DOI Heft:
No. 37 (Octobre 1901)
DOI Artikel:Bouyer, Raymond: La musique illustrée, 2, Steinlen
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.34268#0017
OCTOBRE 1901
nage à Montmartre en feuiHetant les
afg : assurément, la couverture litho-
graphique en deux tons est un rêve, mais un
rêve daté par le costume, la coiffure et la phy-
sionomie même (car chaque époque a sa muse),
un rêve localisé dans cette ronde lunaire de
jeunes amoureuses en jupe-cloche à la mode de
décembre 1896 et tournoyant autour du petit
dieu malicieux... La lettre et l'ornement teinté
sont de Steinlen et s'inspirent de la flore; mais,
STEINLEN CHANSONS DE MONTMARTRE
(Enoch & C'" éd.)
aussitôt, la vie reprend ses droits en quinze
planches que la poétique préface du regretté
Silvestre appelle «un passe-port graphique su-
perbe aux chansons de Paul Delmet, poussées
qu'elles sont au même tronc fantaisiste et pari-
sien...') Et, page 75, regardez la glose de la
bluette : FoMx <%?x y'o/fg / C'est un vieux couple
de loqueteux qui braillent dans une
cour lépreuse...
L'ironie, la voilà bien! Quant à
la note sensuelle, elle ménage son
accent robuste qui fait Steinlen si
personnel dans le groupe de Mont-
martre et très différent de Gottlob
à Belleville, de Rassenfosse à Bru-
xelles, à la suite de Félicien Rops,
et de Willette plus espiègle, et
d'Ibels, et du névrosé Toulouse-
Lautrec et du Louis Legrand de ce
fameux CoMrs ufuTMgySw
Toujours «nature)) et souvent brutal,
dévergondé jamais, Steinlen est en-
STEINLEN CHANSONS DE MONTMARTRE
(Ênoch & C'° éd.)
core plus Steinlen ici que dans ses paysanneries
qu'épouvanterait le (variante)
ou qu'enfièvre la <f<î77;o?;r. N'est-ce pas
ici, dans les C/MMscws yiwwMx, qu'il faut sur-
prendre l'idéal féminin de Steinlen et ce que
j'appellerai trop ambitieusement sa philosophie?
— Philosophie en tous cas fort inconsciente,
car l'amant de la forme ne pense qu'avec son
crayon. Son idéal? L'apprentie qui passe, l'ou-
vrière qui lit en marchant la à TVwcw, la
bouquetière, la Muse de Montmartre, blonde,
courageuse et saine, que le musicien Charpen-
tier couronne. Point d'élégances maladives ni
de perversités aristocratiques ! En cette galerie
de femmes contemporaines vues par nos pein-
tres, c'est la travailleuse, la servante, les vraies
STEINLEN
(Énoch & C's éd.)
CHANSONS DE MONTMARTRE
7
nage à Montmartre en feuiHetant les
afg : assurément, la couverture litho-
graphique en deux tons est un rêve, mais un
rêve daté par le costume, la coiffure et la phy-
sionomie même (car chaque époque a sa muse),
un rêve localisé dans cette ronde lunaire de
jeunes amoureuses en jupe-cloche à la mode de
décembre 1896 et tournoyant autour du petit
dieu malicieux... La lettre et l'ornement teinté
sont de Steinlen et s'inspirent de la flore; mais,
STEINLEN CHANSONS DE MONTMARTRE
(Enoch & C'" éd.)
aussitôt, la vie reprend ses droits en quinze
planches que la poétique préface du regretté
Silvestre appelle «un passe-port graphique su-
perbe aux chansons de Paul Delmet, poussées
qu'elles sont au même tronc fantaisiste et pari-
sien...') Et, page 75, regardez la glose de la
bluette : FoMx <%?x y'o/fg / C'est un vieux couple
de loqueteux qui braillent dans une
cour lépreuse...
L'ironie, la voilà bien! Quant à
la note sensuelle, elle ménage son
accent robuste qui fait Steinlen si
personnel dans le groupe de Mont-
martre et très différent de Gottlob
à Belleville, de Rassenfosse à Bru-
xelles, à la suite de Félicien Rops,
et de Willette plus espiègle, et
d'Ibels, et du névrosé Toulouse-
Lautrec et du Louis Legrand de ce
fameux CoMrs ufuTMgySw
Toujours «nature)) et souvent brutal,
dévergondé jamais, Steinlen est en-
STEINLEN CHANSONS DE MONTMARTRE
(Ênoch & C'° éd.)
core plus Steinlen ici que dans ses paysanneries
qu'épouvanterait le (variante)
ou qu'enfièvre la <f<î77;o?;r. N'est-ce pas
ici, dans les C/MMscws yiwwMx, qu'il faut sur-
prendre l'idéal féminin de Steinlen et ce que
j'appellerai trop ambitieusement sa philosophie?
— Philosophie en tous cas fort inconsciente,
car l'amant de la forme ne pense qu'avec son
crayon. Son idéal? L'apprentie qui passe, l'ou-
vrière qui lit en marchant la à TVwcw, la
bouquetière, la Muse de Montmartre, blonde,
courageuse et saine, que le musicien Charpen-
tier couronne. Point d'élégances maladives ni
de perversités aristocratiques ! En cette galerie
de femmes contemporaines vues par nos pein-
tres, c'est la travailleuse, la servante, les vraies
STEINLEN
(Énoch & C's éd.)
CHANSONS DE MONTMARTRE
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