonner les auditeurs ou les exé-
cutants contemporains de l'éternelle chanson :
voyez les le C/3(!77^ 337* /)03s, le
à W7V<M, qui sont esquissés à
l'heure de l'apéritif ; à travers le siphon se re-
flètent les ailes voisines du Moulin-Rouge : on
reste au café. Le poème en vient au fait-divers.
voM/M yMt'r : c'est le tour de valse, au Mou-
lin, dans la salle d'hiver. ^3775077 : c'est le
couplet qui gazouille sur les lèvres matinales
du «trottin )), pendant que le badigeonneur des-
cend dans le vide... Et continuons notre pèleri-
CHANSONS DE MONT,MARTRE
(Ênoch&C^éd)
6